Virtuose d’à peine 19 ans, l’artiste sicilien Kalo Chianetta, depuis sa page Instagram où il poste De mon journal, son journal de mémoire, entretient déjà une relation privilégiée avec le 8e art. L’occasion de capter la maturation d’une perspective singulière, entre odes aux instants perdus et geste post-adolescent.
Initiée dès l’âge de 12 ans, la quête photographique de Kalo Chianetta a à voir avec ce qu’est le gothique en littérature, c’est-à-dire la recherche au sein de l’image, d’une sensation, d’une intensité émotionnelle. ” Je décrirais mon processus créatif comme un moment intime et flou. Si intime qu’une fois terminé, je ressens un sentiment de honte face au flot de pensées qui m’a traversé. C’est comme si, pendant l’acte, je cessais d’exister. C’est mon non-être qui me contrôle. » il explique. Sous la tête coupée d’un mouton, l’horizontalité d’un poisson mort, l’anomalie d’une coquille d’œuf brisée, la chaleur du béton sicilien chauffé à blanc s’élèvent du sol, où ces sujets disparaîtront. ” La photographie est un enterrement permanent de l’instant vécu. C’est ce qui reste, la lumière dans les ténèbres de la mort. C’est l’outil que j’utilise pour affronter ma peur de cette dernière, qui me fascine et me terrifie à parts égales. » ajoute l’auteur. Mais cette obsession se conjugue sous une pluralité de formes, dans le désir d’expérimenter. Des portraits fixes aux détails d’un torse cambré, d’une fleur d’agave dont la plante se flétrit après la floraison, en passant par la petitesse des jeunes pousses capturées la nuit, un autoportrait de l’artiste est découpé en négatif, à la fois témoin et habité, sujet , comme dans son magnifique autoportrait, de ces propres altérations. “ Je ne pense pas que les paysages soient des endroits où des fantômes pourraient résider, car je crois que les paysages eux-mêmes sont des fantômes. » conclut-il.