L’élection de Miss France est autant suivie – elle permet à TF1 d’enregistrer l’une de ses meilleures audiences de l’année – que critiquée. Pour ses détracteurs, l’événement paraît désuet et réifiant les femmes.
L’année dernière, Sonia Rolland posait, sacrée fin 1999 20 minutes une question rhétorique : « Notre lecture de cette élection ne modifie-t-elle pas notre perception ou les véritables enjeux de la compétition ? » « Depuis quelque -, j’avais l’impression que les filles qui participaient n’étaient pas très intelligentes. Non, ce sont des filles instruites qui, compte tenu de leur âge, avec les diplômes qu’elles possèdent, sont vraiment supérieures. On est loin d’être « belles et tais-sées ». Par contre c’est vrai qu’il y a des codes. C’est un objet apprécié et, s’il a autant de succès, c’est parce qu’il fait rêver, il faut donc jouer à ce jeu. J’ai toujours dit que Miss France était un tremplin, une clé qui me permettait d’approcher un monde qui me paraissait inaccessible”, a ajouté celle qui deviendra plus tard actrice et réalisatrice.
« Un candidat de 52 ans a été applaudi et soutenu »
Cindy Fabre, sacrée il y a vingt ans et désormais directrice générale du Comité Miss France, estime qu’entre la promotion qui participera ce samedi à l’élection de Miss France 2025 et les jeunes candidates en 2004, “il y a une différence totale”. Les modifications apportées aux règles il y a deux ans, autorisant par exemple la participation des mères, des femmes trans et des candidats tatoués, ont quelque peu changé la donne. « Cette année, dans une édition régionale, nous avions un candidat de 52 ans. Elle n’a pas été élue mais a été applaudie et soutenue par toute l’assemblée parce qu’elle s’est mise au défi. »
Le changement de limite d’âge a permis à Angélique Angarni-Filopon de remporter l’élection de Miss Martinique. A 34 ans, elle figurera samedi parmi les 30 prétendantes au titre de Miss France 2025 et a déjà marqué l’histoire de la compétition : jamais on n’avait vu une aussi “vieille” participante. “Je ne sais pas si c’est une force mais je dirais que c’est peut-être un avantage parce que j’ai vécu une belle vie, j’ai eu le - de mûrir et j’en suis assez fier”, a-t-il déclaré. La télévision pour les loisirs cette hôtesse de l’air qui avait l’accord de son employeur, Air Caraïbes, pour rester en « stand-by » pendant plusieurs mois.
Ostéopathe animalier et chef de projet chez Vuitton
La Martiniquaise n’est pas la seule à exercer un métier. La variété des métiers des candidates à Miss France 2025 est également surprenante. Manon Le Maou, Miss Franche-Comté, est sous-gendarme. Il demande la disponibilité pour participer. Miss Auvergne, Romane Agostinho, est ostéopathe animalière. Mélissa Atta Bessiom, qui portera le foulard Pays de la Loire, est chef de projet de Louis Vuitton et Moïra André, consultante numérique du conseil départemental de Guadeloupe, qu’elle représentera. Running Stella Vangioni a joué dans la série « Un si grand soleil » et a créé une ligne de maillots de bain éco-responsables. Cette poignée d’exemples, non exhaustifs, bouleverse l’image de candidats naïfs que peut avoir en tête une partie du public.
“La manière de participer à la compétition et les envies sont différentes aujourd’hui par rapport à 2004”, souligne Cindy Fabre. Au moment de ma participation, nous ne savions pas où nous allions. J’y suis allée pour prouver à ma mère qu’elle avait tort et que je ne pouvais pas gagner un concours de beauté parce que je ne me trouvais pas jolie. Les participants actuels savent à quoi ils font face, qu’ils seront aux côtés de 29 autres candidats qui veulent la couronne et que leur vie peut être transformée. »
Notre dossier sur Miss France
Revenons à la « rampe de lancement » dont parle Sonia Rolland. Les Miss d’aujourd’hui savent que si elles gagnent, elles peuvent propulser leur carrière dans une autre dimension. Beaucoup de design dans le domaine de l’audiovisuel. C’est le cas d’Eve Gilles, la tenante du titre, qui se verrait bien « faire de la télévision », mais souhaite aussi s’investir dans son rôle d’ambassadrice des mathématiques pour inciter davantage de jeunes femmes à étudier dans ce domaine.
Fiançailles
Parmi les promotions de 2024, plusieurs Miss annoncent leurs engagements. Par exemple, Alexcia Couly, représentante de Rhône Alpes, investit dans la conservation de la biodiversité marine, Zaya Toumbou, de Mayotte, profiterait de sa victoire pour s’engager dans la protection de l’environnement. Julie Dupont, Miss Ile de France, informée Match parisien qu’elle luttait « au quotidien contre la fast fashion » et que « promouvoir la diversité dans les médias » est une cause qui lui tient à cœur.
Née d’un père français et d’une mère camerounaise, elle exerce le métier de journaliste et souhaite “représenter un profil de femmes parfois marginalisées”. A 26 ans, elle fait partie des candidates à Miss France 2025 qui n’auraient pas pu y participer cette année si le règlement n’avait pas modifié la limite d’âge. « La compétition évolue avec le -, on redéfinit ce qu’est la « beauté » et je trouve ça incroyable », dit-elle. Je ne suis pas sûr que cela incitera les personnes qui voient d’un mauvais œil l’élection de Miss France à arrêter de se rebeller, mais c’est déjà une petite révolution.