Au Centquatre, artistes et scientifiques unis pour la défense des océans

« Nous sommes l’océan, né de l’océan », écrit l’artiste japonais Maki Ohkojima sous l’une des fresques présentées. dans la salle du Centquatre. Portant la voix des poulpes, baleines, méduses et autres créatures marines, il annonce la couleur de nouvelle exposition au centre d’art parisien : une merveilleuse vague de bleu !

Pour mettre en valeur ce précieux écosystème, gravement menacé par le réchauffement climatique, une quarantaine d’artistes ont été réunis par le Centquatre et le Fondation Tara Océan.

Résidences en bord de mer à bord d’une goélette

Ellie Ga, Fissure 7, 74°N, 12°W2008-2011

Cette organisation fondée en 2003 Agnès Troublé, plus connue sous le nom d’Agnès B., et son fils Étienne Bourgois, se sont donné pour mission d’étudier la biodiversité des fonds marins et sensibiliser le public aux enjeux environnementaux. Ceci notamment à travers l’art, le célèbre styliste étant un grand collectionneur et mécène. Au centre de ce projet, un bateau : le goélette Taraune sorte de laboratoire scientifique à bord dans lequel ont embarqué les artistes, invités depuis 2005 à retranscrire à leur manière cette aventure hors du commun. Les œuvres réalisées au cours 13 expéditions organisées depuis vingt ans, de la Méditerranée à l’Arctique, sont réunies au Centquatre dans un voyage qui explore les thèmes de paysages, êtres vivants, pollution et les plus sensibles des fonds marins.

Bleue mais aussi jaune, verte, brune… L’eau dévoile ses mille et une nuances à travers le série du photographe Nicolas Floc’h « La couleur de l’eau, la Seine » (2024). Son nuancier composé de 144 tirages pigmentaires, comme de nombreux monochromes, fait office de contrôle sanitaire du fleuve parisien et les organismes vivants qui le peuplent… Après tout, connaissez-vous bien ces mystérieux habitants sous-marins ? Le biologiste Christian Sardet ils les ont observés de près en rejoignant le collectif d’artistes multimédia Macronautes. Ensemble, ils ont tiré le portrait de plancton. En photos et vidéos, le projet « Plankton Chronicles » nous permet d’évoluer avec ces êtres vivants microscopiques luminescents. Une belle petite galaxie.

Nicolas Floc’h, La couleur de l’eau, la Seine à la « Grande Expédition, CENTQUATRE-PARIS »2024

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144 tirages pigmentaires, collage sur aluminium • © Quentin Chevrier

Pour Laure Winants, ses œuvres sont des « fossiles du futur », témoins du massacre en cours de la biodiversité marine.

De son côté, Antoine Bertin laisse parler le phytoplancton. A partir de données scientifiques, l’artiste a créé un objet sonore unique, qui donne écouter l’activité de ces micro-organismes végétaux. Au CentQuatre l’expérience se déroule à travers une installation, Conversation sur les métabolites (2022), composé d’un haut-parleur et d’une « flaque de verre » dans laquelle ils apparaissent images d’océan. Comme si nous étions derrière le hublot d’un sous-marin…

L’union de l’art et de la science

Cette ambition de cartographier l’insaisissable grâce aux outils de la science il est partagé par d’autres artistes. Avec « Regnum Marine », l’artiste et docteur Lara Tabet a ainsi créé un liste des espèces marines invisibles. En utilisant l’eau des échantillons collectés, il imprime leur image qui apparaît sous forme de hiéroglyphes. Quant à l’artiste-chercheuse Laure Winants, elle rend perceptible l’impact de la pollution sur les fonds marins captant l’empreinte des polluants, à bord du voilier de la Fondation Tara, grâce à une technique qu’elle appelle la « synesthésie océanique ». Pour elle, ses œuvres sont des « fossiles du futur », témoins du massacre en cours de la biodiversité marine.

Elsa Guillaume, Fins & Slices à la « Grande Expédition, CENTQUATRE-PARIS »

Elsa Guillaume, Fins and Slice à la « Grande Expédition, CENTQUATRE-PARIS »2016-2022

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Installation, céramique, néoprène, rivets • © Quentin Chevrier

Un carnage exposé plus crûment chez Elsa Guillaume. Branchies de sac à dos, lunettes fish-eye, palmes… Son installation en céramique est ludique et macabre Ailerons et tranches (2016-2022) montre la chair fragmentée des espèces marines en proie à une pêche intensive. Une œuvre créée grâce à ses notes et dessins collectés à bord de Tara. Pourquoi ces résidences artistiques en pleine mer ils étaient souvent l’occasion de tenir registresdont certaines sont présentées en toute fin d’exposition.

« Les artistes nous font comprendre que l’océan est vivant et qu’il nous fait vivre », explique José-Manuel Gonçalvès. Le directeur du Centquatre entend prolonger l’engagement du centre d’art sur les questions écologiques, deux ans plus tard « Graines, l’expo ! »qui mêlait déjà art et science. L’avantage de réunir artistes et scientifiques dans un même environnement ? Pour Myriam Thomas, de la fondation Tara, la question est simple : « ce sont deux mondes qui observent chacun la réalité et convergent vers un même désir : une prise de conscience du rôle vital de l’océan. »

Flèche

La Grande Expédition. Tara, l’art et la science pour révéler l’Océan

Du 16 novembre 2024 au 2 mars 2025

Centfour-Paris • 5 Rue Curial • 75019 Paris
www.104.fr

 
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