Des témoins inédits s’expriment dans ce documentaire, diffusé dimanche à 21h05. Ainsi que des experts du département d’Etat américain, qui dressent le portrait psychologique de l’autocrate tué en 2011.
C’était un étudiant presque comme les autres, peu diplômé mais très ambitieux. Sur les photos, il dévoile un sourire serein et charismatique. Après le coup d’État de 1969 organisé avec ses camarades et les quatre décennies d’abus de pouvoir qui ont suivi, le vieux Mouammar Kadhafi affichait un air abîmé par une vie dissolue et la chirurgie esthétique. Le visage d’un homme cruel qui vivait dans la peur d’être assassiné.
Les auteurs de ce documentaire informatif et ingénieusement réalisé ont cherché à comprendre ce que cachait ce visage. Sa profonde motivation. Ils sont allés à la rencontre de témoins inédits et ont interrogé des membres du Département d’État américain, spécialisé dans les portraits psychologiques de dictateurs. Leurs chemises propres et leur ton flegmatique contrastent avec l’homme dont ils analysent les rouages intimes. Ils disaient qu’il partageait certains traits avec d’autres autocrates, de Poutine à Kim Jong-un, toujours au pouvoir aujourd’hui. Kadhafi est mort en 2011, huit mois après le début des émeutes en Libye, lynché par une foule.
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Narcissisme profond
Des dissidents, dont un homme qui a passé trente-six ans en prison, témoignent ici de la violence des tortures et du caractère arbitraire des arrestations. A l’inverse, un de ses anciens soldats le comble d’éloges comme s’il devait encore répondre à ses ordres. «C’était un leader!» »il jure. Un dirigeant responsable, entre autres, de la mort de 170 personnes, dont 54 Français, dans un attentat en 1989. Le film n’oublie pas de retracer son soutien au terrorisme international. En même temps que ses coups d’État politiques qui lui ont permis, après 2001, de redevenir social.
On se souvient de sa tente dressée à l’hôtel Marigny en 2007… Était-il fou ? Pire, le colonel libyen était ” rationnel “répondent les experts américains, qui s’appuient sur des logiciels d’analyse un peu obscurs. À son profond narcissisme, son manque d’empathie et son besoin de contrôle, Kadhafi a combiné un sens stratégique qui lui a permis de rester au pouvoir pendant quarante-deux ans. Durant lequel, chapitre insuffisamment exploré dans ce documentaire, le leader a également mis en place un sinistre système d’esclavage sexuel.