Avec ses 2 300 places, son look concret et une programmation exigeante, Mia Mao, qui ouvre ce 17 janvier avec Laurent Garnier, se positionne comme un nouveau lieu de référence au Nord-Est parisien, doublé d’une plateforme autour de la culture club.
Par Smaël Bouaici
Publié le 17 janvier 2025 à 17h00
Ttransformer un ancien site industriel entièrement en béton dans un quartier marginalisé de la ville en club techno : Mia Mao, qui ouvre ce vendredi 17 janvier dans l’ancienne Halle du Cuir de La Villette, réalise un vieux fantasme de fête. Le bâtiment de 3 000 mètres carrés, situé entre le périphérique et le canal de l’Ourcq, abrite une immense salle sur deux niveaux, parsemée de piliers sous un plafond de 7 mètres. Toute ressemblance avec la référence du genre, le Berghain, mythique club techno berlinois installé dans une ancienne centrale électrique, est évidemment fortuite, mais les comparaisons sont assumées par l’équipe de Mia Mao. « Pour moi, c’est le premier club/rave de Paris, » précise Antoine Husson, le directeur artistique du lieu. Il y a deux esprits là-dedans. Bien sûr, en termes de géométrie – la hauteur sous plafond, les différents niveaux – on peut faire un parallèle avec le Berghain, mais en toute humilité. » « Mais nous n’avons pas de coulisses ! » explique Arnaud Perrine, le patron, qui travaille sur ce projet depuis près de dix ans.
Début 2015, alors qu’il dirige le Glazart, le club alternatif de la porte de la Villette qui fait fureur l’été avec sa plage aménagée, il cherche un nouveau lieu pour préparer l’après. Il visite d’abord le Cinaxe, une salle de cinéma dynamique fermée en 2011. Mais Didier Fusillier, alors président de l’établissement public de La Villette, l’emmène visiter la Halle aux Cuirs, où les peaux des abattoirs de La Villette dans les années 1960 avant de servir comme lieu de stockage des décorations des expositions de la Grande Halle ou de la Cité des Sciences.
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-Le temps de remporter l’appel d’offres et de convaincre quelques banques, le projet se concrétise fin 2019, et, en février 2020, Arnaud Perrine part l’esprit serein en vacances en Nouvelle-Zélande, convaincu que ce nouveau lieu «va tout casser». A son retour, tout le monde cherche des masques et les banques ne répondent plus. Il faudra encore deux ans pour relancer la machine, et aujourd’hui, Mia Mao vient couronner son petit empire de la nuit composé de Glazart, Kilomètre25 et Jardin21, littéralement à côté, dans ce coin du Nord-Est devenu « le quartier électronique de Paris » selon Antoine Husson.
Sur le modèle du Berghain, du Tresor à Berlin ou du Fabric à Londres, Arnaud Perrine a créé un écosystème autour de ses clubs. Mia Mao est en fait une plateforme dédiée à la scène électronique locale, avec une web radio, une chaîne YouTube qui diffuse des DJ sets filmés et un label. De quoi nourrir la programmation de ce nouveau lieu (ouvert vendredi et samedi) qui nécessitera « de grands noms » pour combler ses deux mille trois cents places, explique le coprogrammateur Sylvain Lemerle. Mais il fera une place aux artistes émergents, dans tous les styles de musique électronique « underground », c’est-à-dire sans tomber dans l’EDM à la Las Vegas.
Soirées sans photos
« L’idée est d’avoir un club le plus éclectique possible, dit-il. Il y aura de la techno, de la hard techno, de la house, de la trance, de la drum’n’bass, sans doute aussi un peu de disco. C’est toute la beauté de la musique électronique, très large et très riche à la fois. » Ainsi, le 17 janvier, Laurent Garnier placera le premier disque aux platines (à hauteur des yeux) chez Mia Mao, qui accueillera des DJ comme Manu le Malin, I Hate Models et Rebeka Warrior. Et comme de plus en plus de discothèques à travers le monde, Mia Mao applique une politique du « pas de photos », tandis que les smartphones sont accusés par les artistes de tuer l’ambiance en soirée.
A l’entrée, on colle un autocollant sur la lentille de votre smartphone, et vous serez grondé si vous êtes surpris en train de le retirer. Cela n’a pas empêché certains de filmer la scénographie laser sur béton imaginée par Minuit Une lors de l’inauguration, mercredi 15 janvier, mais c’est une habitude à prendre, estime l’équipe de Mia Mao. “La société entière est figée sur son écranconcludes Antoine Husson. Venir dans un club est un moment d’évasion, un espace pour décompresser, alors autant s’évader de tous ces écrans. »
Mia Mao, 12/A rue Ella-Fitzgerald, Paris 19ᵉ (entrée par le canal de l’Ourcq). Tous les vendredis et samedis, de minuit à 7 heures, 25-30 €.