« Nous croyons en chaque titre que nous publions »

« Nous croyons en chaque titre que nous publions »
« Nous croyons en chaque titre que nous publions »

Livres Hebdo : Hervé Chopin fête cette année ses 30 ans. Pouvez-vous revenir sur l’histoire de l’édition et de la création de la maison ?

Hervé Chopin: A vrai dire, il y a eu deux créations : l’une en 1994, quand j’ai créé l’entreprise (en parallèle d’une activité indépendante pour d’autres maisons) et l’autre en 2004, la plus officielle, quand Isabelle m’a rejoint et qu’on s’est lancé à 100%.

Isabelle Chopin : En 2004, nous avons lancé notre première collection « Images d’Antan » qui compte aujourd’hui 150 titres, avec quatre à cinq nouveautés par an. Le principe est de mettre en valeur les villes et régions de France et du monde à travers des cartes postales anciennes. On retrouve également des thématiques transversales, autour de la montagne, des agriculteurs, mais aussi de la mer avec Olivier de Kersauson ou le Tour de France avec Jacques Chancel. C’est une collection assez magique, qui s’adresse à tout le monde et qui ne se démode jamais.

« Nous aimons trouver des concepts un peu innovants »

Quelles sont les autres collections qui mettent en valeur l’illustré ?

CH : Nous disposons d’une collection autour des monuments historiques, les DRAC de différentes régions. Par ailleurs, au-delà du fait que les paysages ont changé, nous avons récemment ressuscité une collection « Vu du ciel » car notre rapport à l’image et à la photographie aérienne a également changé avec l’arrivée des drones.

CI : Nous aimons trouver des concepts un peu innovants autour du régionalisme, de l’art, de la culture et du patrimoine. En 2020, nous avons lancé la collection « Instantanés » ; des livres illustrés de photos de villes ou de régions, sélectionnées sur Instagram. En effet, de nombreuses photos circulent sur les réseaux et c’est là que les gens qui aiment leur région postent les choses les plus étonnantes. Chaque livre contient en moyenne 250 photos et est le résultat d’un travail de recherche approfondi. Le rendu fonctionne très bien et Instantanés marseillais s’est vendu à plus de 10 000 exemplaires. Le dernier livre publié dans cette collection est Paris instantanés publié en mai dernier, avant les Jeux Olympiques.

Vous êtes le « premier éditeur de beaux livres aux Antilles ». Quels sont vos liens avec l’archipel ?

CH : Ma sœur est photographe-graphiste et installée en Martinique dans les années 1990. Les premiers livres que nous avons publiés, entre 1994 et 2004, y ont été publiés. Nous y avons pris une place de plus en plus importante et continuons à travailler avec les communautés et acteurs locaux. Récemment, le gouvernement béninois nous a demandé de publier le catalogue de l’exposition « Révélation ! Art Contemporain du Bénin » qui a été présenté en Martinique l’année dernière et qui se tient désormais à la Conciergerie de Paris, du 4 octobre au 5 janvier 2025.

Littérature depuis 2010

En 2010, la maison prend un tout autre tournant avec l’introduction d’une collection littéraire.

CI : La littérature était une sorte de fantaisie. Au début, nous voulions être cohérents en publiant le roman historique avec la série Les Borgia.

CH : La saga est sortie six mois avant la série télévisée à succès de Canal+. Résultat : le premier titre s’est vendu à 13 000 exemplaires et le second à 9 000.

CI : En 2012, nous avons publié le journaliste portugais José Rodrigues dos Santos que nous avions découvert un an plus tôt à Francfort. Son livre, La formule de Dieuétait un véritable best-seller. Il nous a propulsés et ce fut une année très intense. Chaque titre de José se vend toujours très bien, entre 20 000 et 40 000 exemplaires.

CH : Comme beaucoup d’auteurs, José nous est fidèle. Nous avons choisi de ne pas publier plus de dix titres par an en littérature, ce qui nous permet d’entretenir nos relations avec chacun d’entre eux. Et nous continuons de suivre des auteurs dont les ventes sont encore timides car nous sommes convaincus que leur talent finira par être reconnu. Et c’est un luxe ! Nous n’avons jamais travaillé dans de grands groupes d’édition, nous avons donc inventé notre manière de travailler. C’est parfois un peu idéaliste, mais ça marche toujours 30 ans après !

Au fil du temps, vous vous êtes un peu éloigné de la ligne éditoriale initiale. Comment définiriez-vous celle qui se déroule aujourd’hui ?

CI : En réalité, avec José, nous avions plutôt affaire à un thriller historico-scientifique. Chaque rencontre qui a suivi nous a amené à faire des détours tout en flirtant avec l’imaginaire, le blanc. Mais nous avons quand même plongé dans le genre du thriller avec des auteurs comme Paul Colisé, Christian Carayon ou Michel Moatti. Chaque titre que nous publions est pour nous un best-seller potentiel ! Finalement, il faut être un peu joueur.

CH : Là encore, nous avons le luxe de fonctionner de manière impulsive. Nous avons la chance que 90% de nos grands formats soient disponibles en format pocket, beaucoup chez Pocket pour nos synergies avec Interforum, mais aussi chez Point, Folio, J’ai Lu ou 10/18.

Que peut-on attendre des Éditions Hervé Chopin pour l’année 2025 ?

CH : En littérature, nous souhaitons poursuivre le sillon creusé tout en continuant à maîtriser notre production. Concernant l’illustré, nous allons développer de nouvelles collections, mais il est un peu tôt pour en parler. Nous avons aussi des œuvres qui sont un peu hors collection. L’année prochaine sera celle du peintre Paul Cézanne, père de la modernité. Pour l’occasion, nous avons un projet passionnant autour du Château Noir, près d’Aix-en-Provence. Un lieu à l’aura mystique qui continue d’attirer de grands artistes et penseurs.

Les éditions Hervé Chopin en chiffres

Les éditions Hervé Chopin rassemblent un catalogue de 400 titres dont 40 % d’auteurs étrangers traduits. Aujourd’hui, les ventes de la maison sont majoritairement en littérature (65%) contre des beaux livres illustrés (35%), le tout générant un chiffre d’affaires de 1,897 million d’euros en 2024. Hervé Chopin, garant de la distribution, de la diffusion et du développement commercial, met un point d’honneur à fabriquer localement, avec 90 % des ouvrages imprimés en France et 10 % dans l’Union européenne. Il fait équipe avec sept autres collaborateurs, dont son épouse Isabelle Chopinresponsable de la partie éditoriale, épaulé par deux rédacteurs à plein temps. Les éditions Hervé Chopin, distribuées par Interforum depuis 2010, sont parues en 2023 au numéro 74e place de classement Livres hebdomadaires éditeurs indépendants de France.

 
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