Le grand musicien et producteur de musique, décédé le 3 novembre 2024, a suivi des cours auprès de Nadia Boulanger, rue Ballu, pour devenir chef d’orchestre. Madelen vous propose de voir ou revoir ces débuts d’une immense carrière.
En près de 70 ans de carrière, Quincy Jones a composé et orchestré d’innombrables mélodies devenues légendaires. Il a remporté 28 Grammy Awards et accroché des centaines de disques d’or et de platine à ses murs. Combien exactement ? Il a admis qu’il ne connaissait pas le nombre exact ! Si, en son temps, Michael Jackson n’a jamais manqué de souligner qu’il lui devait Hors du mur, Thriller et Mauvaison oublie souvent que le musicien, également producteur, est, entre autres, à l’origine de certains des plus grands tubes de Frank Sinatra et Ray Charles, mais aussi, entre autres, des rythmes d’Aerobics qui fait partie de la légende. de Jane Fonda.
Madelen vous propose de découvrir ou redécouvrir des images résumant une vie professionnelle qui doit beaucoup à la France. C’est en effet là, en 1957, que tout a commencé. Passionné de musique depuis son plus jeune âge, il décide à l’âge de 20 ans de suivre les cours de musique pour cordes indispensables à la réalisation de son rêve : devenir chef d’orchestre. Ses origines afro-américaines lui interdisant d’entrer dans toutes les écoles de New York, il casse sa tirelire et embarque sur un bateau pour Le Havre. Il sait qu’il existe à Paris une classe où les étrangers, quelle que soit leur couleur de peau, sont admis pour apprendre les bases du classique. C’est ainsi qu’il se retrouve, rue Ballu, face à Nadia Boulanger, également directrice du Conservatoire américain de Fontainebleau.
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Trois fois par semaine, dans son appartement, cette pédagogue hors du commun, dont les amis s’appellent Stravinsky, Gershwin et Ravel, enseigne l’écoute et l’analyse des partitions, à travers ce qu’elle a appelé «classe de merveille musicale». Celui que ses élèves, dont Michel Legrand, appellent respectueusement « Mademoiselle » est le premier à croire au talent de cet apprenti musicien de 23 ans. Elle l’encourage à travailler sans relâche. Il l’écoute sans discuter. Evoquant cette période bien plus tard, il dit « Elle n’arrêtait pas de me répéter : Quincy, il n’y a que douze notes. Jusqu’à ce qu’il y en ait une treizième, apprenez tout ce que vous pouvez sur ce que d’autres ont fait avec ces douze notes. C’est exactement ce que j’ai fait..
Il passe ses nuits dans les clubs et débute comme trompettiste dans l’orchestre de jazz de Lionel Hampton. C’est là qu’il a été repéré par Eddie Barclay. A l’origine chef d’orchestre, il crée quelques années plus tôt un label dont le succès le rend « le roi du LP ». La sympathie mutuelle est immédiate et se transformera en une amitié indéfectible. Dès leurs premiers échanges, Eddie Barclay a proposé à Quincy Jones de rejoindre son équipe de directeurs artistiques. Le musicien qui a suivi quelque temps la formation de Dizzy Gillespie puis a tenté, en vain, de monter son propre spectacle, accepte sans hésiter.
Pendant cinq ans, avant de rentrer aux Etats-Unis, il passe jours et nuits en studio et travaille en coulisses avec Henri Salvador, Boris Vian, Jacques Brel, Charles Aznavour, Claude Nougaro et Nana Mouskouri. Lorsqu’en 1960 il entend le ton de cette jeune Grecque timide, venue tenter sa chance en France, il croit immédiatement en son avenir. C’est grâce à lui qu’elle enregistre à New York un album de classiques du jazz qui lui ouvre les portes d’une carrière internationale.
Jusqu’à ces dernières années, Quincy Jones faisait régulièrement des détours par la France, notamment pour assister au « Nuits blanches » tableaux colorés d’Eddie Barclay, dans sa villa de Saint-Tropez. En 2015, il produit trois titres de l’album de Zaz, Paris dont un duo avec Charles Aznavour. Enfin, le 27 juin 2019, il fête ses 86 ans en donnant un concert exceptionnel à Bercy, en présence de plusieurs générations de stars, de Nana Mouskouri à Ibrahim Maalouf en passant par Véronique Sanson. “Je suis tellement heureux de rentrer à la maison”, a-t-il déclaré en français devant les tribunes bondées. J’ai vécu 66 ans d’amour avec cette ville, ses habitants, ses plats, ses vins, ses femmes. MERCI ! Paris, je t’aime 10 000 fois ! ». Sa plus belle histoire d’amour.