Disparitions, sauvetages, records, podiums… Retour sur cinq événements marquants du Vendée Globe

La dixième édition du Vendée Globe débutera le 10 novembre. Retour sur les événements marquants des éditions précédentes de cette course mythique.

Une course légendaire. Une quarantaine de skippers partiront dimanche 10 novembre des Sables-d’Olonne pour la dixième édition du Vendée Globe. Depuis 35 ans, ce tour du monde à la voile, en solitaire, sans escale et sans assistance, est peu à peu devenu un mythe.

Si l’Everest des mers, c’est comme gravir le plus haut sommet du monde, de plus en plus accessible et moins dangereux, terminer cette course est un exploit sportif. Retour sur les cinq événements majeurs qui ont façonné cette course mythique.

1 1989-1990 : Sauvetage de Philippe Poupon par Loïck Peyron

Il fut un temps où faire le tour du monde prenait près de 110 jours. Treize bateaux prendront le départ de cette première édition, sept franchiront la ligne d’arrivée. Le vainqueur de la course Titouan Lamazou (109 jours 8 heures 48 minutes et 50 secondes) est déjà en tête du Cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud. Il est suivi de près par Philippe Poupon mais, le 27 décembre, le skipper déclenche son signal de détresse alors qu’il se trouve à l’entrée des Quarante Rugissants.

La direction de course demande à Loïck Perron, le concurrent le plus proche, de faire un écart pour l’aider. En raison des médias de l’époque, il n’a reçu ce message que 12 heures plus tard. Il faudra donc 24 heures à Loïck Peyron pour rejoindre le bateau de Philippe Poupon. Le navire repose à 90° dans l’eau. Le skipper prend le bateau en remorque et parvient à le redresser après la deuxième tentative. Le sauvetage est filmé par le navigateur. Les images voyagent à travers le monde créant un mythe fondateur.

2 1996-1997 : la disparition de Gerry Roufs

La troisième édition du Vendée Globe est connue comme l’édition la plus effrayante. Sur les 16 skippers partant en 1996, seuls six ont réussi à terminer. Le Grand Sud maltraitera particulièrement les skippers. Tout d’abord, le naufrage du Raphaël Dinelli survenu le 25 décembre dans l’océan Indien au sud de l’Australie. Le navigateur français s’est retrouvé sur son bateau chaviré pendant 20 heures. Il sera sauvé in extremis par le Britannique Pete Goss dans des conditions effroyables.

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Raphaël Dinelli photographié par la marine australienne sur son bateau avant d’être secouru par l’Anglais Pete Goss, le 26 décembre 1996. (CORBEAU / PISCINE)

Toujours en Australie-Méridionale, un double naufrage s’est produit le 5 janvier. Thierry Dubois et Tony Bullimore naviguent à distance de frappe l’un de l’autre. Ils ont chaviré dans une mer terrible et ont été secourus par la marine australienne. Mais la course est surtout marquée par le décès de Gerry Roufs. Le Canadien est pris dans une tempête. Il l’a déclaré au quartier général de la course “les vagues ne sont plus des vagues, elles sont aussi hautes que les Alpes”. Le 7 janvier, la lumière de son bateau a cessé d’émettre. Malgré les recherches des skippers et notamment d’Isabelle Autissier, le marin de 43 ans n’a pas été retrouvé. En août 1998, des morceaux de l’épave ont été retrouvés sur une île chilienne.

3 2000-2001 : Ellen Mac Arthur sur le podium du Vendée Globe

Après le traumatisme de 1996, la quatrième édition du Vendée Globe marque un tournant dans la sécurité mais aussi dans la médiatisation de la course à travers le monde. A 24 ans, Ellen Mac Arthur est la plus jeune de la course. Le marin britannique laissera son empreinte sur ce Vendée Globe.

Le développement des moyens de communication permet de meilleures connexions terre-mer. Les skippers renvoient des sons et des images de la vie à bord de leur navire. En plus de filmer les icebergs qui passent tout près de son navire, la Britannique ne cache rien de ses émotions. Ses joies en dansant sur son navire, ou ses larmes après avoir heurté un conteneur lors de son périple le long de l’Atlantique alors qu’il luttait pour la victoire.

Le 11 février 2001, il termine à la deuxième place, un jour seulement après Michel Desjoyeaux. Celui surnommé « le professeur » a réussi un tour du monde en moins de 100 jours (93 jours 3 heures et 57 minutes).

4 2012-2013 : le tour du monde en moins de 80 jours

Un duel épique anime la septième édition du Vendée Globe. Après le départ le 10 novembre des Sables-d’Olonne, la descente de l’Atlantique sera dirigée par Armel Le Cléac’h. Le franchissement de la dépression entraîne la formation d’un groupe de six en tête de course. L’océan Indien devient le théâtre d’une lutte acharnée pour être le premier à franchir les portes des glaces. Ces portes de sécurité sont positionnées dans le Grand Sud pour éloigner les skippers des icebergs.

Le 10 décembre, François Gabart établit un impressionnant record de distance parcourue en 24 heures de 534 milles et prend la tête devant Armel Le Cléac’h. En Australie du Sud, les deux skippers se sont détachés des autres concurrents et ont couru presque côte à côte. Gabart passe le Cap Horn avec seulement 80 minutes d’avance sur Le Cléac’h qui ne pourra plus l’atteindre.

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Le skipper François Gabart célèbre sa victoire lors de la septième édition du Vendée Globe, le 27 janvier 2013 aux Sables-d'Olonne. (DAMIEN MEYER/AFP)

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Le skipper François Gabart célèbre sa victoire lors de la septième édition du Vendée Globe, le 27 janvier 2013 aux Sables-d'Olonne. (DAMIEN MEYER/AFP)

Le skipper François Gabart célèbre sa victoire lors de la septième édition du Vendée Globe, le 27 janvier 2013 aux Sables-d’Olonne. (DAMIEN MEYER/AFP)

François Gabart arrive aux Sables-d’Olonne le 27 janvier. Il bat le record du Vendée Globe en 78 jours 2 heures 16 minutes et 40 secondes. Il bat le record de Michel Desjoyeaux et termine avec seulement trois heures d’avance sur Armel Le Cléac’h. Ce dernier « se vengera » quatre ans plus tard en remportant l’édition suivante en 74 jours 3 heures 35 minutes et 46 secondes. Un disque encore en préparation.

5 2020-2021 : Jean Le Cam, le sauvé devient un sauveur

Le contexte sanitaire pèse sur l’organisation de cette neuvième édition du Vendée Globe. Les 33 skippers partent pour un tour du monde sans rencontrer de public dans le canal des Sables-d’Olonne. Cette édition très populaire sera marquée par le sauvetage de Kevin Escoffier. Le 30 novembre, juste avant le cap de Bonne-Espérance, le skipper signale que son navire s’est brisé en deux. Envoyez un message à votre équipe technique : “Je coule, ce n’est pas une blague.”

La direction de course envoie à son secours Jean Le Cam, Yannick Bestaven, Boris Hermann et Sébastien Simon. Kevin Escoffier a passé une dizaine d’heures dans son radeau de sauvetage avant d’être secouru par Jean Le Cam. Onze ans plus tôt, le « Roi Jean » se retrouvait lui-même dans le rôle du skipper en danger : en janvier 2009, coincé dans le cockpit de son bateau chaviré, il était secouru par Vincent Riou au large du Chili.

Lors de l’édition 2020-2021, tous les marins déroutés pour porter secours à Kevin Escoffier bénéficieront d’une compensation en temps. Elle permet à Yannick Bestaven de s’imposer devant Charlie Dalin, qui a franchi en premier la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne. Jean Le Cam se hisse à la quatrième place du classement. Mais le Roi Jean n’en a pas fini avec le Vendée Globe. Il fait partie des 40 skippers qui partiront le 10 novembre prochain, portant à six le nombre de ses participations à ce tour du monde mythique.

 
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