Lors du Festival International du Film de Marrakech (FIFM) 2024, le réalisateur canadien David Cronenberg, l’un des réalisateurs les plus innovants et les plus influents de sa génération, a partagé ses réflexions sur son parcours artistique. Dans une conversation animée par Andrea Picard, directrice artistique du Festival Cinéma du Réel, Cronenberg a parlé de son approche unique du cinéma, de son intérêt pour le corps humain et de son exploration du cinéma de genre.
Une approche philosophique de la vie et de la mort
Élevé par une mère pianiste et un père écrivain, Cronenberg a eu une enfance pleine de créativité et il a été attiré dès son plus jeune âge par le monde de l’écriture. «Je m’endormais au son de la machine à écrire», se souvient-il en parlant de l’influence de son environnement familial artistique. Cette exposition précoce au processus créatif semble avoir inspiré sa future carrière de scénariste.
De la curiosité au cinéma
Cette expérience a suscité l’intérêt de Cronenberg pour le cinéma, non seulement comme forme d’art, mais aussi comme moyen d’expression personnelle. L’artiste s’est également particulièrement inspiré de la scène cinématographique underground new-yorkaise des années 1960, où les cinéastes utilisaient du matériel simple tout en rejetant les voies traditionnelles et coûteuses de la production cinématographique. « Il n’est pas nécessaire de travailler dix ans à porter des bobines de film pour un producteur. Vous n’avez pas besoin d’aller à l’école de cinéma. Prenez un appareil photo, vos amis, filmez et faites un film, a-t-il expliqué. Aujourd’hui, avec les téléphones, cela peut paraître désuet, mais à l’époque c’était un véritable défi technique. Synchroniser le son avec l’image n’a pas été chose aisée. Mais j’étais vraiment curieux de voir comment cela fonctionnait. »
Innover avec le cinéma de genre
« J’ai tourné mes deux premiers longs métrages, « Stéréo » et « Crimes du futur » en 35 mm, je les ai filmés, je les ai montés moi-même, j’ai fait jouer mes amis.
Son premier film, « Shivers » (sorti aux États-Unis sous le titre « They Came From Within »), était une œuvre révolutionnaire dans le genre de l’horreur. À l’époque, les Canadiens étaient réticents à soutenir de tels films, mais le projet de Cronenberg a fini par attirer l’attention des distributeurs américains, ce qui a entraîné son succès. Ce succès permet à Cronenberg de continuer à travailler au Canada et de consolider sa place dans l’industrie cinématographique mondiale.
Le corps et la technologie au cinéma de Cronenberg
Ce thème est évident dans des films tels que “Videodrome” (1983), “The Fly” (1986) et “Dead Ringers” (1988), dans lesquels les personnages subissent des transformations inquiétantes, brouillant les frontières entre l’homme et la machine ou entre la victime et le bourreau. . .
Un réalisateur avec une vision
La voix unique de Cronenberg lui a valu un public nombreux et fidèle, et son travail continue d’influencer le cinéma aujourd’hui. Sa volonté d’aborder des sujets inconfortables et tabous et son exploration des aspects les plus sombres de l’humanité continuent de résonner auprès des téléspectateurs et des cinéastes.
Ses films reflètent souvent ses inquiétudes quant à la direction que prend la société, notamment en ce qui concerne le rôle de la technologie dans nos vies. Que ce soit à travers ses premières œuvres expérimentales ou ses incursions plus récentes dans le cinéma grand public, les films de Cronenberg ont redéfini le cinéma de genre, et son influence se fera sentir pendant de nombreuses années à venir.