Ce dernier a reçu très tôt le don du magnétisme et l’utilise loin de l’image tenace du guérisseur silencieux d’arrière-cuisine. Juliette se qualifie de « coupeur de feu ». Elle en parle ouvertement sur les réseaux sociaux, ce qui lui vaut d’être suivie par une cinquantaine de milliers de personnes. Un profil atypique, ensoleillé, qui donne toute sa profondeur au film. «Quand je l’ai rencontrée, je suis immédiatement tombé amoureux d’elle», s’enthousiasme le réalisateur. Elle est jeune et en même temps très mature lorsqu’elle parle de son don. Et puis, c’est aussi véritablement un personnage de cinéma. Elle capte la caméra, elle prend de la place sur l’écran.
Vacances d’été
Il y a le personnage central, il y a aussi le décor. C’est l’autre grand pas en dehors du film. Pauline Jeanbourquin a suivi son protagoniste lors d’un camp scout à Nice le temps d’un été. Elle et son équipe y ont joué en toute discrétion et se sont immergés dans le groupe d’adolescents qui entouraient le guérisseur pendant ces vacances d’été. «Quand j’ai appris que Juliette partait en camp, je me suis dit que c’était l’occasion idéale pour tourner le film», sourit Pauline Jeanbourquin.
Feu feu feu profite ainsi de l’occasion pour aborder plus largement les questions de cette génération d’adolescents à qui on prédit un monde compliqué. « De quoi rêvent-ils ? Quels sont leurs doutes ? énumère le réalisateur. On se rend compte d’une certaine perte de repères dans une époque où tout est possible et où il est parfois difficile de savoir où l’on va.
Ce documentaire permet également d’observer la manière dont ces jeunes abordent le thème du secret et de la spiritualité. « On voit parfois Juliette essayer de soigner les coups de soleil de ses amies et certaines lui demander de leur apprendre son don. Il y a aussi quelqu’un qui déclare très directement ne pas croire à ces choses-là», souligne la jeune femme de 29 ans.
La part de fiction
Tout cela mis ensemble donne quelque chose de très « film d’été ». Son auteur le revendique également. L’impression est renforcée par le soin apporté à la composition des images, souvent prises à la lumière du matin ou du soleil couchant.
On se demande parfois quelle est la part du documentaire et de la fiction, ce qui est spontané et ce qui est mis en scène. Le réalisateur rétablit l’ordre. « Nous avons eu beaucoup de chance que le camp ait un programme très précis. Nous savions quand certains sujets allaient être abordés. Parfois, nous nous sommes simplement permis de demander aux jeunes de reporter leurs discussions à un autre moment, dans un lieu plus esthétique. Le reste s’est fait naturellement. Ils ont été très généreux dans ce qu’ils ont livré par eux-mêmes.
“Fire, Fire”, est sorti en salles le 13 novembre. Il arrivera vendredi à Cinémont dans le cadre de Delémont-Hollywood. Nul doute que dans un pays du secret comme le nôtre, les sièges seront bien remplis. « Ce n’est pas un film exclusivement réservé aux personnes intéressées par ce sujet. Il aborde aussi des thématiques universelles », ajoute-t-elle d’emblée.
Quant à elle, on n’a pas le temps de s’ennuyer. La Vadaise aujourd’hui établie entre Delémont et Vevey a la chance de vivre du cinéma. Une autre de ses productions est également devenue visible récemment : Le coeur à l’élevage, un autre documentaire, qui l’envoyait cette fois s’immerger dans le quotidien d’un éleveur de vaches.
Entre ça et le secret, la Jurassienne reste proche de ses racines.