Qui est Marjane Satrapi, qui a refusé la Légion d’honneur en raison de « l’attitude hypocrite de la envers l’Iran »

Qui est Marjane Satrapi, qui a refusé la Légion d’honneur en raison de « l’attitude hypocrite de la envers l’Iran »
Qui est Marjane Satrapi, qui a refusé la Légion d’honneur en raison de « l’attitude hypocrite de la France envers l’Iran »

Depuis 25 ans, elle connaît le succès auprès du public français pour ses bandes dessinées et leurs adaptations cinématographiques. L’artiste Marjane Satrapi, iranienne de naissance et titulaire de la double nationalité franco-iranienne, a refusé la Légion d’honneur qui devait lui être décernée ce mois-ci. Elle en a annoncé la raison ce lundi 13 janvier, d’abord en publiant sur Instagram sa lettre adressée à la ministre de la Culture, Rachida Dati, puis en complétant ses propos par une vidéo.

Son geste est une « marque de solidarité avec les Iraniens, notamment envers les femmes », explique-t-elle, et exprime son incompréhension de la politique de la à l’égard de l’Iran. Elle dénonce « une attitude hypocrite » de l’État et évoque entre autres la difficulté pour les Iraniens d’obtenir des visas en France, qu’elle considère comme la patrie « qui a forgé l’autre partie de mon identité ». “Je tiens à souligner que mon refus n’est en aucun cas un acte de mépris envers cette institution ou les valeurs qu’elle incarne”, ajoute l’auteur et réalisateur de 55 ans.

Persépolis » la propulse comme l’un des auteurs francophones les plus lus

Née en 1969 dans la ville iranienne de Racht, dans une famille sympathisante communiste, Marjane Satrapi passe son enfance en Iran, avant d’être envoyée par ses parents dans un lycée autrichien à 14 ans. Elle rentre ensuite au pays pour obtenir un diplôme de l’École des Beaux- de Téhéran à la fin des années 1980. Puis, en 1994, elle s’installe en France, en commençant par Strasbourg.

Mais c’est à l’Atelier des Vosges à Paris qu’elle se dévoile ; au sein du collectif de dessinateurs, parmi lesquels on retrouve déjà Joann Sfar et Christophe Blain, elle se plonge dans l’univers de la bande dessinée. De 2000 à 2003 suivent les quatre tomes de son premier grand succès : la bande dessinée « Persépolis ». Dessiné en noir et blanc, le récit retrace sa propre enfance à Téhéran pendant la révolution islamique, puis sa rupture avec son pays natal qui passe par son exil en Europe.

« Persépolis » est interdit en Iran pour ses critiques du régime, mais ses ventes explosent en France, tandis que Marjane Satrapi remporte des prix internationaux. Elle poursuit sur sa lancée avec de nouvelles bandes dessinées à succès : « Broderie » en 2003 et « Poulet aux Plums » en 2004. La première mettait en scène les discussions sans fard de femmes iraniennes autour de l’amour, de la fidélité ou du mariage. Le second, décerné à Angoulême, suit un musicien iranien des années 50 désespéré depuis que sa femme a cassé son goudron (un luth oriental). Après deux nouveaux triomphes, Marjane Satrapi décide de tourner la page de la bande dessinée.

Naturalisée française en 2006, Marjane Satrapi débute une carrière de réalisatrice en adaptant d’abord « Persépolis ». Le film a été sélectionné à Cannes en 2007, l’Iran a donc envoyé une lettre à l’ambassade de France à Téhéran pour exprimer sa désapprobation, car le film dépeint « une image irréelle des conséquences et des succès de la révolution islamique ». Malgré la polémique, « Persépolis » a reçu le Prix du Jury et deux Césars.

En 2010, c’est au tour de « Poulet aux Prunes » d’être adapté au cinéma, avant d’être diffusé à la Mostra de Venise l’année suivante. Marjane Satrapi joue dans “Les beaux gosses” de Riad Sattouf puis réalise des films aux genres très différents, comme “The Voices”, une comédie d’horreur où un homme psychotique (Ryan Reynolds) entend son chien et son chat lui parler, et dans 2019 , « Radioactive », un biopic sur Pierre et Marie Curie.

Outre le grand écran, elle est également peintre et fait de la femme son thème de prédilection. Ce qui ne l’empêche pas de présenter une tapisserie pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024.

L’artiste franco-iranienne est également connue pour ses prises de position. Au-delà de la dénonciation de la dictature religieuse dans ses œuvres, elle a signé en 2016 le manifeste du Printemps républicain, une association controversée qui prône la laïcité, mais est régulièrement accusée de faire le jeu de l’extrême droite.

L’année suivante, Marjane Satrapi participe à un meeting de soutien à Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle. Elle dénonce régulièrement la situation en Iran, comme en 2022, lorsqu’elle appelle les dirigeants européens à prendre des sanctions face à la répression en cours dans son pays natal. A l’époque, elle dénonçait déjà « le silence de l’UE ». Une position cohérente avec sa colère actuelle contre les relations franco-iraniennes, après que l’État l’a promue chevalier de la Légion d’honneur en juillet 2024.

 
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