Vous ferez partie du jury du Festival européen du court-métrage de Brest, du 12 au 17 novembre 2024. Comment avez-vous trouvé cette aventure ?
Julie Roué : « Je sais que le festival souhaite inviter les cinéphiles de la région. J’ai grandi à Saint-Urbain et fait mes études à Landerneau. Brest est mon pays ! Et j’ai rencontré une partie de l’équipe du festival par l’intermédiaire d’amis communs, au Festival de Cannes en 2023. J’adore le court métrage : c’est l’avenir du cinéma. C’est là que l’on voit les formes les plus libres, là où l’on peut déplacer les curseurs esthétiques.
Comment êtes-vous devenu compositeur de bandes sonores ?
« Je suis venu au cinéma par le son. J’ai fréquenté l’école Louis Lumière à Paris, où il y avait des étudiants en cinéma et en photographie. C’était tout à fait naturel de commencer à travailler ensemble. Et puis la musique de film, c’est aussi un moyen pour les timides de faire de la musique sans avoir besoin d’être sur scène. Quand j’étais plus jeune, bricoler dans ma chambre d’étudiant en créant des bandes originales de films était beaucoup plus accessible. Même si avec le temps, il peut être frustrant de toujours se mettre au service des autres, on se demande quelle est réellement la musique qui nous habite ! C’est pourquoi je développe aussi actuellement un projet plus personnel, Jo Vague, de chansons en français avec une aspiration techno.
« Seules 7 % des bandes originales de films distribuées en salles sont écrites par des femmes ! C’est le métier où il y a le plus de retards ! »
Vous avez récemment écrit la musique de la série « Zorro », avec Jean Dujardin. Avez-vous réussi à conserver votre liberté dans une production comme celle-ci ?
« Au final, je ne me sentais pas comme une super machine, car nous avons le même âge avec les monteurs et les réalisateurs et nous nous entendons très bien. Il y avait toujours ce fonctionnement collégial et cette super ambiance qui me permettait de me sentir très libre de travailler. Au final, le plus impressionnant, c’est Jean Dujardin lui-même, car il est très attentif à tout. C’est aussi lui qui a dit à un moment donné qu’il fallait un thème pour Zorro, pour le personnage. Je ne l’avais pas prévu, c’est arrivé et c’était une excellente idée.
Vous vous engagez pour l’égalité dans les métiers cinématographiques avec les collectifs 50/50 et surtout Troisième Auteur, pour les compositrices. Pourquoi cette cause ?
« Il suffit de constater la rareté des compositrices dans ce milieu : seulement 7 % des bandes originales des films sortis en salles sont écrites par des femmes ! C’est le métier où il y a le plus de retards ! Avec le collectif on essaie de partager des expériences, d’expliquer comment fonctionne ce milieu, d’aider ceux qui débutent, de faire en sorte qu’ils n’aient pas ce sentiment d’illégitimité.”
De quels projets rêvez-vous maintenant ?
« Honnêtement, les projets sur lesquels je travaille ! Je ne rêve pas d’Hollywood ou de plus grandes productions. Je suis très heureux de travailler avec Erwan Leduc, qui est un réalisateur qui me défie toujours, avec Émilie Noblet, une réalisatrice qui fait des choses merveilleuses. Mon rêve serait que mon projet Jo Vague trouve son public, maintenant que j’ai le courage de monter sur scène.”
Pratique
39ème édition du Festival européen du court-métrage de Brest, du mardi 12 novembre au dimanche 17 novembre 2024. Programmation complète et billetterie sur le site www.filmcourt.fr