A Bordeaux, deux coups de projecteur sur l’œuvre protéiforme de Michel Herreria

A Bordeaux, deux coups de projecteur sur l’œuvre protéiforme de Michel Herreria
A Bordeaux, deux coups de projecteur sur l’œuvre protéiforme de Michel Herreria

A À la question, tout à fait banale, de la première émotion artistique, Michel Herreria utilise l’évitement stratégique, troquant une réponse frontale contre un ensemble d’images et d’impressions qui esquissent une réponse.

Né à Talence en 1965, de parents français d’origine espagnole – une mère au foyer et un père travaillant dans l’aéronautique –, il n’a pas forgé sa sensibilité artistique dans les musées où il n’est jamais allé enfant. Elle s’est plutôt formée dans le pays natal de sa mère, en Navarre, lors de séjours réguliers à Viana, un petit village, et à Logroño, la capitale de la Rioja, à une dizaine de kilomètres de là. Elle est liée à l’espace public, aux bâtiments, aux églises, à l’architecture.

Traces et mémoire

« Je parle d’architecture mais c’est aussi le rapport à toutes ces matières, à tout ce qui s’inscrit, se grave dans les murs, qui deviennent lieux d’écriture, de traces, de mémoire. C’est aussi la conception des espaces urbains, leur taille, leur histoire, les interactions humaines, la lumière, les odeurs… tout ça. » Un faisceau de perceptions enrichies par sa lecture passionnée des comics et de Marvel des années 1970, ainsi que par sa pratique du dessin, qui a trouvé un terreau favorable dans le milieu scolaire, soutenu par des professeurs stimulants.

Depuis les années 1980, Michel Herreria a construit une œuvre plurielle et expansive, comprenant peintures, dessins (dessins au trait, sur cartes à gratter, numériques, petits ou grands formats), décors et scénographies théâtrales. D’abord avec le collectif Théâtre à Coulisses, devenu le Glob Théâtre, jusqu’à L’Atelier de Mécanique Générale Contemporaine, sous-titré : « Garage d’expérimentation où broient les dramaturgies d’aujourd’hui », et au sein duquel il reste toujours actif. Son travail comprend également des dispositifs sculpturaux et des films d’animation.

Les œuvres de Herreria entretiennent toujours une relation avec « le monde qui l’entoure et la manière dont il se positionne par rapport à ce monde ». Par exemple par la récurrence d’un personnage réduit à une simple ligne précipitée dans des circonstances ubiquitaires, avec « Microphomme », machine à prendre et subir la parole, ou encore via le minimalisme du « miroir horizon », miroir flottant sur l’eau qui encadre le paysage. Un monde complexe et stratifié où se mêlent le trivial, la poésie, la violence et l’entrelacement vertigineux des réalités, que Michel Herreria capte non sans subtilité. « L’humour, dit-il, c’est très sérieux, il permet de produire à la fois de la distance et de la proximité. Une petite précision par rapport à ce qu’est l’existence. »

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Michel Herreria, actuellement présenté à la galerie Eponyme (où il a exposé pour la première fois en 2012), sera prochainement à la galerie BAG dans le cadre d’un focus consacré aux Éditions Le Bleu du ciel et à leur projet emblématique, réunissant poètes contemporains et artistes plasticiens à travers des affiches dans les espaces publics.

Où voir les œuvres

« Les porteurs du destin ». Jusqu’au 15 février, galerie Eponyme, 3 rue Cornac, Bordeaux. Entrée gratuite du mardi au vendredi de midi à 19h. Samedi de 11h à 19h. eponymegalerie.com. «Partagez l’affiche. Les archives de Bleu du ciel : 30 ans d’art et de littérature dans l’espace public », du 23 janvier au 8 mars, Boulangerie Art Gallery, 44, rue Saint-François, Bordeaux. Vernissage le 23 janvier de 17h à 21h bakeryartgallery.com

 
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