« A quoi ça sert de regarder la série ? Dynastie à la télévision alors qu’on a la chance d’avoir une souveraine qui porte un diadème, un collier de rubis avec des boucles d’oreilles assorties et une merveilleuse robe du soir rose pâle qui scintille ?”, s’exclamait en octobre 1986 un lecteur de Message du soir de Kent. « Les images de la reine en Chine sont tellement rafraîchissantes ! Quel merveilleux ambassadeur pour la Grande-Bretagne !
La visite d’État d’Elizabeth II en République populaire de Chine – du 12 au 18 octobre 1986 – est un événement historique. C’est la première fois qu’un souverain britannique se rend à Pékin. Le 14 octobre, la reine et le prince Philip parcourent la Grande Muraille de Chine. Elizabeth II a choisi un costume violet impérial – un clin d’œil malin – dessiné par Kenneth Fleetwood, assistant puis directeur artistique de Hardy Amies, ainsi qu’un chapeau du modiste Frederick Fox.
Mais une visite d’État n’en serait pas vraiment une sans le traditionnel banquet offert dans le pays hôte. Les Chinois ont fait des choses en grand. Pas moins d’une dizaine de plats se succèdent avec, au menu, concombres de mer et ailerons de requin, des plats raffinés réservés à une élite. Sa Majesté est unanime sur sa « merveilleuse robe du soir », pour reprendre les mots de son admirateur Message du soir de Kent.
C’est l’œuvre de Ian Thomas, ancien bras droit de Norman Hartnell. Conscient des enjeux diplomatiques, le créateur a cherché à rendre hommage à la culture chinoise à travers le langage des fleurs. Le processus est aussi vieux que le temps – ou plutôt aussi vieux que la Maison de Windsor – mais il fonctionne à chaque fois. Il ne reste plus qu’à choisir une fleur emblématique… dans un pays qui en compte tant !
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Parmi les plus appréciées, la fleur de lotus, symbole de paix et d’harmonie, inspire depuis longtemps les poètes. Mais peut-être s’agit-il en fait d’un cliché trop connu, omniprésent, un véritable cliché bon marché de l’Asie ? Elle laisse en tout cas de marbre le créateur britannique. La fleur de prunier pourrait faire l’affaire. C’est un gage de pudeur car il apparaît à la fin de l’hiver et disparaît lorsque les autres fleurissent… Malheureusement, depuis Mao Zedong, on l’associe aux martyrs de la révolution. Trop politique.
Le chrysanthème est apprécié en Chine mais est associé depuis des siècles aux empereurs du Japon. Le narcisse, fleur porte-bonheur de ce côté du globe, n’a pas bonne presse en Europe. Quant à la rose de Chine, aussi belle soit-elle, elle est surtout connue pour ses vertus médicinales : elle soulage les femmes des douleurs menstruelles… Aucun commentaire. Le salut viendra finalement de la pivoine, reine des fleurs, qui apporte richesse et prospérité aux Chinois, et de Sa Majesté, brodée sur une robe, belle réussite en estime.
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