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Mafalda, l’héroïne irrévérencieuse de bande dessinée argentine, fête ses 60 ans

Il a été traduit dans plus de trente langues, a sa statue dans plusieurs pays et continue d’interroger un monde dysfonctionnel : Mafalda, la petite héroïne argentine de bande dessinée, fête ses 60 ans. Une série animée sur Netflix et une exposition itinérante immersive lui sont consacrées.

« Arrêtez le monde, je veux m’en aller ! », « Le gouvernement a plafonné les prix des denrées alimentaires de base. Dans quelle mesure cela a-t-il bouleversé le bon sens ? La répartie, mi-ingénue, mi-rebelle, de la petite brune de 5-6 ans avec un noeud dans les cheveux, est, pour certains, entrée dans le langage courant.

Les questions de Mafalda, tour à tour franches ou incisives, ses critiques de la société, de la politique, des inégalités, des guerres – et des soupes de maman ! – a parlé dans les années 60 et 70 des doutes et des aspirations de la classe moyenne argentine à plus de progrès et de justice. Et bientôt à travers le monde et les générations.

Un discours toujours d’actualité

« Le discours de Mafalda est plus que jamais d’actualité. Son monde est brisé, blessé. Elle nous parle, plus de quarante ans à l’avance, de ce qui arrive aujourd’hui à la planète”, a déclaré à l’AFP la créatrice Maïtena, célèbre en Argentine et internationalement pour sa série “Les déjantées”, lors d’un week-end d’hommages à Mafalda à Buenos Aires, centrée autour d’une place à son nom.

Car à 60 ans et bien qu’orpheline depuis quatre ans de son « papa » Quino, décédé en 2020 à l’âge de 88 ans, Mafalda n’a pas fini de voyager et de raconter ses histoires, sous diverses formes.

En statues, en séries, en immersion

“Cette petite fille qui prônait la paix, insoumise, contestataire, est un peu un symbole de ma génération”, explique à l’AFP Pablo Irrgang, sculpteur officiel de Mafalda, qui a inauguré ce week-end une statue de la petite fille à Santiago du Chili. Une dizaine existe déjà à Buenos Aires, Lima, Barcelone et Caracas notamment. D’autres sont prévus au Mexique, à Sao Paulo ou à Madrid. Le rêve de Pablo Irrgang, qui dit en avoir parlé à plusieurs reprises avec Quino, est d’apporter une statue de Mafalda à l’ONU. « Dans ses aventures, elle disait qu’elle aimerait être interprète aux Nations Unies, pouvoir modifier les discours des orateurs afin de faire avancer la paix », raconte-t-il.

Juan José Campanella, réalisateur argentin oscarisé en 2009 pour « Dans ses yeux », prépare une série d’animation pour Netflix sous forme d’épisodes de 20-30 minutes, avec le défi de transposer en « dynamique » la répartie de la brune. généralement contenu dans trois ou quatre boîtes. Et dans l’environnement mondial d’aujourd’hui.

Un autre projet en cours est une « Mafalda immersive », où l’on peut pénétrer dans le monde de Mafalda : son appartement, ses parents, ses amis, ses soupes, grâce à la réalité augmentée et aux hologrammes notamment. L’exposition multisensorielle et itinérante devrait être lancée début 2026 à Buenos Aires, avant de parcourir le monde, a expliqué à l’AFP Damian Kirzner, directeur du producteur New Sock.

Une héroïne qui aurait disparu sous la dictature

Mafalda a été publiée pour la première fois en septembre 1964 par Joaquín Salvador Lavado, connu sous le nom de « Quino ». Il avait initialement conçu le personnage d’une publicité d’électroménager qui n’a jamais vu le jour. Il l’a rangé dans un tiroir jusqu’au jour où un hebdomadaire, Primera Plana, lui a demandé s’il avait quelque chose pour eux.

L’impact durable de Mafalda – sorte de cousine, mais un peu plus « politique », du héros américain de bande dessinée Charlie Brown, dont Quino dit s’être inspiré – est d’autant plus spectaculaire qu’il ne l’a dessinée que quelques années, de 1964 à 1973, avant de passer à autre chose. Il vécut ensuite en exil en Italie, pendant la sanglante dictature argentine (1976-1983).

Méditant à la fin des années 1980 sur ce que serait devenue Mafalda, Quino estimait également qu’« elle n’aurait jamais atteint l’âge adulte ». Elle aurait fait partie des 30 000 morts et disparus » sous la dictature.

En 2014, Quino, décoré à Paris de la Légion d’honneur – peu après son personnage lui-même – expliquait qu’aujourd’hui comme hier, Mafalda, si elle parlait encore, combattrait « avant toute bêtise humaine ».

ats/ms

 
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