sa musique met des sons dans des histoires

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Portrait de Théo Rossier

Sa musique transforme les sons en histoires

Trompettiste, chef de fanfare, le jeune compositeur vaudois excelle dans l’écriture d’une musique puissamment narrative.

Publié aujourd’hui à 9h25

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Bref:
  • Théo Rossier a composé « Boat’s Timbres », inspirés des sauvetages en mer.
  • La création musicale sera présentée le 2 novembre à Caux.
  • SOS Méditerranée a commandé ces travaux pour faire connaître leur mission humanitaire.
  • Le concert comprendra également des œuvres de Brahms et Schumann.

On entend les cris des mouettes, le roulement inquiétant des vagues, le craquement du navire, les échos des liaisons radio. Il y a de la friture en jeu. Et de longs délais d’attente. Puis soudain la tension explose, une alarme retentit, comme un écho de « Psychose » de Bernard Herrmann. L’agitation est à la fois chaotique et dirigée. dans une immersion sonore de plus en plus intense et palpitante. Pas de doute, nous sommes à bord du bateau-ambulance Océan Viking!

Glanées en répétition, les premières impressions de « Boat’s Timbres » démontrent comment Théo Rossier parvient, en associant un quatuor à cordes et un percussionniste, à raconter le sauvetage en mer d’un bateau en détresse par un navire humanitaire. La nouvelle œuvre du compositeur vaudois sera créée ce samedi 2 novembre au Palais de Caux dans le cadre d’une support concert organized by SOS Méditerranée. Le Quatuor Sine Nomine, le percussionniste Jens Ruland et la pianiste Beatrice Berrut sont à l’affiche d’un concert qui comprend également des œuvres de Brahms et Schumann.

Théo Rossier n’est pas du genre à se mettre en avant. Ce jeune homme à la voix douce semble même à chaque fois surpris par l’intérêt que suscite sa musique. Il s’excuse presque d’avoir trop d’idées qui lui passent par la tête ! A 22 ans, parallèlement à ses études à Fribourg et à Berne et à ses engagements comme directeur de fanfare, son parcours révèle un grand talent pour la composition orchestrale. A tel point que « Boat’s Timbres » est l’un des plus petits bâtons qu’il ait jamais utilisé !

En fait, son « opus 1 », à l’âge de 14 ans, était un quatuor de trompettes, composé, interprété et créé lors d’un camp de musique pour ensembles à vent. Théo Rossier a baigné toute son enfance dans l’univers des fanfares et des orchestres d’harmonie. Sa mère joue de la flûte et son père joue et enseigne la trompette tout en dirigeant des fanfares (il est actuellement à la tête de l’Orchestre de la Police de Genève). Laurent Rossier raconte même qu’à 3-4 ans, Théo se cachait sous le billard pour écouter les cours qu’il donnait dans sa chambre.

Composer est un jeu

Le virus de composition, parce qu’il en est un, est également issu de cet environnement favorable. « Une des premières choses que je faisais sur l’ordinateur de mon père, se souvient Théo Rossier, c’était de m’amuser sur son logiciel de musique, car il n’avait pas de jeu vidéo. Pendant longtemps, j’ai écrit des notes au hasard pour voir ce qui se passait. Petit à petit, je me suis pris au jeu et j’ai commencé à y réfléchir plus sérieusement. J’ai conservé ce côté intuitif dans mon travail, mais qui fait que j’ai moins de contact avec le papier, la partition que d’autres.

Dans le monde des ensembles de cuivres où évolue Théo Rossier, le rapport à la création est complètement différent de celui des orchestres symphoniques. Les nouvelles compositions sont monnaie courante et, si les morceaux sont populaires, les partitions circulent rapidement, même à l’international. Le Vaudois qui a vécu quelques années en Valais a constitué un joli corpus d’œuvres destinées à ces groupes amateurs, mais le niveau est souvent très élevé.

Son actuel professeur de composition au HKB de Berne, Oliver Waespi, faisait partie du comité de sélection du Concours européen de composition de brass band et il a vite repéré la pièce proposée par le jeune compositeur vaudois – qui remportera le premier prix en 2022 à Birmingham. « A l’époque, je ne connaissais pas encore Théo et les partitions étaient anonymes, explique Oliver Waespi, mais je sentais qu’il avait déjà une bonne connaissance du médium, grâce à sa pratique de chef d’orchestre, une riche intuition en matière timbre, harmonie, atmosphères et grande maturité dans l’architecture et dans sa capacité à créer un récit autonome.

Raconter des histoires sans un mot, c’est le super pouvoir de notre compositeur ! Dans ce registre, une étape essentielle se produit en pleine pandémie. Privé de concerts, l’OCL a l’heureuse idée de lancer un appel à projets pour jeunes compositeurs, offrant la possibilité, pour les lauréats, de bénéficier d’un enregistrement de qualité. Les séances de lecture se déroulent à huis clos sur la scène de l’Opéra de Lausanne en 2021 et Théo Rossier présente «Celui qui murmurait dans le noir», une pièce aux airs de film à suspense. Mais qui cherche à traduire l’impression laissée par le titre de la nouvelle du même nom de HP Lovecraft.

sonores

« Plutôt que d’illustrer les images d’un film, je préfère créer mes propres visuels en utilisant uniquement ma musique », affirme le jeune homme. En analysant ma partition, le chef Baldur Brönnimann m’a poussé à aller vers plus d’audace et de dissonance. Cette opportunité a été très formatrice, une aubaine pour ma candidature en composition à la Haute École de Berne. Mais ce grand admirateur d’Olivier Messiaen et d’Anton Webern n’oublie jamais son attachement au monde populaire des fanfares. « J’aime slalomer entre ces différentes langues. »

Pour écrire « Boat’s Timbres », Théo Rossier n’a pas pu se baser sur sa propre expérience, n’ayant jamais mis les pieds sur un bateau humanitaire. Il a ensuite cherché à traduire les sons réels du sauvetage (qui seront diffusés durant la soirée afin d’immerger intensément le public dans la réalité en mer) dans son propre langage musical. « Je ne voulais pas intégrer des sons bruts dans ma pièce. A travers mon interprétation, j’espère apporter une dimension supplémentaire, qui demande un effort de la part des auditeurs, mais qui peut les conduire à un autre impact sur cette tragédie. Comme une résonance intérieure plus tenace.

Concert caritatif en faveur de SOS Méditerranée : Caux Palace, samedi 2 novembre (à partir de 17h), billets à partir de 120 francs, cocktail et transport en train de Montreux à Caux et retour inclus, sosmediterranee.ch

Biographie

2002 Né à Morges le 11 juin dans une famille de musiciens. Son premier instrument fut le cornet. 2014 La famille s’installe à Monthey. Étudiez la musique dans une école de musique locale et jouez de la trompette l’Harmonie Communale de Monthey. 2019 Apprentissage en gestion commerciale au Music Center de Sion, magasin de vente et réparation d’instruments de musique. 2021 Nommé chef du Fanfare La Vouvryenne. Sa pièce « He Who Whispered in the Darkness » a été sélectionnée pour une lecture et un enregistrement avec l’OCL. 2022 Premier prix au Concours Européen de Composition de Brass Band de Birmingham avec la pièce « Stendhal’s Syndrome ». Nommé chef du Fanthère de Gland. Entrée en classe de composition à HKB. 2023 Création de « Satyrus » dans le cadre du festival Morat Classiques. 2024 Création des « Timbres du Bateau » avec le Quatuor Sine Nomine pour l’association SOS Méditerranée.

Matthieu Chenal est journaliste à la section culturelle depuis 1996. Il chronique notamment l’actualité foisonnante de la musique classique dans le canton de Vaud et en Suisse romande.Plus d’informations

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