En salles le 6 novembre, « L’Ombre du commandant » raconte le retour à Auschwitz de Hans-Jürgen Höss, le fils de l’officier nazi responsable du camp de la mort.
A sa tête, Rüdolf Höss a supervisé la mort de plus de 1,1 million de prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale.
Un personnage troublé, volontaire dans l’armée allemande avant de rejoindre le régime le plus meurtrier du XXe siècle.
Sous sa responsabilité directe, plus de 1,1 million de prisonniers sont morts dans le camp d’Auschwitz-Birkenau, pour la plupart juifs. Personnage central de La zone d’intérêtchef-d’œuvre glaçant de Jonathan Glazer sorti en 2021, Rudolf Franz Ferdinand Höss est la figure tutélaire de L’ombre du commandantle passionnant documentaire de Daniela Völker, en salles à partir de mercredi.
Né à Baden-Baden au tournant du XXe siècle, ce fils de soldat avait 39 ans lorsqu’il s’installa avec sa femme Hedwige et leurs jeunes enfants dans une grande propriété jouxtant le camp d’Auschwitz. Jusqu’en janvier 1945, il perfectionne la machine à mort jusqu’aux moindres rouages afin de faire le maximum de victimes, rentrant dîner chez lui le soir comme si de rien n’était. Vertigineux.
Un CV contesté par les historiens
Fonctionnaire zélé ou bourreau psychotique ? Les deux en même temps ? La personnalité de Rudolf Höss fascine autant qu’elle interroge. Dans ses mémoires, Le commandant d’Auschwitz s’exprimeécrit en prison après son arrestation en 1946, il se présente comme un héros de guerre, volontaire sur le front de l’Est dans sa jeunesse. Une version mise à mal par les historiens qui voient en lui un mythomane, désireux d’embellir son CV.
Impliqué dans la mort d’un militant de gauche qui lui valut une peine de dix ans de prison en 1924, Rudolf Höss fut libéré quatre ans plus tard en raison de son comportement exemplaire. L’année suivante, il rencontre sa femme Hedwige au sein des Artamans, un mouvement de jeunesse d’extrême droite. Ils eurent cinq enfants, les garçons Klaus et Hans-Jürgen, et trois filles, Heidetraut, Inge-Brigitt et Annegret.
En 1933, Rudolf Höss rejoint la Schutzstaffel, le service de protection rapprochée d’Adolf Hitler qui occupera progressivement une place centrale au sein de l’administration nazie, avant d’être chargé d’organiser l’extermination des Juifs d’Europe. L’année suivante, Heinrich Himmler l’affecte au camp de Dachau où il rencontre Theodor Eicke, considéré comme l’un des architectes de la Solution finale.
Après l’invasion de la Pologne en 1939, Rudolf Höss fut chargé d’étudier la faisabilité d’un camp de prisonniers qui deviendrait Auschwitz. Tout d’abord les Polonais et les Russes. Puis les Juifs déportés de toute l’Europe, dont la plupart mourront dans les chambres à gaz. Dans L’ombre du commandantHans-Jurgen Höss, aujourd’hui âgé de 87 ans, affirme que son père a toujours caché à ses frères et sœurs la véritable nature du camp de concentration.
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Dans ses mémoires, qui servent de fil conducteur au documentaire, le bourreau d’Auschwitz réduit son rôle à celui d’un simple bourreau, obéissant aux ordres d’une hiérarchie. “exigeant”. Pour les historiens, il aurait ainsi tenté de diluer sa responsabilité dans la pire tragédie du XXe siècle. En vain. Arrêté en 1946 sur instruction de son épouse, dans une ferme allemande où il s’était réfugié, il est pendu le 16 avril 1947 sur le lieu de ses méfaits, son ancienne propriété à l’horizon.