Le maire d’arrondissement Luc Rabouin propose de modifier le règlement municipal sur le bruit afin que le jugement controversé rendu mardi par la Cour d’appel du Québec ne porte pas préjudice à d’autres salles de spectacles du Plateau-Mont-Royal.
Il s’est adressé aux médias mercredi, au lendemain de l’annonce de la fermeture potentielle de l’emblématique La Tulipe, provoquée par de nombreuses plaintes pour bruit.
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Pour assurer la pérennité des autres institutions culturelles du Plateau, il a révélé son intention d’exempter les bars, restaurants et salles de spectacles de l’article 9.1 cité dans le jugement. Cette modification devrait entrer en vigueur le 8 octobre prochain.
« Aujourd’hui, toutes les salles de spectacles ont l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de leur tête », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville. « Cela remet en question la survie de toutes nos salles de spectacles sur le Plateau, mais aussi ailleurs à Montréal en fonction de réglementations différentes. »
Pour l’instant, Luc Rabouin ne pouvait confirmer que la modification de l’article 9.1 serait en mesure de sauver le sort de La Tulipe.
La Ville a néanmoins annoncé un programme d’insonorisation pour les salles de 400 places et plus, auquel serait admissible l’établissement de la rue Papineau.
« Non à la dictature deun voisin”
La Tulipe a été sommée de cesser d’émettre des bruits audibles causés par des « appareils sonores » à la suite de plaintes répétées du propriétaire de l’immeuble voisin, Pierre-Yves Beaudoin. Cet immeuble a pu être transformé en résidence grâce à une erreur administrative. La Ville a intenté une poursuite pour l’obliger à reconvertir l’immeuble en espace commercial.
« Il y a un employé du district qui a fait une erreur […] et c’est déplorable, a concédé Luc Rabouin. Il faut comprendre que la dynamique de discussion [avec Pierre-Yves Beaudoin] n’est pas très collaboratif. Il n’existe pas de droit acquis sur un permis délivré par erreur.
« Oui au bon voisinage, mais non à la dictature du voisin », a commenté la mairesse Valérie Plante lors de la réunion du comité exécutif, mercredi.
En entrevue à TVA Nouvelles, le cofondateur et directeur général de La Tribu, Claude Larivée, qui gère les opérations de la salle de spectacle, s’est montré dubitatif.
« Que faire d’une salle de concert qui ne peut pas fonctionner et qui ne fait pas de bruit ? », s’interroge-t-il. « Nous nous trouvons dans une situation qui était initialement complexe et qui est aujourd’hui un véritable cauchemar. »
Une erreur déplorable
Les annonces de mercredi sont insuffisantes aux yeux de l’opposition officielle, représentée par le porte-parole au développement économique d’Ensemble Montréal, Julien Hénault-Ratelle.
« Nous savons depuis des années que nos réglementations sur le bruit sont mauvaises et inapplicables », a-t-il déploré. « Ce n’est pas un cas isolé et il risque de se reproduire si aucun changement substantiel n’est apporté. »
« L’administration Plante, qui a reconnu une erreur administrative dans le dossier et est responsable de la situation, doit trouver des actions concrètes et les mettre en œuvre », a-t-il ajouté, proposant l’acquisition de l’immeuble voisin de la salle de spectacle ou la prise en charge complète des coûts d’insonorisation de La Tulipe.
Interrogé par des journalistes dans les couloirs de l’Assemblée nationale, le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, s’est dit « rassuré de voir que la Ville prend cela en main ».
« J’ai été surpris lorsque j’ai appris la conclusion du jugement, a-t-il déclaré. Si La Tulipe devait fermer ses portes à cause d’une réglementation sur le bruit, ce serait absolument inacceptable, car cela aurait aussi un impact sur d’autres salles de spectacles à Montréal. »
De plus, un rassemblement citoyen est prévu devant La Tulipe, jeudi à 19 h, « pour défendre la culture musicale québécoise ».
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