“Emilia Perez” by Jacques Audiard: an aberrant moral critique
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“Emilia Perez” by Jacques Audiard: an aberrant moral critique

La semaine dernière, je suis allé voir Émilie PérezLe dernier film de Jacques Audiard. Il a été très bien chroniqué dans ce journal fin août. Vous vous demandez, d'une part, pourquoi je tarde autant à parler d'un film primé à Cannes en mai 2024, et d'autre part, que puis-je en dire de plus que ce qui a déjà été dit ici. Eh bien, je pourrais commenter la superbe garde-robe Saint Laurent, dessinée par Anthony Vaccarello, qui met en valeur la beauté des trois actrices principales. Il y aurait beaucoup à dire, notamment, sur la jupe léopard et les mules blanches portées par Zoe Saldana. Mais on me attaquerait (injustement) pour superficialité.

Caricatures épuisantes

En réalité, il y a un autre motif à cette chronique. Il s’agit du vieux sujet, pas encore mort, de la réception suspecte, par des milieux aux idées bien ancrées, des arts et de la littérature. Ainsi, les porte-parole de la gauche révisionniste sont aujourd’hui capables d’accuser Antonioni d’une misogynie insupportable et de réduire son œuvre au franchissement d’une ligne jaune qu’eux seuls ont vue, tandis que les gens de droite, se réfugiant derrière l’étiquette de « conservateurs », mais dont l’idéologie farouche peut être facilement débusquée, accusent les Barbie de Greta Gerwig de misandrie. Ces caricatures sont épuisantes, et la réduction des œuvres d'art à un message militant, pas loin d'être désespérée. Et dans le catholicisme, qui dans un monde idéal ne serait ni de gauche ni de droite (j'avoue que, là aussi, je perds espoir), nous ne sommes pas en reste.

Alors, après avoir passé un très bon moment en compagnie d’Emilia Pérez et de ses compagnes – j’en profite pour souligner la prestation magistrale de Selena Gomez devant la caméra d’Audiard – j’ai jeté un rapide coup d’œil aux critiques, plutôt bonnes voire très bonnes, que les médias lui avaient réservées. Mais c’est en tombant sur un journal en ligne explicitement catholique que cela m’a le plus blessé : Émilie Pérez était une ode à la transition de genre, et son auteur avait pour intention de nous mettre dans la tête que pour devenir gentil, un homme doit devenir une femme. Pour ceux qui ne l'auraient pas vu, voici en fait le sujet du film : Manitas Del Monte, un chef de cartel de drogue mexicain puissant, violent et viril, engage un avocat pour l'aider à devenir une femme (un désir qui le hante depuis l'enfance), mais aussi à abandonner son cartel et sa famille sans laisser de traces. Le passé va néanmoins refaire surface dans la vie d'Emilia.

Le cœur humain est complexe

Il y a quelques défauts dans le film d'Audiard. Personnellement, j'ai trouvé certaines scènes de comédie musicale un peu longues. Et j'ai regretté qu'une ou deux questions psychologiques intéressantes n'aient pas été davantage explorées. Mais sur la question « morale », cette chronique apparemment sérieuse et argumentée que j'ai trouvée sur un grand site catholique est une aberration de plus. S'il y a une chose que le film d'Audiard attaque explicitement et assez brillamment, ce n'est pas la sexualité « standardisée », mais une réalité par ailleurs commune, et pourtant universellement condamnée : l'égoïsme.

Ainsi que son corollaire, l'amour de l'argent. L'égoïsme règne dans le cœur de Manitas-future-Emilia, mais à la faveur d'une rencontre, sa conscience la rattrape (« J'ai fait du mal, je dois me racheter. »), jusqu'à ce que son égoïsme reprenne le dessus, et ainsi de suite. C'est encore l'égoïsme qui conduit l'avocate à vendre son âme. C'est finalement l'égoïsme qui entraîne la frivole Jessi, la femme de Manitas, dans un tourbillon de violence. Car dans la vraie vie, le cœur humain est complexe. Les œuvres d'art aussi. Et le code moral des critiques est de se montrer, sinon à la hauteur de ce qu'ils s'engagent à dire, du moins honnêtes.

 
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