Le Festival du Cinéma Américain de Deauville traversé par les questions raciales
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Le Festival du Cinéma Américain de Deauville traversé par les questions raciales

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Le réalisateur et acteur américain Nnamdi Asomugha (à gauche) et l'actrice Melissa Leo pour le film « The Knife », lors de la 50e édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 11 septembre 2024. LOU BENOIST/AFP

Bien avant ses débuts, le 50et L’édition 2018 du Festival du cinéma américain de Deauville a fait la une des journaux : après l’éviction de son directeur Bruno Barde, pour harcèlement sexuel présumé, les rênes du festival ont été confiées à sa proche collaboratrice Aude Hesbert, qui a dû essuyer une série de polémiques suite au remaniement de son jury. Dans les salles aussi, une passation de pouvoir claire et éloquente s’est tramée entre deux moments du cinéma américain : son histoire – fière, conquérante, à dominante masculine et blanche. Et un présent obsédé par la question de la représentation de ses minorités et bien décidé à tordre le bâton dans l’autre sens.

Au cinéma Morny, on pouvait parcourir à toute vitesse l'histoire du cinéma américain en cinquante films emblématiques : il y avait aussi Rambo (Ted Kotcheff, 1982), queIntolérance (1916), de D.W. Griffith, Faites ce qu'il faut (Spike Lee, 1989) face à Autant en emporte le vent (1939, Victor Fleming). A côté, une rétrospective complète de James Gray, venu donner une master class et inaugurer – comme le veut la tradition – sa cabane de plage.

Histoire et présent

Dans ce petit monde juif new-yorkais que le cinéaste n'a cessé d'explorer, son dernier film, L'heure de l'Armageddon (2022), a vu surgir une altérité pure, un renversement de perspective : soudain, le microcosme grayien a été observé depuis le rivage de la condition noire. Le racisme institutionnel s'est infiltré jusqu'à détruire une amitié d'enfance. L'heure de l'Armageddonc'est un peu une œuvre charnière, le pont qui reliait les deux côtés de ce programme, l'histoire et le présent, qui se jouait en compétition officielle.

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Sur quatorze films indépendants, cinq d’entre eux avaient un programme commun : celui de suivre des personnages afro-américains qui ne sont plus appréhendés comme altérité par un « regard blanc », mais saisis pour eux-mêmes, au cœur de leur intimité. Au même exercice, plusieurs réponses allant de la naïveté au pessimisme le plus parfait.

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L'acteur américain Will Catlett, le producteur américain Kiah Clingman, le réalisateur américain David Fortune et la productrice américaine Kristen Uno pour le film « Color Book », lors de la 50e édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville à Deauville, le 10 septembre 2024. LOU BENOIST/AFP

Dans Livre de coloriageLe réalisateur David Fortune filme une histoire follement simple : celle d’un père noir, récemment veuf, qui s’occupe seul de son petit garçon atteint de trisomie 21. Entre difficultés quotidiennes et épiphanie paternelle, le film longe un enjeu ténu : une traversée de la ville d’Atlanta pour que le fils puisse assister à son premier match de baseball. Ici, le handicap relègue la question de la race au second plan, mais le tout baigne dans une lumière de bienveillance et de difficultés surmontables. Capté dans un noir et blanc cotonneux, presque endormi, le film tombe dans un piège : croire qu’aimer ses personnages consiste à les rendre exemplaires, angéliques – bientôt mièvres.

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