Présenté dans la catégorie Panorama marocain du 21e Festival International du Film de Marrakech (FIFM), « Le lac bleu », nouveau long métrage de Daoud Aoulad Syad, invite le spectateur à une réflexion profonde sur le visible et l’invisible. Dans cet entretien avec Le360le réalisateur retrace la naissance de cette œuvre ambitieuse et les défis qui ont accompagné son tournage, ainsi que sa vision singulière du cinéma.
A l’origine du projet, une rencontre marquante. “Lors du tournage de mon précédent film, « Les voix du désert », nous avions croisé un groupe de touristes aveugles lors d’une expédition au lac Iriki (à 150 kilomètres au sud de Ouarzazate, ndlr). Ils marchèrent trois jours pour le rejoindre, puis trois jours pour revenir. L’image d’un aveugle tenant un appareil photo me fascinait. Cela m’a amené à me demander : que signifie une image pour quelqu’un qui ne voit pas ?» dit-il. De cette question est né un scénario, écrit Abdelmajid Saddati et El Houssine Chani.
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Le film « Le lac bleu » s’appuie sur cette idée forte : l’invisible. « Le film ne montre pas le lac lui-même, mais invite le spectateur à l’imaginer. Pour moi, le cinéma ne se limite pas à ce qui est visible, c’est aussi ce qu’on ressent. C’est un art du rêve où le public devient partenaire dans la création de l’histoire.», argumente Daoud Aoulad Syad.
Un cinéma ancré dans la culture marocaine
-Pour donner corps à cette (non)vision, le réalisateur a choisi des acteurs majoritairement issus du théâtre, comme Mohamed Khouyi et Hasna Tamtaoui. En revanche, il a été plus difficile de trouver le bon acteur pour jouer le rôle de l’enfant aveugle. “La recherche de Youssef Kadir, qui incarne le personnage principal, a pris du -. Nous l’avons entraîné pendant un mois, avec l’aide d’un coach spécialisé, afin qu’il puisse offrir une performance naturelle, pleine de spontanéité et de sensibilité.“, explique.
Interrogé sur l’aspect « familial » de ses œuvres, souvent cité par le public et la critique, Aoulad Syad précise : «Je n’essaie délibérément pas de faire des films familiaux. Mais en tant qu’homme profondément enraciné dans la culture marocaine, mes films sont naturellement exempts de scènes qui seraient considérées comme inappropriées. Pour moi, le cinéma est avant tout un moyen de raconter des histoires avec subtilité, sans artifice ni exagération, tout en reflétant notre culture authentique.»
Par Djebbar du Ghana et Mouad Marfouk
10/12/2024 tous 10:16