« Hanna des Molles, bien plus que la jument de sa vie »

« Hanna des Molles, bien plus que la jument de sa vie »
« Hanna des Molles, bien plus que la jument de sa vie »

ParisTurf : Vous attendiez-vous à un tel retour d’Hanna des Molles lors du Prix Paul Delanoë ?

Jean-Louis Béraud: Non, j’ai été complètement surpris. Elle en a fait un certain nombre, car son parcours n’a pas été facile. Avant l’incident, nous étions tous très inquiets, car elle traversait une période difficile. On a même pensé, à un moment donné, qu’elle avait trop couru et qu’il fallait éventuellement envisager de passer à autre chose si vous voyez ce que je veux dire (ndlr, devenir poulinière). Mais je la trouve un peu jeune pour ça, d’autant qu’elle n’a pas beaucoup couru jusqu’à présent.

Comment expliquez-vous ce marasme ?

Comme elle avait subi deux crises de sang avant le meeting d’hiver, il était possible qu’elle ait des séquelles. C’est une hypothèse que nous avions formulée. Nous n’avions pas la réponse, car la jument travaillait dur. Mais là, elle a levé les doutes. Elle ne peut pas gagner en 1’09”6 en étant réduite. Tel le phénix, elle renaît de ses cendres. Et ce n’est pas la première fois. Elle a vécu une période difficile après le Critérium des 3 Ans. J’ai retrouvé ma jument, comme je l’ai dit à mes amis à la fin de ce Prix Paul Delanoë.

Que ressentez-vous d’avoir donné naissance et d’être propriétaire de la jument la plus rapide de France et d’Europe ?

Comme je l’ai déjà dit après son triomphe sur le Critérium, ainsi que suite à ses victoires dans les trois groupes que j’ai montés, cela donne du sens à tout ce que j’ai fait. Je me dis, finalement, que j’ai bien fait de le faire. Mais je sais que cela demande aussi du succès. Je me suis lancé dans l’aventure il y a une dizaine ou une douzaine d’années. Il a fallu créer l’établissement et tout ce qui va avec. Revenant à son temps de 1’09”6, ce n’est pas rien. Et un record reste un record. C’est sérieux. Elle va plus vite que les chevaux attelés, et ce départ de volée.

C’est une belle histoire que tu vis…

Oui. Hanna des Molles, c’est la jument d’une vie, et même bien plus que cela. J’ai commencé l’élevage à 60 ans, sans sortir du milieu. Avant, j’ai travaillé dans le domaine industriel de haute technologie. Avant de vendre mon entreprise et de me consacrer à l’élevage, j’avais déjà deux ou trois poulinières, sans prétention. Je n’avais même pas l’idée de monter un jour à cheval pour courir à Vincennes, encore moins gagner un Groupe I.

Le succès d’Hanna des Molles a-t-il changé quelque chose dans votre activité d’éleveur ?

Oui bien sûr. Nous avons plus de ressources. On regarde un peu moins les dépenses. Quand on a des résultats dans un domaine donné, ce n’est pas stupide d’en réinvestir une partie, voire plus. Ce qui m’apporte »Hannah” remonte à l’élevage. Aujourd’hui, pour une projection de Face Time Bourbon à 40 000 €, on ne calcule pas deux mois pour savoir si on le fait ou pas. Nous sommes un peu plus libérés et un peu plus ambitieux.

On anticipe un peu, mais pourrait-elle aller à Face Time Bourbon ?

C’est une bonne question, sauf qu’elle est un peu prématurée. J’aimerais qu’elle poursuive sa carrière encore un peu. De nombreux chevaux courent depuis 10 ans ou plus. regarder Billie de Montfort. Je me dis qu’on a encore 4 ans devant nous. Quand elle ira au haras, nous choisirons si ce sera Bourbon Face Time, Rêve de cheval, Idao de Tillard ou peut-être un “M” que nous ne connaissons pas encore. Compte tenu de sa génétique et de ses performances, elle mérite le meilleur mari (rires).

Comment votre élevage a-t-il évolué ces dernières années ?

J’ai encore cinq poulinières, mais j’ai pris un petit virage. J’ai récupéré quelques-unes de « mes filles » (ndlr, les juments qu’il a élevées). j’ai notamment Graine de Mollesqui a été élevé par Face Time Bourbon cette saison. Cela me met à nouveau au défi et j’attends avec impatience les résultats.

Vous fixez-vous un objectif à atteindre ?

Je travaille pour obtenir un étalon issu de mon élevage, ce qui me plairait beaucoup.

Pour conclure, comment jugez-vous la chance de la jument dans ce Prix Guillaume de Bellaigue ?

Je vais vous répondre de manière concise. S’il affiche la même valeur que le dernier, il n’y aura pas de course.

 
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