Un morceau de rivière
Le fil conducteur de cet auteur allemand : être du côté des opprimés, écrire pour leur donner la parole dans un esprit documentaire. Publié en trois volumes de 1976 à 1982, « L’esthétique de la résistance », de Weiss, expose les défaites du monde ouvrier et de l’antifascisme dans les années 1930, suite au parcours initiatique d’un jeune homme qui voyage de Berlin à Stockholm. via l’Espagne.
Cette pièce dépasse la vie des personnages – fictifs ou non – dont on suit les errances. On découvre les déplacements des parents du narrateur chassés par les persécutions nazies ; le suicide de l’écrivain Karin Boye ; les combats clandestins antifascistes dans l’Allemagne nazie et l’anéantissement de l’Orchestre Rouge. Bref, près de 900 pages qui forment une sorte de bilan politique et esthétique du mouvement prolétarien, de ses rêves et de ses échecs. D’où une pièce longue (4 heures 15 minutes) interprétée ici par une très jeune génération de comédiens issus de l’école du Théâtre National de Strasbourg.
Un théâtre documentaire, épique, agit-prop, commedia dell’arte et narratif, dont raffole cette saison 2024-2025 du TNBA.