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La vie, la ville | L’ancien Théâtre Cartier va renaître

Notre journaliste parcourt le Grand Montréal pour parler des gens, des événements ou des lieux qui font battre le cœur de son quartier.


Publié à 1h17

Mis à jour à 6h00

C’est un ancien cinéma et théâtre d’une grande valeur historique dont parle Gabrielle Roy dans son roman Le bonheur d’occasion. Lors de son ouverture en 1929, sa directrice artistique n’était autre que Rose Ouellette, la célèbre Poune.

Inoccupé depuis une dizaine d’années, le Théâtre Cartier aura un nouveau propriétaire, la Fondation Fabienne Colas, et il pourra à nouveau accueillir du public rue Notre-Dame Ouest, dans le quartier Saint-Henri.

Lorsque Fabienne Colas a effectué une première visite sur les lieux avec son courtier immobilier en début d’année, elle a été agréablement surprise. Avant de franchir la porte, elle craignait pour l’état des lieux, car elle avait le souvenir assez triste d’une visite dans un autre cinéma abandonné, L’Empress, rue Sherbrooke dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. «C’était décourageant et même dangereux. L’Impératrice était en ruine”, se souvient la productrice, actrice et entrepreneure.

Le Théâtre Cartier et l’Impératrice sont deux anciens cinémas de style palais décorés par Emmanuel Briffa. Ce dernier a embelli plus de 150 cinémas en Amérique du Nord, dont plusieurs à Montréal : le Rialto, le Théâtre Outremont, le Cinéma Château, le Théâtre Granada (maintenant le Théâtre Denise-Pelletier), le Corona, etc. ⁠1.

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PHOTO FOURNIE PAR LA FONDATION FABIENNE COLAS

Le Théâtre Cartier en 1964

Sur le site d’Héritage Montréal, on apprend que le Théâtre Cartier a servi d’entrepôt avant de devenir une salle de danse pour adolescents et une discothèque.

Pendant environ 30 ans, il a été loué par le Collège Dawson pour son programme d’arts de la scène, mais depuis 2010, il est vacant.

En 2023, le Cinéma Public – qui occupe temporairement Casa Italia – avait présenté une promesse d’offre d’achat qui avait été acceptée par l’ancien propriétaire, mais l’inspection a constaté des coûts de rénovation trop élevés pour l’organisation à but non lucratif.

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Fabienne Colas à l’intérieur du vieux Théâtre Cartier

Le futur Théâtre Colas

De son côté, Fabienne Colas espère que le Théâtre, qui portera son nom de famille, pourra ouvrir ses portes en mai 2027. Elle doit se rendre chez le notaire pour conclure l’achat de l’immeuble (en vente – avant négociations – au prix de 2,5 millions de dollars). Elle préfère toutefois rester discrète sur le coût des gros travaux à venir.

Il s’agit de réduire la salle principale à 500 places, de créer une autre salle et une galerie à l’étage, ainsi qu’un cabaret au sous-sol. Au total, 1 200 personnes pourraient utiliser simultanément les installations multifonctionnelles. Fabienne Colas parle de projections de films, de conférences, d’arts visuels, de festivals, d’espaces de travail partagés… « Je veux des lieux où vivre à tout moment », résume-t-elle.

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le Théâtre Cartier subira d’importants travaux pour devenir le Théâtre Colas.

Kim Pham, du cabinet NEUF, sera le principal architecte du projet. Le bâtiment est classé « d’intérêt patrimonial », seule la façade – en bon état – doit donc être conservée.

« Actuellement, aucun emplacement [destiné] “La diffusion du cinéma n’existe pas dans le Sud-Ouest”, fait valoir la Fondation Colas dans son document de présentation, alors qu’avant l’arrivée de la télévision, il y en avait près d’une vingtaine, qu’il s’agisse du Théâtre Century de Ville-Émard ou du Vogue. Théâtre à Pointe-Saint-Charles.

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Fabienne Colas avec Réal Barnabé, vice-président du conseil d’administration de la Fondation Fabienne Colas

Réal Barnabé, co-fondateur de la Fondation Colas et vice-président de son conseil d’administration, vante la force de Fabienne Colas à réaliser des rêves, qualifiés d’« irréalistes » par certains. « Fabienne, il suffit d’ouvrir une porte pour qu’un projet aboutisse », estime l’ancien président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

Le principal intéressé affirme que son projet d’acquérir une salle s’inscrit dans la continuité de ses actions.

Mon objectif a toujours été de créer des plateformes pour donner une voix et une vitrine à des artistes que l’on ne voit pas.

Fabienne Colas

La Fondation Fabienne Colas est derrière Haïti en Folie et le Festival international du film black de Montréal, qui a des antennes à Toronto et Halifax, entre autres, mais aussi au Salvador. « Chaque année, nous avons du mal à trouver des salles de diffusion », souligne Réal Barnabé.

«Renouer avec l’histoire»

La Poune fut la première femme en Amérique du Nord à avoir dirigé deux théâtres, le Cartier puis le National. Fabienne Colas vante de son côté le fait qu’elle serait « la première femme noire issue de l’immigration » à acquérir une salle de diffusion majeure à Montréal. «Cela reflète l’évolution de Montréal et de sa démographie», soutient-elle.

On peut néanmoins rappeler qu’Oscar Peterson et Oliver Jones ont grandi à Saint-Henri alors que le quartier voisin de la Petite-Bourgogne était un haut lieu de l’histoire du jazz à Montréal, autrefois surnommé le « Harlem du Nord ».

Fabienne Colas et son équipe espèrent que le Théâtre Colas pourra présenter dans le Sud-Ouest une programmation art et essai et cinéma québécois similaire à celle offerte au Cinéma Beaubien, par exemple.

Des représentants de l’industrie du cinéma soutiennent déjà son projet de salle de distribution indépendante, dont le distributeur Louis Dussault, de K-Films America.

Visitez le site Web du projet

1. Lisez notre série sur les cinémas anciens

 
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