la famille, un horizon indépassable

Après Blain et Jancovici, auteurs du best-seller « Le monde sans fin » sur les enjeux énergétiques et climatiques, c’est au tour de Terror Graphique et Emmanuel Todd de livrer une bande dessinée collaborative avec « Il était une fois dans la famille », sous-titré « Systèmes familiaux et idéologie ».

L’alliance entre le concepteur de « Libération » et l’essayiste peut surprendre. Le second vient de publier un ouvrage très controversé, « La défaite de l’Occident », dans lequel transparaissent ses opinions favorables à l’égard de la Russie de Poutine, tandis que le premier, plus assimilé à la gauche, semble assez éloigné de ce type de positionnement.

Mais leur bande dessinée n’aborde en rien ces questions controversées et se concentre sur les modèles familiaux, matrices, selon Todd, de l’organisation des sociétés. Le prétexte du livre est l’incertitude de la Terreur Graphique face à ses enfants. Doit-il leur accorder un traitement égal pendant que sa fille fête son anniversaire ? Le fils aura-t-il également droit au cours de poney nain ? Pour répondre à ces épineuses questions parentales, le dessinateur s’adresse à Emmanuel Todd, dépeint comme un écuyer plutôt inquiétant et assez mégalomane.

Voyage spatiotemporel

S’ensuit un voyage spatio-temporel au sein de familles nucléaires, communautaires et ethniques, toutes diversement traversées par les deux axes liberté-autorité et égalité-inégalité. Ainsi, il serait issu de la famille nucléaire absolue de l’Angleterre, motivée avec la même ardeur par la liberté que par l’inégalité, le système de libéralisme économique d’aujourd’hui, sans avoir à passer par la case explicative de Margaret Thatcher. On voit où la famille communautaire russe, égalitaire et autoritaire, nous mènera…

Pauvre Terreur Graphique, soumise à chaque fois à tous les déboires familiaux imaginables, notamment à des variantes d’héritage, parfois cruelles… S’il est intéressant de penser les systèmes familiaux historiques, les généralités qu’induit Todd ne semblent pas toujours provenir de la causalité qui le penseur s’éveille, mais d’une simple contingence ou d’une corrélation.

Quoi qu’il en soit, “Il était une fois dans la famille”, sans s’élever au niveau de Sergio Leone, se savoure surtout grâce à l’humour niais et bienveillant de Terror Graphique qui souligne parfois avec une candeur malicieuse les prétentions intellectuelles de son compagnon de voyage.

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