Dhani Harrison : le digne héritier

Dhani Harrison : le digne héritier
Dhani Harrison : le digne héritier

Depuis longtemps, il a voulu échapper à la musique. Dhani Harrison est né en 1978, huit ans après la séparation des Beatles. « J’ai eu la chance d’avoir des parents merveilleux et si aimants. » George, son père, ne le pousse pas à faire de la musique, bien au contraire. Dhani étudie, rejoint des universités prestigieuses. « Mais il m’a appris quelques accords et il avait des amis formidables. » Toute l’élite du rock anglais de l’époque se réunit à Fria Park, la maison des Harrison à Henley-on-Thames.

Dhani, le fils unique de George et Olivia, a grandi dans le monde de la musique en pensant qu’il dessinerait des avions ou des ponts. « Puis un jour, mon père a été poignardé dans notre maison. Cela a eu un impact profond sur nous trois. Et il est tombé malade peu de temps après. » George Harrison n’a pas eu le temps de terminer « Brainwashed », le disque sur lequel il travaillait lorsqu’il est décédé en 2001. Dhani décide alors d’aller au bout. « Nous avons eu une relation merveilleuse et j’ai été très impliqué dans l’enregistrement. Il me paraissait naturel de terminer cet album, même si cela a été très douloureux pour moi, je n’avais que 23 ans quand il est parti… »

Mais la production de « Brainwashed » l’a convaincu : la musique serait sa vie. Quitte à emprunter des chemins de traverse. Un groupe premier pour mieux rester anonyme, musiques de films, jeux vidéo. Tout sauf les projecteurs. Harrison junior veut mener sa vie sans être comparé à son père, sans être dans l’ombre immense des anciens Beatles. « Je n’ai évidemment pas le même parcours que les gens de ma génération, mais je ne le regrette pas. » Son truc, ce sera le trip hop. «Dès que j’ai découvert Massive Attack ou Portishead, j’ai eu envie d’aller dans cette direction. » Son premier album sous son nom est sorti en 2017. Il ne joue pas vraiment le jeu promotionnel, pour ne pas, encore une fois, être ramené auprès de son père.

Pour « Innerstanding », sorti à l’automne dernier, il a finalement accepté de baisser sa garde. Dans « ICU », l’une des dix chansons de l’album, il évoque une étonnante lumière sacrée. « Cela fait vingt-trois ans que mon père est parti et j’ai enfin ressenti le besoin de parler de lui. Cette chanson est une manière de lui dire que je suis enfin en paix avec sa mort. À l’époque, cela me semblait une telle injustice, j’étais tellement en colère contre lui, contre le monde, contre tout… » Le disque ne plaira pas aux fans des Beatles – même si Dhani les vénère comme tout le monde. Il préfère les tempos lents, les ambiances prog aux mélodies entraînantes.

« Je suis enfin en paix avec la mort de mon père. À l’époque, cela me paraissait une telle injustice.

« Et sur scène, je joue mes deux albums dans leur intégralité », prévient-il. Parallèlement à sa carrière de chanteur, Dhani a réactivé Dark Horse, le label fondé par son père dans les années 1970, pour promouvoir notamment les musiques du monde. « En fait, j’ai ouvert Dark Horse à tous ceux qui ont été dans ma situation, lorsque votre père meurt et que vous devez faire face à son héritage musical. J’accompagne donc la famille de Joe Strummer comme celle de Ravi Shankar, on discute de ce qu’il y a dans les archives, de ce qu’il faut faire pour que leur œuvre continue d’exister. » Dhani vient de travailler activement à la sortie de « Living in the Material World », le deuxième album de son père après la fin des Beatles. « Toutes les cassettes des enregistrements sont chez moi, c’est émouvant pour moi de me replonger dans son travail. Et je vois aussi quel musicien il était. » Il possède encore des trésors dans ses archives et remet en question son droit moral. « Mon père a fait une tournée en 1974 où tous les concerts étaient enregistrés. Mais il a toujours résisté à les libérer, car il trouvait qu’il chantait mal. Lui et ses musiciens étaient épuisés… Mais cinquante ans plus tard, c’est assez fou de l’entendre chanter différemment, de l’entendre se battre pour faire exister sa musique. Et je pense que le public pourrait être intéressé par cette autre facette de lui. »

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Si tout se fait en bon accord avec sa mère, Olivia, il doit aussi discuter avec Paul McCartney, Ringo Starr ou encore Yoko Ono lorsqu’il s’agit des Beatles. « Je m’entends bien avec tout le monde, l’un de mes meilleurs amis est James, le fils de Paul. Peu d’entre nous ont vraiment vécu dans la galaxie des Beatles… » Qu’a-t-il pensé du documentaire « Get Back », où l’on voyait George quitter le groupe en pleine séance d’enregistrement ? « Mais j’ai adoré son attitude ! Il avait tellement raison… Le plus drôle pour moi, c’est qu’il m’a raconté toutes ses anecdotes. Là, j’ai eu la chance de mettre des images réelles sur mes souvenirs. Ce fut un moment doux-amer mais aussi tellement réconfortant. »

« Innerstanding » (Hot records/BMG), en concert le 15 octobre à Paris (Maroquinerie).

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« Vivre dans le monde matériel (50e anniversaire) » (BMG), sortie le 15 novembre.

©DR

 
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