l’essentiel
Le réalisateur toulousain Aurélien Bory présente sa nouvelle création « Invisibles » du 5 au 9 novembre au Théâtre de la Cité. Quand l’art exerce une fonction salvifique sur les angoisses contemporaines.
Nouveau directeur du Théâtre Garonne, c’est sur la scène nationale du Théâtre de la Cité que le metteur en scène toulousain Aurélien Bory présente sa dernière création « Invisibles ». Une pièce née d’une résidence à Palerme qui place l’art et l’homme au centre du processus créatif.
“Quand Pamela Villoresi, directrice du Teatro Biondo, m’invite à Palerme, j’ai en tête l’histoire de la Sicile marquée par de multiples influences, visibles aujourd’hui dans chaque rue, sur chaque place, dans chaque bâtiment de la ville”, commente Aurélien Bory. . « En allant voir à Palerme l’Annonciation du grand peintre Antonello da Messina, je suis tombé par hasard sur le Triomphe de la Mort, une fresque anonyme du XVee siècle, peint sur le mur d’un hôpital qui accueillait des mourants. L’inattendu reste pour moi le meilleur signe de mes projets créatifs car les idées, comme les rencontres, ne se décrètent pas”.
Orphée et Eurydice
De ces vestiges du Moyen Âge, Aurélien Bory a trouvé l’inspiration pour raconter une histoire actuelle. « Je me suis arrêté devant cette fresque et je me suis dit : ça, c’est du théâtre », explique le metteur en scène. « Il mesure aussi 6m/6, la taille de mes décors en général, avec des personnages peints à échelle humaine. J’avais la partition scénique de ma pièce qu’il fallait lire et interpréter comme un texte.” Cette fresque qui montre la mort en face est composée comme une spirale dans laquelle sont entraînés une jeune femme et un jeune homme, protagonistes du spectacle.
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« A l’époque on mourait de la peste noire, mais aujourd’hui c’est le cancer du sein qui tue les jeunes femmes, alors que beaucoup de jeunes risquent leur vie en traversant la Méditerranée », observe Aurélien Bory. « La Sicile est marquée par ces naufrages. C’est à travers le mythe d’Orphée et d’Eurydice que j’ai trouvé la structure de mon œuvre.”
Une histoire de rencontres
Et puis, comme cela arrive souvent, dans le travail d’Aurélien Bory, ce sont les rencontres qui guident ses créations. Le réalisateur est allé chercher ses interprètes à Palerme comme en Chine pour “Les Sept As des Astuzie” et au Maroc pour “Taoub”. « Il était inconcevable que j’arrive avec une équipe artistique déjà constituée et que je dise que c’est comme ça que ça se passe. À Palerme, j’ai rencontré Chris Obehi, un migrant nigérian qui fait de la musique et joue lui-même dans le spectacle. J’ai aussi trouvé trois danseurs qui le sont. les trois destins représentés dans la fresque Et puis, le grand saxophoniste sicilien Gianni Gebbia admettait que c’est ce dernier souffle qui lie intimement la vie à la mort.
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C’est ce poème musical et visuel qu’Aurélien Bory propose avec le sens de l’esthétique et de l’humanité que l’on lui connaît, autour d’un rideau représentant la fresque « Le Triomphe de la Mort ».