“Lee Miller”, à voir en salles à partir du 9 octobre 2024, est présenté aux Etats-Unis comme le meilleur film de la carrière de Kate Winslet. L’actrice, qui sera présente le 7 octobre au Festival du Film de Zurich où elle recevra un prix pour l’ensemble de sa carrière, nous parle de son travail pour porter à l’écran la vie de cette admirable femme devenue photographe pendant la Seconde Guerre mondiale. .
Pourquoi vous êtes-vous battu pour réaliser ce film dont vous êtes également le producteur ?
Lee Miller est une femme extraordinaire dont l’histoire mérite d’être connue. Elle est souvent présentée comme un top model mais cela ne représente qu’une courte période de sa vie. Le plus important pour moi était de retracer sa vie lorsqu’elle a commencé à travailler pour le magazine « Vogue » puis a été envoyée au front comme reporter où elle a photographié l’horreur de la Seconde Guerre mondiale. C’est une période de sa vie qui en dit long sur sa personnalité. Nous nous sommes concentrés sur les dix années qui nous ont précédés d’avant-guerre, c’est-à-dire de sa vie insouciante sous le magnifique soleil du sud de la France avec tous ses amis artistes, jusqu’à l’obscurité du camp de concentration de Dachau.
Comment résumez-vous sa vie avant la guerre ?
On la retrouve juste avant la Seconde Guerre mondiale dans une vie presque idéale avec ses proches, incarnés par Marion Cotillard, Alexander Skarsgård et Noémie Merlant. Tout ce groupe d’amis vit avec un sentiment de liberté, de bonheur et de beauté, mais ils sont certainement inconscients des horreurs de ce qui se passait littéralement au coin de la rue, avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler.
Ce film est dans vos projets depuis des années. Qu’avez-vous découvert en le préparant et qui vous a donné envie de le produire également ?
Lee représente la femme courageuse, forte et déterminée, bref moderne, alors que nous parlons d’une personne qui a réussi sa carrière il y a quatre-vingts ans. A cette époque, l’image de la féminité était représentée par la douceur et la maternité. Il est important que les femmes de ma génération et plus jeunes connaissent Lee Miller. Lorsqu’elle a déménagé à Londres, Lee a hardiment demandé un emploi de photographe chez Vogue mais n’a pas obtenu l’emploi immédiatement. Elle a commencé à photographier des femmes britanniques pendant le Blitz, lorsque l’armée de l’air allemande menait des campagnes de bombardements stratégiques, principalement à Londres entre 1940 et 1941, pour tenter de décourager les Anglais de participer à l’effort de guerre.
Pourquoi décide-t-elle d’aller au front ?
Lee était un chercheur de vérité. Et elle disait la vérité. C’est pourquoi elle a voulu dénoncer les horreurs de la guerre et dire la vérité sur les atrocités du régime nazi. Son style de photographie change complètement lorsqu’elle part en guerre et devient un véritable travail de reportage. Je pense que c’est à ce moment-là que Lee s’est vraiment imposée. Elle a trouvé la confiance nécessaire pour prendre ces photos, qui étaient incroyablement difficiles à prendre car elle faisait face à la mort.
Avez-vous pris des libertés avec la réalité historique ?
Oui, nous avons rendu cette histoire plus adaptée à l’écran en incluant une conversation que Lee a avec un jeune homme sur ce qui lui est arrivé. Cela nous permet de relier l’histoire et d’établir des liens entre les étapes de sa vie. C’est l’histoire d’une femme et d’un être humain, avec un cœur et une âme. Et comment ce qu’elle a vécu l’a affectée… Une femme qui savait ce que les femmes voulaient entendre. Lee a su incarner cette féminité mais aussi cette puissance. Elle était irrésistiblement fidèle à elle-même et il y a quelque chose d’incroyablement puissant là-dedans.
