Justin Trudeau et l’industrie pétrolière, neuf ans de conflits

« Négatif », « contradictoire », « frustrant ». L’héritage de Justin Trudeau n’attire aucun adjectif positif de la part de l’industrie pétrolière et gazière de l’Alberta.

Le vieux PDG de l’Association canadienne des producteurs pétroliers, Tim McMillan ne s’attendait cependant pas à ce type de relation lorsque le premier ministre libéral est arrivé au pouvoir en 2015. Un an plus tôt, il l’avait entendu s’exprimer au Club pétrolier de Calgary.

Il s’est montré très généreux envers l’industrie pétrolière et gazière. [Il a dit] qu’il ne serait pas une menace, mais un soutien. D’après mon expérience, cela a radicalement changé lorsqu’il a été élu.dit l’homme qui est maintenant associé du cabinet Stratégie de garnison.

Tim McMillan, associé du cabinet de conseil Garrison Strategy, voit très peu de points positifs dans l’héritage de Justin Trudeau pour le secteur pétrolier et gazier.

Photo : La Presse Canadienne

Tim McMillan évoque notamment deux déclarations de Justin Trudeau lors de son premier mandat. En 2016, au Forum économique mondial, le premier ministre s’opposait à ses prédécesseurs qui voulaient faire connaître le Canada pour ses ressources. Cette remarque est considérée comme un rejet du secteur des ressources naturelles.

Un an plus tard, Justin Trudeau parle en Ontario de l’élimination progressive des sables bitumineux. Il change d’avis une semaine plus tard, mais le mal est fait.

Ce que nous avons vu en termes de politiques et de réglementations au fil des ans est tout à fait cohérent avec cette idée selon laquelle le pétrole et le gaz ne sont pas au cœur de l’économie canadienne.dit M. McMillan.

Des politiques indésirables

Parmi les nombreux sujets de discorde, on peut citer la loi votée en 2019 limitant l’accostage de certains pétroliers sur la côte nord de la Colombie-Britannique ou encore la loi réformant l’évaluation des grands projets d’infrastructures, surnommée dans la loi albertaine Plus de pipelines.

Chaque projet de loi touchant l’industrie provoque une contestation judiciaire, plaçant Ottawa, Edmonton et le secteur dans un cercle vicieux de conflits, note Richard Masson, professeur émérite de l’École de politique publique de l’Université de Calgary.

Nous sommes le seul pays au monde à se tirer une balle dans le pied depuis une décennie pour qu’un petit nombre d’hommes politiques puissent se féliciterestime Martha Hall Findlay, qui se sentait frustré contre le gouvernement Trudeau.

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Martha Hall Findlay estime que le manque de collaboration et d’écoute de la part du gouvernement fédéral entrave les efforts visant à décarboner l’industrie pétrolière.

Photo : -

L’ancienne politicienne libérale dirige aujourd’hui l’École de politiques publiques de l’Université de Calgary, mais elle a également été vice-présidente du développement durable pour la compagnie pétrolière Suncor.

Elle estime que l’industrie pétrolière et gazière est prête à réduire ses émissions de gaz à effet de serre à la lumière du mouvement mondial de décarbonisation. Elle estime cependant que le gouvernement Trudeau s’est concentré sur l’arbre qui cache la forêt : des objectifs inaccessibles au Canada plutôt que sur la participation à une réduction mondiale.

Le gouvernement fédéral que nous avons a vraiment rendu les choses difficiles.

Une citation de Martha Hall Findlay, directrice de l’École de politique publique

Elle cite en exemple le plafond d’émissions qu’Ottawa continue de vouloir imposer à l’industrie malgré de nombreuses critiques. Elle déplore également l’absence d’avancées dans le projet de captage et stockage du carbone du consortium pétrolier Alliance Nouvelles Voies.

Projets approuvés

Même l’achat du pipeline Trans Mountain par le gouvernement fédéral ne trouve pas faveur aux yeux de l’industrie. Selon Rafi Tahmazian, ancien directeur des investissements énergétiques, cet achat n’a pas été réalisé. soutien à l’industriemais une nécessité de dernier recours.

Il n’existe aucune situation où quiconque croyait à la sincérité des visites de Justin Trudeauil maintient.

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Pour l’industrie, l’achèvement du projet d’agrandissement de Trans Mountain n’est qu’une maigre consolation face à l’abandon des projets d’oléoducs Northern Gateway et Énergie Est.

Photo : Trans Mountain

Il concède que le gouvernement de Justin Trudeau a autorisé le projet d’exportation de gaz naturel liquéfié de LNG Canada, qui devrait entrer en service cette année. Mais, dans la même phrase, il reproche au Premier ministre de ne pas avoir saisi les opportunités d’exporter du gaz naturel après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Quand on regarde ces deux projets [Trans Mountain et LNG Canada] on voit les profits à venir, mais aussi toutes les opportunités manquées et les investissements qui ne sont pas arrivésrésume la présidente de la Chambre de commerce de Calgary, Deborah Yedlin.

Si le départ de Justin Trudeau et le prochain changement de chef créent de l’incertitude, la présidente de l’Association canadienne des producteurs pétroliers, Lisa Baiton, espère que le prochain gouvernement se concentrera sur la croissance.

Il est extrêmement important que les dirigeants fédéraux envoient le signal que le Canada est prêt à investir davantage dans le secteur des ressources naturelles et que nous grandirons en tant que fournisseur d’énergie au monde.a-t-elle déclaré dans une déclaration écrite.

Avec les informations de Paula Duhatschek

 
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