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retour au diamant noir de The Cure

retour au diamant noir de The Cure
retour au diamant noir de The Cure
Robert Smith, lors du Nova Rock Festival, à Nickelsdorf, Autriche, le 14 juin 2019. HERBERT P. OCZERET

ARTE – VENDREDI 17 JANVIER À 22H30 – DOCUMENTAIRE

A l’heure où The Cure est salué pour son grand retour avec Chansons d’un monde perduquatorzième album tonique sorti début novembre 2024, après plus de quinze ans de silence discographique, Arte consacre un documentaire à l’une des pierres angulaires de la formation rock gothique, l’ambitieux Désintégrationpublié en 1989. De nombreux critiques musicaux n’ont pas manqué d’établir un parallèle entre ces deux disques singulièrement sombres.

Vendu à plus de 4 millions d’exemplaires dans le monde, Désintégration incarne l’apogée commerciale de The Cure. Paradoxalement, ce huitième opus se voulait une œuvre complexe et dense, prenant le contre-pied des singles du groupe à vocation pop qui l’ont rendu populaire, comme Les Lovecats (1983), Entre les jours (1985) ou Tout comme le paradis (1987). Ce serait cependant omettre que les Britanniques avaient auparavant signé la trilogie Dix-sept secondes (1980), Foi (1981) et Pornographie (1982), sans concessions artistiques, sombres et minimalistes, qui aiguisent leur identité.

Fin d’un cycle

En 1989, Robert Smith, alors âgé de 30 ans, considérait Désintégration (« dissolution », « désintégration », en français) comme la fin d’un cycle, peut-être même de The Cure. L’ambiance au sein du groupe se désagrège et marque l’éviction du batteur et co-fondateur, Lol Tolhurst. Le chanteur et icône aux cheveux corbeau ébouriffés, au bord de la dépression, puise au plus profond de son psychisme pour sculpter avec émotion son diamant noir.

De cette matière noire émergent pourtant quelques éclats de lumière, à l’instar du romantisme romantique. Chanson d’amourle superbe instrumental Plain-chant ou le grandiose Berceuseinspiré d’un cauchemar de Smith, où il se transforme en araignée.

Lire la réunion (1992) | Article réservé à nos abonnés NOUVEL ALBUM, PROCHAINE TOURNÉE : RENCONTRE AVEC CURE Portrait d’une éternelle adolescence

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Le documentaire de Tim Evers, raconté par la journaliste Michka Assayas, prend également le parti de raconter l’impact de l’album dès sa sortie sur la jeunesse d’Allemagne de l’Est, six mois avant la chute du mur de Berlin. L’histoire est étayée par des archives filmées en RDA et des témoignages de fans de l’époque. L’idée n’est pas mauvaise en soi, mais il n’y a pas assez de temps pour une durée de cinquante-deux minutes. D’autant que, dans le même temps, la narration s’attarde trop longtemps sur les débuts du groupe, puis sur son orientation artistique.

D’où cette impression persistante de survoler l’angle principal – de la durée totale du documentaire, seul un tiers se concentre sur Désintégration. On aurait plutôt aimé en savoir plus sur les sessions d’enregistrement étalées sur six mois dans un manoir de la campagne anglaise, sous l’aile du producteur David M. Allen, dont les commentaires ont été recueillis ici.

Les interviews recueillies sur Robert Smith sont peu nombreuses (l’homme est, il est vrai, réputé pour être peu bavard), mais sont contrebalancées par les interventions de l’ancien manager Chris Parry et du journaliste musical et auteur britannique Simon Price, riche en anecdotes.

Le documentaire est suivi de la diffusion, à 23h20, du concert du 40e anniversaire de The Cure donné à Hyde Park à Londres, où le groupe interprète six morceaux tirés de Désintégration.

Désintégration. Un album, un groupe, une générationde Tim Evers (Allemagne, 2024, 53 min). Sur Arte.tv jusqu’au 19 mars.

Franck Colombani

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