Chloé Valmary3 décembre 2024
Quand un thriller noir tragi-comique rencontre l’ironie mordante et les personnages désespérés des frères Coen, le résultat est « LaRoy ». Primé au Festival de Deauville 2023, ce premier long métrage de Shane Atkinson transporte le spectateur dans un Texas poussiéreux où l’absurde se confond avec la violence. Une œuvre à ne pas manquer ce soir sur CINE+ OCS pour les amateurs de thrillers insolites.
D’abord diffusé en festivals, où il a fait sensation, notamment à Deauville, “LaRoy” raconte l’histoire de Ray (John Magaro), un homme ordinaire dépassé par les événements. Ce dernier est un gentil perdant, enfermé dans une vie ennuyeuse et humilié par son épouse infidèle, une ancienne reine de beauté.
Alors qu’il s’apprête à mettre fin à ses jours dans une chambre de motel miteuse, un malentendu vient tout chambouler : il est pris pour un tueur à gages. Et le voilà, malgré lui, plongé dans une spirale de violence et de mensonges, à laquelle il répond par un mélange d’improvisation maladroite et d’humour pince-sans-rire.
L’univers du film s’appuie sur une esthétique à la fois réaliste et fantastique d’un désert texan, où règnent poussière, motels miteux et tension palpable. Shane Atkinson parvient, dès les premières minutes, à instaurer un décor et une atmosphère qui rappellent les meilleurs thrillers noirs.
Le cœur de l’histoire réside dans la dynamique entre Ray et Skip (Steve Zahn), un détective amateur doté d’une imagination débordante. Ce duo improbable crée des situations à la fois hilarantes et tragiques.
On rit de leurs maladresses, on s’émeut de leurs échecs et on ne peut s’empêcher de s’attacher à ces magnifiques perdants.
Si l’on devait placer « LaRoy » dans l’arbre généalogique du cinéma, il serait un cousin éloigné mais respectueux de classiques comme « Fargo » ou « Blood for Blood » des frères Coen. Shane Atkinson s’approprie les codes du thriller noir et de la tragi-comédie pour tisser une histoire profondément humaine, sans jamais perdre de vue l’absurdité des situations ni la fragilité des personnages.
Ray, qui semblait au départ condamné à une vie ennuyeuse, finit par se révéler à travers d’incroyables aventures. On assiste donc à une subtile métamorphose : ce personnage passif et résigné prend enfin les choses en main et redéfinit son existence.
Ce voyage, aussi touchant que drôle, fait écho direct aux grands thèmes du cinéma des frères Coen : la médiocrité face au mal implacable, l’absurdité du destin et cette capacité à retrouver un sursaut d’humanité au milieu de chaos.
trop mou à voir sur CANAL+.
