« J’ai fait l’expérience d’être moi-même un figurant en infiltrant les plateaux de tournage »

« J’ai fait l’expérience d’être moi-même un figurant en infiltrant les plateaux de tournage »
« J’ai fait l’expérience d’être moi-même un figurant en infiltrant les plateaux de tournage »

D’une enfance marquée par l’internement de sa mère à l’hôpital psychiatrique et une adolescence tourmentée par l’anorexie, Delphine de Vigan dessine deux livres qui retracent sa trajectoire littéraire : le roman autobiographique Des jours sans faim qu’elle a publié en 2001 sous le pseudonyme de Lou Delvig, et plusieurs livres qui l’ont établie comme une écrivaine reconnue sous son vrai nom, R.rien ne s’oppose à la nuit en 2011. Une production littéraire dense enrichie de nouvelles publications ces dernières années : Basé sur une histoire vraie (2015), Les Loyautés (2018), Remerciements (2019) et enfin Les enfants sont rois (2021).

Delphine de Vigan a également travaillé sur les scénarios de plusieurs longs métrages et certains de ses succès littéraires ont été adaptés au cinéma : Non et moi par Zabou Breitman en 2010, Les heures souterraines par Philippe Harel en 2015, Basé sur une histoire vraie par Roman Polanski en 2017, et aujourd’hui Les enfants sont rois, adapté en série pour la plateforme Disney+. “J’ai toujours été un grand cinéphile. Le cinéma fait partie des choses qui me nourrissent émotionnellement, intellectuellement et artistiquement. En octobre elle présente une nouvelle œuvre, dont la forme autant que le fond semblent inspirés de cette porosité entre son œuvre littéraire et le cinéma.

A play, “Les Figurants”, which joins the Collection Blanche de Gallimard:
« Au cinéma ou dans les séries, les figurants sont toujours flous, de dos ; ils ne font que passer. A la fois invisibles et essentiels, ils font partie de l’image, de sa réalisation, de son réalisme, mais doivent se fondre dans le décor. Ayez l’air réel sans vous faire remarquer. En transposant le décor du film sur une scène de théâtre, Delphine de Vigan leur offre le premier plan, le premier rôle, le devant de la scène. Cécile, Orso, Bruno, Joyce et Nora se retrouvent sur le plateau. Ils sont plus ou moins dirigés par un assistant totalement débordé. Petit à petit, les rôles s’inversent… Et si nous étions tous des figurants dans une vaste histoire qui nous dépasse ?

La scène que Delphine de Vigan construit à l’échelle de cette pièce d’une centaine de pages est traversée par des figures humaines en proie au doute, pleines d’espoir – »apparemment ils vont choisir parmi les figurants un petit rôle dans le film » – ou au contraire rendu cynique par la précaritésoumis aux courants d’air et aux buffets minables, aux heures de retard dictées par les caprices des comédiens, aux instructions décousues des assistants de scène. Ils n’ont pas besoin de savoir pourquoi ils sont placés dans ce décor ou doivent enfiler cette tenue, mais de prêter sans conteste leur corps et leurs gestes, se déshumanisant pour un projet plus vaste dont ils ne composent qu’une séquence. Chacun déploie alors sa propre stratégie, de jeux, d’évitement, de secrets, ou encore de faux accents, pour se faire un peu de place dans cette machine qu’est l’industrie du cinéma, indéniablement créatrice de beauté, et qui se prive pourtant ses propres sujets.

Le jeu de l’existence et celui du théâtre se croisent dans cette réflexion de Delphine de Vigan, qu’elle prolonge aujourd’hui avec son invité Jean-François Sivadier.

Acteur, auteur et metteur en scène, Jean-François Sivadier entre à l’École nationale de théâtre de Strasbourg en 1986, et à partir de 1996, écrit, met en scène et interprète la pièce italien avec orchestre au MC2 Grenoble puis à l’Opéra de Lyon, à l’Opéra-Comique et au Théâtre du Châtelet, à Paris. Artiste associé au Théâtre National de Bretagne depuis 2000, il porte sur scène de nouvelles versions de sa pièce italien avec orchestre, et bien d’autres productions dont Les Noces de Figaro de Beaumarchais (2000), La Mort de Danton de Büchner (2005) – pour lequel il remporte un Molière, La Dame de Maxime de Feydeau (2009), Le Misanthrope (2015) ou encore Dom Juan (2016).

Dans sa dernière pièce « Portrait de famille, une histoire des Atrides », Jean-François Sivadier propose une réécriture ambitieuse des légendes grecques dans un récit à la fois cocasse et étrange. Cette grande fresque théâtrale inspirée des textes d’Euripide, d’Eschyle, de Sophocle et de Sénèque raconte «une histoire où, dans l’éternel affrontement des hommes et des Dieux, le fantastique et le politique, l’intime et l’universel se confondent toujours. Après La Commune à Aubervilliers, elle part en tournée à La Coursive à La Rochelle en novembre, à Poitiers et Châtenay-Malabry en février prochain, dans les Hauts-de-France en mars, et revient à Paris au Théâtre du Rond-Point en juin. 19 au 29 2025.

Reportage :

Vincent Josse se rend à la Fondation Louis Vuitton pour visiter l’exposition « Pop Forever, Tom Wesselmann &… » qui ouvre ses portes jeudi 17 octobre. Olivier Michelon, commissaire associé, explique que l’exposition se concentre sur cette figure majeure du mouvement Pop Art des années 1960 aux Etats-Unis : mobilisant différentes techniques (collage, huile sur toile, acrylique, supports divers, installations à mi-chemin entre peinture et sculpture) , Tom Wesselmann a créé une œuvre singulière en retravaillant les thèmes traditionnels de la peinture – nus, natures mortes, intérieurs, portraits – sous un prisme à la fois coloré, géométrique et moderne, comme le montre sa série Grands nus américains dont un échantillon est accroché à la Fondation Louis Vuitton. A découvrir jusqu’au 24 février 2025 !

Conseils culturels :

  • Vincent a choisi de parler d’une pièce jouée au Vieux Colombier à Paris, à laquelle il pense beaucoup depuis qu’il l’a vue :“Contre”, tel est le titre, rend hommage au cinéma de John Cassavetes et de son épouse, l’actrice Gena Rowlands. Le membre Sébastien Pouderoux et sa compagne Constance Meyer avec Agathe Peyrard ont vu et revu les films du cinéaste américain, ils ont écouté et lu des interviews et voici leur spectacle où se déroulent trois actions sur le plateau. Le spectacle est extrêmement bien réalisé, Marina Hands ne prétend pas être Gena Rowlands mais elle retrouve ses attitudes, ses expressions, sa discrétion, son effacement face à l’homme qu’elle aime et qui prend beaucoup de place. Et c’est là que réside le problème. Cassavetes apparaît presque trop arrogant. Rien de sympathique ne vient jamais de lui, il domine, il écrase et au fil du temps, ces défauts dominent l’histoire. Le désir des auteurs de documenter avec précision la vie et l’art de leur sujet de caractère mais brillant les amène, sans doute malgré eux, à se retourner « contre » Cassavetes. En tout cas, c’est cette impression de malaise que j’ai. Je me sentais à la fin du spectacle

Programmation musicale :

  • FRANCOIS ET LES MONTAGNES DE L’ATLAS, Culte (2024)
  • GRAMMES DE LONDRES, Maison (2024)
  • JACQUES HIGELIN, La tête en l’air (1979)
 
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