Lauréat du prix de la meilleure coproduction internationale par l’Académie des Lumières pour « Les graines du figuier sauvage », Mohammad Rasoulof, de passage à Paris, nous donne des nouvelles de ses acteurs et techniciens restés en Iran.
Paris Match. Vous recevez ce soir (l’interview a été réalisée lundi 20 janvier, NDLR) une Lumière de journalistes du monde entier basés à Paris pour « Les graines du figuier sauvage ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Mohammed Rasoulof. Je pense que l’aspect le plus important de ce prix est que « Les graines du figuier sauvage » raconte une histoire très locale qui peut sembler limitée au peuple iranien. Pourtant, en le racontant de manière universelle, vous pouvez toucher des téléspectateurs qui vivent dans des contextes complètement différents. Il est très important de réfléchir à la manière dont le public peut comprendre les enjeux d’une histoire. Je sais que de nombreux aspects de la vie sous une dictature restent inimaginables pour les gens dans une démocratie et je suis touché que les spectateurs du monde entier soient émus par cette histoire.
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Vous avez dû fuir votre pays pour échapper à certaines arrestations. Quelle est la situation aujourd’hui de vos collègues restés en Iran ?
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Au début, c’était très dur. Les autorités ont perquisitionné les bureaux de mon directeur de la photographie. Ils ont confisqué le passeport de l’ingénieur du son et certains de mes acteurs ont failli être arrêtés à l’aéroport alors qu’ils voulaient repartir. Avec le temps, les choses se stabilisent un peu. Mais nous avons fait l’objet de poursuites judiciaires contre nous. On nous a dit que la sécurité de l’État était compromise et que le film était de la propagande. Et, plus surprenant, nous sommes poursuivis pour corruption des mœurs et incitation à la débauche. L’appel à sortir est que les femmes montrent leurs cheveux. Pour eux, c’est de la débauche (il soupire). Le procès a eu lieu et nous attendons maintenant le jugement. La personne qui subit le plus de pression est Soheila Golestani, l’actrice qui incarne la mère. Elle est restée à Téhéran. Mais pour l’instant, c’est un grand flou. Mais en même temps, des choses étranges et étonnantes se sont produites récemment en Iran. Nous ne savons donc pas ce qui nous attend.
« Le cinéma montre la résistance des cultures »
Savez-vous si le film a été vu en Iran ?
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Je sais que le film est arrivé en Iran, il a probablement été vu sur des téléphones portables mais je ne sais pas si les gens l’ont aimé. La démocratie permet des réactions plus simples et plus spontanées.
Lors de la soirée de clôture du dernier Festival de Cannes – Mohammad Rasoulof a reçu le prix spécial du jury – les jeunes actrices de votre film ont dansé avec les héroïnes de « All We Imagine as Light » de Payal Kapadia, un film indien qui, lui aussi, a subi le colère de son gouvernement. Et si c’était simplement le plus beau message que puisse véhiculer votre film, celui de la liberté des femmes ?
(Son visage s’illumine). J’adore le film de Payal Kapadia. Je viens de lui parler. Le cinéma montre la résistance des cultures, ouvre des fenêtres pour créer un dialogue entre les peuples et tenter de nous rapprocher de la paix dans le monde.
Canada