La migration internationale continue d’augmenter au Québec, alors que c’est l’inverse qui se produit en Ontario et en Colombie-Britannique. Ce contraste pourrait exacerber les défis du marché locatif québécois, déjà sous pression.
Un peu plus de 105 000 immigrants et résidents non permanents sont arrivés au Québec entre janvier et juin 2024, selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Pour la même période l’an dernier, ce nombre s’élevait à 92 631, soit une augmentation d’environ 14 %.
Francis Cortellino travaille ces jours-ci à mettre la touche finale à l’étude annuelle du marché locatif de la SCHL, qui sera publiée à la mi-décembre. Cette analyse, toujours très attendue par les groupes de locataires et de propriétaires, fera le point sur la crise du logement qui sévit un peu partout dans la région de Montréal et ailleurs au Québec.
Compte tenu du débat actuel sur l’immigration, M. Cortellino a jugé opportun de partager vendredi sur le réseau LinkedIn ses conclusions sur les chiffres les plus récents dont il dispose en matière de migration internationale.
«Nous nous attendons à une autre année très forte», a expliqué Francis Cortellino, économiste à la SCHL. « Mais quand je suis allé voir les autres provinces, j’ai été un peu surpris de voir que [le nombre de nouveaux arrivants] était en baisse. »
Au cours de la même période, en Ontario et en Colombie-Britannique, le nombre de nouveaux immigrants et de résidents non permanents a diminué respectivement de 18 % et de 12,7 % entre 2023 et 2024.
Malgré cette baisse, le nombre de nouveaux arrivants demeure tout de même plus élevé en Ontario qu’au Québec, s’établissant à 207 656 pour les six premiers mois de 2024. Le Québec se retrouve alors devant la Colombie-Britannique, qui en comptait 79 856 pour la même période.
Pour le moment, la SCHL ne dispose que de données de janvier à juin 2024. « Il sera intéressant de suivre les données des six derniers mois de 2024 pour voir si ce constat se vérifie », a ajouté M. Cortellino.
Ces données ne reflètent toutefois pas les immigrants qui ont quitté le pays. Il y en a environ 2 500 au Québec, a noté Francis Cortellino, ce qui représente environ 2,4 % des 105 000 nouveaux arrivants.
Pression du marché
Le 26 octobre, le gouvernement fédéral a révisé ses seuils d’immigration permanente et a annoncé que le nombre de résidents permanents passerait de 485 000 à 395 000 d’ici 2025. L’objectif initial avait été fixé à 500 000 immigrants permanents, malgré la crise du logement.
« Plusieurs facteurs mettent le marché locatif sous pression. À l’heure actuelle, la forte croissance de la population en fait partie », a déclaré M. Cortellino, précisant que la migration internationale représente une part importante de la croissance démographique.
Mais le spécialiste a également précisé que la migration internationale n’est pas le seul facteur expliquant la forte demande de logements : « Les jeunes restent beaucoup plus locataires qu’avant », ajoute-t-il.