Le corps sans vie de la journaliste indépendante Marine Vlahovic a été retrouvé sur le toit-terrasse de son appartement marseillais dans la matinée du lundi 25 novembre. Elle avait 39 ans.
Marine avait été correspondante de plusieurs radios francophones, et notamment RFI et Radio France, à Ramallah, en Cisjordanie, de 2016 à 2019. De son expérience, elle a tiré son formidable Cahiers de correspondance diffusée sur Arte Radio — une chronique drôle, sensible et critique sur la beauté et les limites de la grande usine de l’information. Ces Carnets lui ont également valu le prix du Scam Documentary Podcast Prize en 2021.
Marine rentre ensuite en France où elle s’installe à Marseille, attirée comme toujours par la Méditerranée. Après les massacres du 7 octobre 2023, à la suite desquels Israël a commencé la guerre toujours en cours contre Gaza, elle a tenté de s’y rendre, en vain. Elle était coincée au Caire.
Ces derniers mois, elle n’avait cessé de relayer la voix de ses confrères journalistes gazaouis, tout en essayant de leur envoyer des colis de première nécessité. Après 15 ans de métier, dégoûtée par le traitement médiatique de la guerre à Gaza par les médias français, elle n’avait pas demandé le renouvellement de sa carte de presse, note télérama.
Un compagnon de route de Reporterre
Marine Vlahovic a fréquemment collaboré avec Reporterre en 2015 et 2016, avant ces années de correspondance au Moyen-Orient. Elle a ensuite vécu à Toulouse, et y a suivi les luttes environnementales pour nous et aussi le combat des citoyens algériens contre le gaz de schiste.
Elle a également mené, avec Elsa Souchay, l’une des enquêtes les plus importantes de la jeune histoire de Reporterremettant en avant la responsabilité des gendarmes et de leur hiérarchie dans la mort du jeune militant écologiste Rémi Fraisse, en 2014.
« Elle avait de l’intégrité, un sens de la justice et un journalisme impeccable.se souvient de son amie Elsa Souchay. Elle a abordé des sujets que peu de gens avaient le courage d’aborder et n’a jamais abandonné une cause qui lui semblait juste, souligne-t-elle. Elle était très compétente, c’était un bonheur de travailler et de partager des moments avec elle, c’était une personne en or. »
En juin dernier, c’est avec joie qu’Hervé Kempf, directeur de la rédaction de Reporterreavait parlé avec Marine. Elle avait toujours la même énergie et a notamment aidé une famille d’amis gazaouis, qui avaient perdu leurs quatre enfants dans un bombardement israélien, à rejoindre la France. « Nous avions discuté de la possibilité de trouver des correspondants à Gaza pour raconter le génocide »dit-il.
C’est avec une grande tristesse que Reporterre appris le décès de Marine. Toute l’équipe présente ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
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