Le film, dès sa sortie, a suscité d’interminables discussions, certains affirmant avoir tout compris, d’autres absolument rien. En revanche, presque tout le Monde partageait le même enthousiasme. La mort du réalisateur David Lynch, annoncée hier, a une nouvelle fois braqué les projecteurs sur Promenade Mulhollandses images cultes inondent rapidement les réseaux sociaux aux côtés d’autres, tirées de sa non moins mythique série Pics jumeaux.
Dans l’inconscient collectif, « Mulholland Drive » est aujourd’hui avant tout le titre d’un film de Lynch, qui explore les liens que tissent rêve et réalité. Si beaucoup se sont amusés à livrer leur propre interprétation du long-métrage, l’acteur principal, qui a pourtant remporté pour celui-ci le scénario du meilleur réalisateur, n’a jamais confirmé sa « version officielle ». Une vérité demeure néanmoins : Mulholland Drive, qui a donné son nom au film, est au départ celui d’une route de Los Angeles, devenue un symbole hollywoodien grâce à son décor sauvage et ses vues imprenables.
Une route mythique à Los Angeles
Retour en arrière. L’histoire de Mulholland Drive commence au début du XXe siècle, sous l’impulsion de William Mulholland, un ingénieur américain d’origine irlandaise. Figure majeure de l’approvisionnement en eau de Los Angeles, il rêvait d’une route reliant la ville, alors en pleine expansion, à ses collines environnantes, et permettant aux habitants de rejoindre aussi bien les plages que les hauteurs. Ingénieur autodidacte, William Mulholland fut notamment à l’origine de l’aqueduc de la vallée d’Owens, qui permettait de transporter l’eau de la verdoyante vallée de l’Owens.
Construite dans les années 1920, Mulholland Drive tient son nom en hommage à son rôle déterminant dans le développement de la région. Quelques années plus tard, l’histoire aurait été différente : l’homme a également supervisé la construction du barrage St. Francis, au nord-ouest de Los Angeles. Le bâtiment s’est effondré en 1928, provoquant des inondations massives et la mort d’au moins 450 personnes.
-Eucalyptus et célébrités
Mais revenons à Mulholland Drive. Depuis un siècle, la route serpente d’est en ouest à travers les collines de Los Angeles. Pour parcourir ses 34 kilomètres, il faut environ une heure.
Le parcours commence sur le boulevard Cahuenga, près des studios Universal. Il gravit ensuite la crête des montagnes de Santa Monica, surplombant la ville de Los Angeles au sud et la vallée de San Fernando au nord. La route ondule à travers les canyons (Laurel Canyon, Coldwater Canyon) et laisse entrevoir aux curieux de cossues villas, entourées de jardins luxuriants. Il traverse également des zones boisées et sauvages, où s’épanouissent des arbustes et des plantes indigènes typiques de la région du sud de la Californie : chênes côtiers, eucalyptus, palmiers et cactus.
À plusieurs reprises, Mulholland Drive offre aux visiteurs des vues spectaculaires sur Los Angeles et ses sites remarquables comme l’observatoire Griffith, le célèbre panneau Hollywood, les studios de cinéma, etc. Populaire auprès des sportifs, il dessert également plusieurs départs de randonnées.
Mulholland Drive, enfin, est connue pour ses illustres habitants, qui y ont acquis de vastes propriétés, dont certaines comptent parmi les plus chères de la planète. La fête des voisins aurait ainsi réuni Jack Nicholson, Denzel Washington, Eddie Murphy, Marlon Brando ou Warren Beatty… Et David Lynch, bien sûr. Si plusieurs versions s’opposent (certaines affirmant que le réalisateur habitait Mulholland Drive, d’autres qu’il habitait à proximité), l’homme connaissait en tout cas parfaitement cet axe légendaire. De ces derniers, il dit en outre qu’on pouvait ressentir tout “Histoire d’Hollywood”. Double peine donc : l’homme disparaît ce mois-ci, alors que cette histoire est violemment impactée par les incendies. Les incendies ont en outre détruit des zones non loin de la route. A propos de Mulholland Drive, Le Monde évoquait la semaine dernière« une avenue légendaire coupée par les flammes »…