deux hommes que nous aimons

deux hommes que nous aimons
deux hommes que nous aimons

Lors d’une tournée promotionnelle pour leur excellent premier film ensemble, “Enfin”, Claude Lelouch et Kad Merad se sont arrêtés vendredi au siège de notre journal pour une rencontre rare avec les lecteurs et les membres de notre club d’abonnement.

Le cinéma vaut mieux que la vie. C’est le titre du livre d’entretiens de Claude Lelouch qui paraîtra à la fin du mois mais en réalité c’est le titre de sa vie, de son histoire, de sa belle histoire. Plus de soixante ans se sont écoulés depuis que cette authentique légende vivante du septième art à la merveilleuse filmographie a été racontée – et nous a été racontée – ainsi à travers le prisme du présent. Vendredi matin, il était au siège du Midi Libre pour un moment privilégié de rencontre avec les membres de notre club d’abonnés, lecteurs et étudiants en cinéma. Avec lui Kad Merad, protagoniste de son 51e long métrage, Enfin.

Son 51e long métrage

« Ce film est le résultat de quatre-vingts années d’existence… voire un peu plus ! J’ai passé ma vie à observer le genre humain, qui me fascine, avec toutes ses contradictions, Claude Lelouch s’est confié. Toute ma vie, j’ai essayé de filmer des hommes et des femmes qui me paraissaient un peu moins dégoûtants que d’autres, plus généreux, que j’aurais aimé avoir comme amis. Bref, dans tous mes films, j’ai essayé de partager avec le plus grand nombre (et parfois avec les plus petits, car le public n’était pas toujours là), mes émotions, ma vision du monde, et de dire à chaque fois ma conviction la plus profonde. Avec ce cinquante et unième film, j’ai voulu aller peut-être un peu plus loin que d’habitude. »

Comme on ne va jamais plus loin qu’en bonne compagnie, pour aller plus loin, il lui fallait une compagnie encore meilleure. Kad Merad donc, qui ne pouvait refuser une telle invitation qui lui offrait l’opportunité d’allier ses deux passions, la comédie et la musique. “Savez-vous que j’ai fait mes premiers pas d’artiste non loin d’ici ?» a demandé l’acteur dont les parents vivaient à Beauvoisin, dans le Gard. “C’était derrière une batterie, sur la terrasse d’un bar de Grande-Motte, le Saint-Clair. C’est là que j’ai eu mes premières sensations, là où j’ai vu que je pouvais faire rire les gens parce que je disais plein de bêtises dans le micro, juste là.”

« Un mal pour un bien »

Il en dit encore beaucoup (seulement les meilleurs : les drôles) mais il est très sérieux lorsqu’il vante Claude Lelouch, à la fois l’homme passionné, généreux, serein, et l’artiste, le génie de l’image et de la mise en scène. : « Quand je me suis vue dans le film, je me suis trouvée belle. C’était la première fois que je me sentais moi-même quand je me regardais ! Oui, ben sérieusement, c’est bien pour deux minutes… Allez, ça ne les dérange pas de comprendre le message que véhicule leur film : «Le message de Claude, souvent, et dans celui-ci en particulier, c’est que tout ce qui nous arrive est pour notre bien. Je trouve ce message absolument génial ! Je dis toujours « Une bénédiction déguisée », c’est bête, banal, mais ça permet d’avancer quand on a une mauvaise nouvelle, un échec… »

Claude Lelouch poursuit : « Ce message est le fruit de mon expérience personnelle : tout ce que j’ai réussi, j’ai d’abord échoué ; tout ce que tu as fait de mal, si tu plaides coupable, te fait avancer, progresser… La vie c’est comme le vélo : sur les collines on rêve dans les descentes et sur le plat on s’ennuie. C’est ce que je dis à la fin du film : « Au final, il vaut mieux avoir des ennuis que de s’ennuyer. » Mais le cinéaste qui, sans doute, parle dans la vie comme ses personnages dans ses films, change d’avis : « J’essaie de transmettre, à travers mes films, non pas des messages mais des parfums de vie qui nous font sentir à quel point la vie est merveilleuse et il ne faut pas la perdre. Nous devons l’apprécier dans le présent.

L’importance du coeur

Être ici, maintenant, au rythme de la vie, au rythme, c’est aussi une question de musique, la star la plus souvent choisie par Claude Lelouch depuis le début de sa carrière. Enfin, il se présente comme unconte de fée musical”, et Kad Merad joue de la trompette à la manière d’Ibrahim Maalouf (qui le double également). “La musique parle à notre cœur tandis que le scénario parle à notre cerveau, explique le réalisateur. Mais le cœur est la chose la plus importante, c’est la tête de notre corps, qui nous dira un jour “assez”. Le cerveau est le philosophe qui essaie de nous rassurer avec des mots alors que le cœur ne le fait pas, il ne triche pas. » Et pour en venir au point crucial : »C’est le cœur qui nous donne la chair de poule, et la chair de poule est l’aristocratie de notre métier d’artiste. Vous faire rire, vous faire pleurer, ce n’est pas mal, mais vous donner la chair de poule, c’est fantastique ! Pour faire un film, je dois savoir à l’avance où va venir la chair de poule, ce moment où on ne peut plus penser, où les mots ne servent à rien, et cela passe par la musique.

Après tout, Claude Lelouch sait déjà que s’il a le “opportunité” pour en faire une dernière (en ce qui concerne la santé, ça va : quelle arnaque à 86 ans !), il le fera avec”(ses) quatre B : Bach, Beethoven, Bizet et Barbelivien ! Ça y est, j’ai ma musique et maintenant je vais construire tout mon film autour de ça.”. Quelque chose nous dit qu’il y aura de la place pour un faux trompettiste mais vrai batteur nommé Kad !

Le film Enfin sortira en salles à partir du mercredi 13 novembre.
 
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