« Safari », de Sabri Louatah, Flammarion/Versilio, 240 p., 21 €, édition limitée 15 €.
Telle une larme d’encre sur un buvard, une tache noire s’étend rapidement à la surface d’une rétine. L’œil devient momentanément aveugle ; le monde se retrouve absorbé par cette soudaine rupture nocturne. Au retour du regard, un élément a disparu du décor. Plus précisément, il manque un être. Un enfant.
Cette expérience est celle vécue par le narrateur de SafariÉcrivain français vivant à Chicago avec sa femme américaine, Chelsea, et son fils de 4 ans, Elliott. La scène ouvre le nouveau roman de Sabri Louatah, auteur connu pour sa tétralogie Les sauvages (Flammarion/Versilio, 2012-2016), adapté en série pour Canal+ (2019). L’action se déroule dans une serre tropicale, alors qu’une tempête de neige balaie la ville. Le père, terrifié par la disparition soudaine de son fils, perd connaissance. Mais une voix étrangement familière le ramène à lui-même. Il appartient à Gabriel, le jeune homme qui a retrouvé l’enfant. Cette voix étonne le narrateur : elle est en tout point semblable à celle de son père. Or, cette dernière a disparu sans laisser de trace vingt ans plus tôt. Celui qui « consacrait une partie importante de son activité mentale à ne pas penser à [son] père “ est bouleversé.
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