Le road movie social de François Ruffin tourne court

Une journée comme tant d’autres, sur un plateau télé. Sarah Saldmann s’emporte : « Le salaire minimum est déjà pas mal. » François Ruffin, qui lui fait face, propose alors à l’avocat et chroniqueur de vivre un mois avec 1 300 €, et on en reparle. Minuscule, mais pas plus d’une semaine, répond-elle. Banque. C’est une raison toute faite pour le député de gauche (Césarisé pour Merci patron!) et son complice de cinéma Gilles Perret reprennent leur road movie, après Je veux le soleil ! et Levez-vous, les femmes ! Toujours au contact des plus modestes, mais cette fois escorté par un adepte d’un libéralisme plein d’argent et de préjugés (pour faire court : les pauvres ne sont que des paresseux).

Qui n’a pas rêvé un jour, face à l’auteur d’une formule radicale, une personnalité politique ou un éditorialiste, de le plonger au contact de ceux qu’il méprise ? Hélas, ce n’est pas un Laurent Wauquiez (rappelez-vous, ” cancer de l’assistanat “) que l’on voit détailler des filets de poisson à Boulogne-sur-Mer, récurer les toilettes, nettoyer les maisons ou livrer des colis. Là ” réinsertion sociale des riches » s’applique à un pantin médiatique sans stature, essayant d’exister avec sa grande gueule. Et qui fait ici preuve d’une bonne volonté désarmante (le « gentille Sarah », contre le « Cruelle » de la télévision). Ruffin ne retient ni ses sarcasmes ni ses sourires narquois. Mais d’où vient la fortune de Sarah Saldmann, que doit faire la loi pour abolir les privilèges et partager le gâteau ? Le film et le député n’en disent rien.

Sarah and François at the Plaza Athénée, in front of a truffle croque-monsieur. – @ Les 400 Nails

Cachée derrière l’argument du « carnaval » ou de la « farce », cette absence de projet politique est embarrassante. Plus embarrassante encore est l’impression que Nathalie l’ex-femme de ménage, Mohammed l’installateur fibre ou Louisa l’aide-soignante se sentent obligés, devant la caméra, de justifier leur pauvreté, de prouver qu’ils tentent de survivre. ‘s’en sortir. Une fois la page Sarah Saldmann tournée (« nous avons dû la virer « …en raison de propos odieux sur Gaza), le film tente de rétablir la balance en leur faveur, mais il est trop tard. On aurait préféré la dernière séquence pour éclaircir un à un les écueils du projet, dont on soupçonne que Ruffin et Perret sont conscients. Mettez-vous au travail ! se résume finalement à une forme de « tourisme social », ce qui s’avère court.

Sarah Saldmann with Louisa, care assistant in Saint-Étienne. – @ Les 400 Nails

Notre avis : 2/5

De François Ruffin et Gilles Perret. , 1h24, documentaire.

France

 
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