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Rencontre exceptionnelle avec le sculpteur Jean-Michel Othoniel actuellement exposé à Montauban

l’essentiel
Le sculpteur de renommée mondiale Jean-Michel Othoniel a animé une conférence autour de l’exposition « Sur les ruines du Prince Noir », actuellement en cours au musée Ingres-Bourdelle (MIB), à Montauban.

Parler de soi pendant près de 2 heures sans jamais être pompeux ou vaniteux est déjà une réussite monumentale. Ce jeudi, 60 personnes ont assisté à une conférence de Jean-Michel Othoniel, sculpteur français exposé au Musée Ingres-Bourdelle (MIB)*. Depuis début juillet, l’artiste qui brille internationalement par ses installations oniriques de perles et de briques de verre investit la superbe mais sombre Salle du Prince Noir, dernier vestige architectural de la guerre de Cent Ans. « C’est un endroit très inspirant mais compliqué, pas seulement techniquement. C’est plus dans son énergie. Quand j’ai vu ce banc de torture, ces tombes, cette humidité, je me suis demandé si c’était un endroit pour moi. Cela allait à l’encontre de l’émerveillement et de l’espoir que j’aime transmettre. Mais comme on dit au rugby, il faut transformer l’essai», sourit Jean-Michel Othoniel devant un public conquis.

Jean-Michel Othoniel expose partout dans le monde.
DDM – MANUEL MASSIP

Le public était nombreux ce jeudi pour assister à la conférence qui s’est tenue dans la chapelle du MIB.
DDM – MANUEL MASSIP

La grande majorité le connaît, d’autres mettent un visage sur des œuvres rencontrées dans l’espace public. Dans ce registre, le premier est bien sûr Le Kiosque des noctambules, dont la conception a débuté en 1996 à la Villa Médicis à Rome. Cette commande de la RATP pour célébrer les 100 ans du métro a été installée, en 2000, à la station de métro Palais Royal – Musée du Louvre, tout un symbole. Cette coupole en perles de verre, matériau de prédilection du sculpteur, n’a pas changé. « Quand les gens me voient, certains me demandent si je suis le fils du sculpteur », s’amuse ce petit mais grand homme qui n’a pas l’air d’avoir 60 ans. A croire que la passion préserve. Car depuis qu’il a été repéré par un galeriste alors qu’il était encore étudiant aux Beaux-Arts de Paris, le Stéphanois n’a plus jamais touché terre.

« Une belle opportunité pour Montauban »

Palais de Cristal à la Fondation Cartier en 2003, Contrepoint au Louvre en 2004, À ma manière au centre Pompidou en 2011, Les belles dames à Versailles en 2015, Le Trésor de la Cathédrale d’Angoulême en 2016 ou Le théorème de Narcisse au Petit Palais en 2021 : Jean-Michel Othoniel a remporté les plus belles commandes publiques de ces 25 dernières années. Et ces œuvres ont fait le tour du monde, de Séoul à Tokyo en passant par New York ou Tampere (Finlande) et bientôt la Chine ou le Brésil. Toujours, ou presque, en déroulant un fil conducteur : celui du verre. Qu’elle soit de Baccarat, de Murano ou produite en Inde, « cette matière de métamorphose », dit-il, a conditionné son rapport au merveilleux. Et peu à peu, les nœuds ont laissé la place à des perles et des briques, comme pour La grande vagueen 2015, au musée contemporain de Saint-Étienne. 25 tonnes, 6 mètres de haut et 15 de long, « la folie ». Un peu comme ici.

Au total, 4 000 blocs de verre soufflés en Inde ont été nécessaires.
DDM – MANUEL MASSIP

Pour le MIB, il a fallu 5 semi-remorques pour 4 000 briques de verre soufflées en Inde qu’il a d’abord visualisées en réalité virtuelle, une première pour l’artiste, avant de déployer une logistique XXL. « Ces proportions sont calibrées au centimètre près notamment pour avoir cette étrange forêt au premier plan. C’est comme les fumerolles, les ectoplasmes [qu’on appelle yardangs, ces crêtes rocheuses dans le désert] avec, au centre, ce cœur rouge en cristal de Baccarat, comme une lueur dans les braises », commente le sculpteur qui a ainsi recréé le rubis qui orne aujourd’hui la couronne d’Angleterre. Et qui avait été acquis par un certain Edward de Woodstock, également connu sous le nom de Prince Noir.

« Nous avons travaillé comme des architectes mais il y a aussi un côté théâtral dans la démarche. Merci Florence de m’avoir permis de faire ça. » A ses côtés, le conservateur du MIB est aux anges. « C’est une belle opportunité pour Montauban, estime Florence Viguier.

Mais comme se demande ce visiteur, n’est-il pas frustrant de créer une telle œuvre et de la rendre éphémère ? « Cela reste un moment unique qui existe dans la mémoire », répond Jean-Michel Othoniel. Beaucoup de projets sont nés de cette exposition mais selon moi, celle-ci est liée à cette salle, à ces voûtes. »

* « Sur les ruines du Prince Noir » est visible jusqu’au 5 janvier 2025. Les 6, 23 et 30 octobre puis le 3 novembre, toujours à 16h30, le MIB propose des visites guidées.
Réservations : 05 63 22 12 91.

 
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