Habitant les hauteurs du Roannais, Alma Cortès publie son premier roman, et invite le lecteur à comprendre comment les éléments et les choix de vie influencent ce que nous devenons.
UNlma Cortès n’était sans doute pas destinée à devenir auteur, mot qu’elle a encore un peu de mal à décrire elle-même, et qu’elle refuse d’écrire au féminin, preuve d’un très bon caractère. trempé.
Si elle a choisi de signer sa première œuvre sous un pseudonyme pour préserver son anonymat, elle a en revanche toujours eu depuis son plus jeune âge la conviction d’avoir des choses à dire et à transmettre, ainsi que l’ardente envie d’être édité. Non pas pour commercialiser son travail, mais comme le défi d’écrire un livre comme un objet concret. C’est chose faite à 45 ans, avec la sortie de Spectresson premier roman publié en juin aux Editions Vérone, maison d’édition participative.
La transposition d’une vie faite d’épreuves et de changements
Un livre qu’Alma Cortès a mis plusieurs années à écrire, au rythme de ses inspirations, mais aussi de ses contraintes de vie. Car si elle s’est longtemps demandé quoi écrire, il s’agit bien d’un roman autobiographique qu’il s’agit, avec la transposition sur papier d’une vie faite d’épreuves et de changements. Une vie qui peut paraître tourmentée au premier abord, mais finalement tellement semblable à celle de beaucoup, avec des hauts et des bas. Une vie de rencontres avec des personnes, des lieux, des animaux, des émotions et les répercussions que cela entraîne. Autant de fantômes, heureux ou non, de son passé qu’Alma Cortès a souhaité partager, comme témoignages de sa vie et de ses sentiments, et dans lesquels chacun pourra peut-être se retrouver.
Elle, qui a beaucoup bougé pour suivre ses parents dans son enfance, a conservé cette nécessité absolue de ne pas s’attarder au même endroit. Elle revendique aussi une misanthropie assumée et un désintérêt pour l’humanité, qui justifient son besoin permanent d’aller ailleurs voir d’autres visages.
Son livre Spectres est la retranscription de tous ces lieux de vie qu’elle a connus. C’est une succession de lieux et de personnages qui entrent dans la vie du narrateur, de l’auteur, et qui constituent autant d’hommages ou de rappels et de souvenirs, bons ou non. Premier paradoxe : Alma Cortès se prétend autosuffisante et méprise les interactions sociales, mais est profondément marquée par les personnes qu’elle a rencontrées. On découvre alors la construction d’une personnalité complexe, peut-être un peu torturée, tout en suivant le chemin pour y arriver. Car si Alma Cortès est bien un pseudonyme, les 24 « ailleurs » qui ponctuent le livre comme autant de chapitres sont bien sa vie.
Plume talentueuse
Un livre complexe et déchiré, à l’image de son auteur. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle attend des retours des lecteurs, elle répond dans toute sa misanthropie qu’elle ne se soucie pas de l’opinion des gens. Plus de bravade, quand on sait que le livre regorge de 242 pages d’histoires, autant d’histoires dont on ressent le besoin absolu de raconter à tout le monde, et qui ne manquent pas d’intérêt. La curiosité du lecteur sera piquée, peut-être par le voyeurisme, mais aussi, il faut l’avouer, par une plume talentueuse et un style efficace. Spectres est à l’image de son auteur : un paradoxe complet, un peu théâtral mais touchant. Promu sans conviction, il n’en reste pas moins un petit ovni littéraire, disponible dans toutes les librairies sur simple demande.
Soignant et « renoncement à soi »
Dans Fantômes, Alma Cortès parle avec franchise et sans tabous de son compagnon, qui souffre d’un trouble de la personnalité « état limite » (terme psychiatrique désignant une personnalité qui se caractérise par une tendance constante à l’instabilité et à l’hypersensibilité.). Elle raconte également sa décennie d’expérience en tant qu’infirmière auxiliaire en Ehpad, à travers des descriptions de situations réelles qui dressent un portrait peu flatteur du monde de la prise en charge des personnes dépendantes.
Un monde bienveillant qu’elle a renié, après avoir tenté de devenir infirmière pour le changer. Deuxième paradoxe. Fantômes traite donc aussi de l’inconfort de la vie d’aidant et de ses désillusions, de la fatigue psychologique et physique qu’elle provoque. « Je pensais que devenir infirmière, peut-être manager, me permettrait de changer les choses, de casser les idées des théoriciens. C’était une tromperie. Aujourd’hui, je sais que je ne veux plus aider. « Se soucier vous consume, c’est aussi un renoncement à soi, il faut se mettre de côté et se mettre de côté », estime-t-elle.
Rémy Rondelet
Pratique. Fantômes, 19 €. Éditions Vérone.
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