Lady Gaga a dû “désapprendre à chanter” pour son rôle dans “Joker : Folie à deux” : la mégastar de la pop rejoint Joaquin Phoenix pour ce nouvel opus, à la croisée de la comédie musicale et du monde de la bande dessinée, en salles mercredi en France et Vendredi aux Etats-Unis.
Le premier volet, relecture sombre et provocante de la genèse du Joker, ennemi juré de Batman, a bouleversé les codes du film de super-héros et créé la surprise en remportant le Lion d’Or à Venise et en offrant l’Oscar à son interprète, Joaquin Phoenix.
Ce nouvel opus, toujours réalisé par Todd Philipps, a également été invité à concourir à Venise, mais est reparti bredouille. Joker 2 n’est “pas une suite”, ni “une réponse aux critiques” subies par le premier film, a insisté le cinéaste à Venise.
“Joker” a en effet été profondément divisé, rapportant plus d’un milliard de dollars de recettes théâtrales mais s’attirant des critiques pour sa violence parfois jugée gratuite.
Sorti en pleine présidence Trump, le film s’inscrit dans l’air du temps en s’inspirant de la montée du populisme sur fond d’inégalités sociales béantes. La seconde sort en pleine campagne électorale aux Etats-Unis. Et il sera certainement lu aussi dans cette optique.
Joaquin Phoenix reprend le rôle-titre là où il l’avait laissé. Interné à l’asile d’Arkham, le Joker est emmené devant la justice pour les cinq meurtres commis dans le premier volet. “Joker : Folie à deux” (02H18) est donc un film de procès, où l’on voit le personnage d’Arthur Fleck renvoyer son avocat pour assurer sa propre défense, déguisé en Joker.
Il n’hésite pas à ridiculiser l’institution judiciaire et à monter le peuple contre les puissants en s’adressant à ses partisans qui suivent les audiences à la télévision – un parallèle évident avec le comportement de l’ancien président Trump devant les tribunaux.
Le procureur Harvey Dent (un autre personnage de l’univers Batman) est interprété par l’acteur britannique Harry Lawtey. Tout cela laisse finalement peu de marge à Lady Gaga pour développer le nouveau personnage d’Harley Quinn, déjà incarné au cinéma par Margot Robbie dans “Suicide Squad” notamment.
– « Ne me quitte pas » –
Le chanteur, qui s’est fait connaître sur grand écran dans « A Star is Born » (2018), un film de Bradley Cooper sur l’ascension d’une star de la chanson, après des petits rôles ici et là, compte néanmoins sur ce long métrage pour établir son statut d’actrice à part entière.
Conformément à la mythologie de l’univers de Gotham City, son personnage au costume d’arlequin à carreaux noirs et rouges noue une relation avec le Joker. La promotion du film est aussi l’occasion de vanter son nouvel album, “Arlequin” : elle vient de tourner un clip reliant les deux dans les salles du musée du Louvre, face à la Joconde.
Dans « Joker : Folie à deux », Gaga/Harley Quinn se présente comme une pensionnaire d’asile, la seule capable de comprendre l’âme tourmentée de l’anti-héros.
Le film comprend de nombreux passages chantés à la Broadway. La comédie musicale est un genre très en vogue, de « Barbie » à « Emilia Perez » de Jacques Audiard, mais « je ne dirais pas que c’en est un à proprement parler », a nuancé Lady Gaga.
Joaquin Phoenix, qui chantait déjà la chanson dans le biopic de Johnny Cash « Walk the line » (2005), ne mérite rien, notamment dans une reprise très libre de « Ne me quitte pas » version Nina Simone, entre autres grands classiques.
Avis aux fans, toujours pas de Batman en vue dans cette suite. Et Todd Phillips précise qu’il compte bien y rester et ne développera pas une de ces franchises dont raffole l’industrie cinématographique.
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