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Pour les 45 ans du JAM, à Montpellier, Youn Sun Nah et Bojan Z ont livré une prestation exceptionnelle !

Dans le cadre de la saison anniversaire, JAM, école et salle mythique de jazz à Montpellier, a accueilli samedi la chanteuse coréenne Youn Sun Nah. Elle a donné en duo avec le pianiste Bojan Z un concert d’une grande beauté, à la fois éblouissant et émouvant.

En quarante-cinq ans, le JAM, Jazz Action Montpellier, salle de jazz, autant salle qu’école, en a vu de belles et en a accueilli de plus belles encore. Depuis ses locaux du quartier des abattoirs, qui ne s’appelait pas encore Beaux-arts, jusqu’à l’ancienne grange des Très-d’Arènes qu’il occupe toujours, le JAM a donné près de 4 000 concerts, accueillant 20 000 artistes, 10 000 étudiants amateurs et professionnels. musiciens, et reçu combien de centaines de milliers de spectateurs. Ce samedi, sur scène, ils n’étaient que deux (mais quels deux !) et très, très nombreux, dans la salle pour les voir, oui, eux : Youn Sun Nah et Bojan Z. Ce samedi, le JAM a fêté ses 45 ans. . Il était beau et c’était magnifique.

Bien sûr, il y a eu des discours, légitimes, investis, émerveillés, du président de la JAM, Jean-François Fontana et du maire et président de la Métropole de Montpellier Michaël Delafosse, mais c’est celui de Youn Sun Nah, marraine de la saison, et reine de la soirée, qui a sans doute le plus touché car il a applaudi et validé, de l’extérieur, de l’expérience de vingt ans à travers le monde, ses scènes, ses écoles, les engagements des uns et des autres à l’intérieur :

Mais assez de discours, place à la musique ! A la veille de leur concert à l’Union Chapel de Londres, Youn Sun Nah et Bojan Z ont offert à Montpellier, s’il vous plaît, la première automnale de leur association au répertoire du dernier album de la chanteuse, « Elles », dans lequel elle reprend des chansons rendues célèbres. par des artistes féminines qu’elle admire, qu’elles viennent du jazz, de la chanson, de la soul ou du rock. L’enregistrement est génial, le concert exceptionnel, qui conserve le meilleur du premier mais le transcende par sa spontanéité, sa générosité, sa créativité et sa liberté…

Sur certaines chansons comme Se sentir bien (Nina Simone), Cocon (Björk) oh Ma drôle de Valentine (Ella Fitzgerald), l’accent est mis sur la pureté du timbre de la chanteuse coréenne à la blondeur spectaculaire : il est alors, comme le tapis des palais du paradis, si profond qu’on ne marche pas dessus mais à l’intérieur, il donne nous enveloppe, nous apaise, nous cajole, comme une couverture d’émotion pure cousue de grâce. Dans ces morceaux, au piano à queue ou au Fender Rhodes, Bojan Z devient un parfum mélodique, un parfum de notes, une ambiance palpitante. Sur Me tuant doucement avec sa chanson (Roberta Flack) (nous avons trouvé pour vous une ancienne version, ci-dessous, proche de celle donnée samedi)il disparaît complètement et Youn Sun Nah est juste accompagnée du componium, un petit métallophone mécanique qu’elle actionne avec le sourire. Avec le même résultat : nous sommes bons.

Sur d’autres titres, comme J’ai déjà vu ce visage (Libertango) (Grace Jones), Lapin blanc (Grace Slick) ou Couteau chaud (Fiona Apple), naturellement plus énergique, l’interprétation devient plus dynamique, proactive. On savoure alors les incroyables acrobaties vocales dont Youn Sun Nah est capable, qui ne semblent jamais démonstratives, juste opportunes bien que, encore une fois, impossibles, comme les brillantes extravagances de Bojan Z qui alterne entre claviers acoustiques et électriques, sample ses rythmes et transforme ses piano dans un kit de percussions géant.

Le plaisir est encore amplifié par la complicité évidente entre ces deux artistes majeurs, que l’on voit laisser de la place à leurs improvisations respectives, se poussant gentiment à les poursuivre lorsqu’elles se révèlent objectivement sensationnelles, tous deux souriants de l’éclat de l’autre, mais aussi, nous sommes convaincus de la beauté supérieure que produit leur association. Bref, ils sont ici, là, d’un seul coup, au 45ème anniversaire de JAM qu’ils honorent d’un bain concert !

On pourrait bien sûr souligner le geste généreusement francophile de la reprise du La foule de Piaf ou pour dernier rappel la libération lycanthropique sur Jockey plein de Bourbon de Tom Waits, mais la beauté perdue, la merveille absolue, la chute mortelle se situait quelque part entre les deux : Juste parfoisde Norma Winstone, que Youn Sun Nah présente comme sa chanteuse préférée.

Un chagrin d’amour, une mélancolie pour un amour perdu, une sublime plainte de manque et de mémoire. Elle ne le chante pas, elle l’interprète avec une infinie délicatesse, avec la profondeur de son expérience du jazz, de l’amour, de la vie, au point qu’elle est à quelques cils de fondre en larmes sur le dernier.Tu me manques”. Pour nous, c’est trop tard : on est foutus, on se plaint. Les anniversaires, que d’émotions !

 
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