News Day FR

“Joker – Folie à deux”: a musical tragedy

Surtout connu pour une trilogie à l’humour cru et un peu conneries – « Very Bad Trip » 1, 2 et 3 – le réalisateur Todd Phillips a surpris son monde en 2019 avec « Joker ». Ce film a emprunté aux comics DC et aux films de super-héros un certain nombre de lieux et de personnages – Gotham, la famille Wayne et le concept du Joker, certes – tout en l’inscrivant dans un réalisme scorsésien (on y a décelé une bonne dose de « Taxi Driver » et même un soupçon de « Puppet Waltz »).

Joaquin Phoenix a épaté en incarnant un certain Arthur Fleck, une variante désespérée du Joker : un homme pauvre, déclassé, déséquilibré, malmené par la vie, obligé de se déguiser en clown pour faire la publicité d’un magasin minable de Gotham. Contexte : La future ville de Batman est au bord d’une explosion sociale, en proie à la criminalité, à l’ultralibéralisme, à l’égoïsme et à la corruption des riches. D’humiliation en humiliation, le chemin du Joker devient sanglant.

Dans “Joker – Folie à deux”, en salles depuis mercredi 2 octobre, on retrouve Fleck là où on l’a laissé : en prison, en attente de son procès pour une grosse poignée de meurtres qui lui ont valu une popularité malsaine. Complètement maîtrisé, Arthur Fleck laisse le Joker dans le vestiaire de sa folie. Au détour d’un couloir lugubre il croise un certain Lee Quinzel (apparemment la future Harley Quinn) à qui Lady Gaga donne sa présence. L’amour surgit, d’autres choses aussi. Attention, ils vont chanter.

Pour être honnête, à l’époque on ne savait pas trop comment apprécier « Joker » en premier du nom. Ce qui avait semblé être une prétention vaine et autoritaire nous avait tellement agacé que nous n’avions pas l’impression que le film était en avance sur son temps. Une seconde vision a remis notre horloge à l’heure.

D’ailleurs, et c’est tant mieux, “Joker – Folie à deux” abandonne le côté “Petit Scorsese illustré” pour s’orienter vers quelque chose de plus musical : Arthur rencontre Lee dans une chorale, leur romance est propice à un imaginaire chanté. , le procès aussi. Mais dire que le film est devenu une comédie musicale serait faux. « Folie à deux », c’est aussi musical comme peut l’être « Emilia Perez » de Jacques Audiard. Il y a certes des parties chantées, voire un peu chorégraphiées, mais sans l’ultra sophistication, la légèreté ou les sous-entendus mutins des glorieuses productions d’antan. Non, Todd Phillips a commencé avec un réalisme tragique et il y reste.

Sa mise en scène est soignée, mais sans chichi, tout comme sa direction d’acteurs. Les performances remarquables de Joaquin Phoenix, Lady Gaga, Catherine Keener et Brendan Gleeson (en tant que gardien) l’aident beaucoup. Aurait-on aimé « Folie à deux » un peu plus courte ? Certainement. Aurait-on aimé que Todd Phillips inscrive un peu plus son film dans l’univers DC ? Le laisser sortir plus rapidement de prison et du tribunal ? Aussi.

On ne peut cependant pas reprocher au réalisateur d’être prévisible. Le résultat qu’il a choisi nous a surpris. Satisfait? Peut-être pas. Nous y réfléchissons encore.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :