Depuis plus d’un an, le marché de l’art est à la peine. Les galeries souffrent, notamment celles de petite et moyenne taille, qui ne pourront pas rester indéfiniment en place. Les foires souffrent de la morosité générale et dépendent de l’arrivée, ou non, de clients très fortunés qui font la pluie et le beau temps sur le marché. Et les maisons de ventes, malgré l’internationalisation de leur panel d’acheteurs, accélérée par la digitalisation de la communication et des ventes elles-mêmes, ont du mal à trouver de belles œuvres, les fameux « fleurons » qui attirent la marche vers le haut. Nous assistons effectivement à un mouvement de pendule. Les deux années qui ont suivi le pic de la pandémie de Covid, 2021 et 2022, avaient enregistré des records car les ventes suspendues pendant les confinements étaient toutes programmées en même temps. Marquée par le conflit israélien, 2023 a été l’année du « retour sur terre ». L’année 2024 a donc été très difficile.
Des chiffres globalement en baisse
Christie’s World annonce un chiffre d’affaires total de 57,7 milliards de dollars, soit une contraction de 6 %. Et si le chiffre de 382 millions d’euros pour sa succursale française est en hausse de 23% et permet à la maison de remonter sur la plus haute marche du podium français, ce n’est pas le cas. queune reprise partielle par rapport à la baisse de 36% enregistrée l’année précédente. Même scénario pour Aguttes, qui affiche +23% en incluant Bruxelles et +15% en se limitant à la France, mais par rapport à une mauvaise année 2023 (- 45%). Dans notre Top Ten France, Sotheby’s, Artcurial, Bonhams, Ader et Tajan sont en déclin.
L’Empire des Lumières de Magritte s’est vendu 121 millions de dollars le 19 novembre chez Christie’s à New York. © Christie’s Images LTD. 2024
On note cependant quelques bons résultats grâce à une stratégie de développement énergique. Celles de la maison Millon, qui se développe à l’international et résiste en France, sans même compter les ventes qu’elle réalise pour le Crédit Municipal. Et celles d’Osenat, qui, outre sa situation historique à Fontainebleau, a aménagé une maison à Versailles et ouvert une salle de vente à Paris.
Une diversification nécessaire
S’il est difficile de « sourcer » les grands travaux, il faut se diversifier. C’est ce que font les maisons, certaines lançant de nouvelles spécialités (Sport, alcools de collection, voire immobilier…), d’autres misant sur le luxe, comme Sotheby’s, pour qui une partie du premier étage de ses nouveaux locaux parisiens est dédiée aux marques. sacs, bijoux et montres, objets préférés de millénaires.
Le 12 octobre, Sotheby’s a inauguré son nouveau flagship parisien rue du Faubourg Saint-Honoré. © Sotheby’s / Ruiz
Le succès des ventes privées
Mais l’un des faits marquants de l’année est l’essor des ventes privées, où la maison de ventes sert d’intermédiaire et où le prix reste confidentiel. Et leur variante, les ventes à prix fixe, où le prix est affiché dans une configuration qui ressemble à celle des galeries ou des boutiques de luxe. C’est notamment le cas chez Sotheby’s, qui considère que proposer des sacs Hermès ou des Rollex « à emporter » permet à leurs clients, et surtout aux jeunes et nouveaux, de repartir avec l’objet de leurs rêves sans attendre les ventes programmées. des semaines ou des mois plus tard.
Rolex Daytona « Paul Newman », Réf. 6262 « Cadran Chocolat Noir », 705 399 € © Aguttes
Les grandes maisons communiquent sur leurs ventes privées. Christie’s World annonce qu’ils ont totalisé 1,5 milliard de dollars cette année, soit un chiffre en hausse de 41 %. Tandis que Sotheby’s a dévoilé le chiffre de ses ventes privées en France : pas moins de 75,5 millions d’euros, soit plus du quart de son activité d’enchères. Les maisons 100% françaises pratiquent les ventes privées avec beaucoup plus de modération : 8,5% du produit vendu en 2023, et on attend le chiffre de 2024.
Bague émeraude de 35 274 ct. diamants. 4,00, vendu 1 674 000 €, Il Ponte, Milan © Millon
Pour éviter de terminer sur une note trop négative, soulignons que les ventes de fin d’année ont bénéficié d’une certaine amélioration. Et que du côté de Drouot, trop vite enterré, le bilan est plutôt bon. La maison de ventes parisienne attire même de nouveaux jeunes commissaires-priseurs, qui développent souvent des spécialités de niche.
TOP 10 en France
Ventes « d’art et de collection » en France, honoraires acheteurs inclus
- Christie’s : 382M€ ▲ + 23% (hors ventes privées)
- Sotheby’s : 287M€ ▼ -31% (sans 75,5M€ de ventes privées)
- Artcurial : 149,1M€ ▼ -16% (Sans ventes privées, les 3M€ du Maroc, les 19M€ de Monaco ni les 15,5M€ made in Suisse avec Beurret Bailly Widmer)
- Bonhams Cornette de Saint Cyr : 97,7M€ -8,7%
- Millon : 71,3M€ ▲ + 2% (Paris + Nice, mais sans les 34,7 M€ de Milan ni les ventes réalisées avec le Crédit Municipal de Paris)
- Travail : 61M€ ▲ +9% (Sans les 4M€ de Bruxelles)
- Aguttes : 54,7M€ ▲+15% (sans les 4M€ de voitures vendues à Bruxelles)
- Osénate : 50,3M€ ▲+ 25% (Fontainebleau + Versailles + Paris, avec 50% des pistolets Napoléon vendus 1,7M€ avec Rossini)
- Ader : 47M€ ▼ -16% (without Ader Entreprises et Patrimoine)
- Secrète : 28,5M€ ▼ -20%
Attention, Fragile ! Au Salon Sotheby’s à Paris