C’est l’été 82 à Rochefort et cette année-là, il fait très beau et très chaud, comme presque partout en France qui est frappée par des températures records. Comme plusieurs fois par semaine, Sandrine et Fabrice viennent passer la journée à la piscine municipale Jean-Langet, toujours au même endroit dans le quartier du Petit-Marseille, pour profiter de la piscine extérieure et de la pelouse où les familles étalent leurs serviettes et leurs pique-niques. Ils ont à peine 13 ans, ils sont venus sans leurs parents, comme si à cette époque, les adultes étaient moins anxieux qu’aujourd’hui et laissaient leurs petits grandir dans une grande liberté. Pour la petite histoire qui les amuse toujours autant quand ils y repensent, cet été-là, les deux enfants marchaient à deux et portaient le même prénom que leur copain et leur copine. « J’étais avec une Sandrine, lui était avec un Fabrice. Comme il était grand, il a commencé à flirter avec ma copine, qui était plus grande que moi. Et moi, avec l’autre Fabrice, le plus petit. Mais cela n’a pas duré longtemps. On s’est vite rapproché », se souvient aujourd’hui Sandrine.
“Nos parents ont enfin compris qu’on se voyait et que c’était sérieux”
A 13 ans, évidemment on ne sait pas encore grand chose de la vie, mais cela ne se contrôle pas, les deux enfants qu’ils sont tombent amoureux. A partir de ce jour, en pleine vacances d’été, ils se prirent par la main et ne se quittèrent plus. « On se retrouvait à la piscine, au cinéma, à la fête foraine. Il me rejoignait à la messe pour me voir même s’il n’était jamais croyant, ou les jours de matchs de foot parce que mon père était arbitre… Il venait me chercher au collège. Parfois nous prenions un taxi avec notre argent de poche pour nous retrouver et perdre le moins de temps possible. Nos parents ont enfin compris qu’on se voyait et que c’était sérieux. Oui, nous étions très jeunes mais nous n’étions pas inconscients», raconte Sandrine, aujourd’hui professeur au lycée.
Jeune et responsable
En les écoutant dans leur beau jardin d’Échillais, à l’ombre des citronniers, ils étaient faits pour s’entendre. Et quand d’autres passent toute leur vie à courir après l’âme sœur, ils l’ont trouvée à 13 ans. Parce qu’on la trouve très très jeune, assez folle, pas classique, peut-être même un peu bizarre, on tourne en rond autour de la précocité de leur idylle, les problèmes que cela a pu poser, l’approbation ou non de leurs parents. Ils ne se souviennent d’aucun obstacle à leur amour de jeunesse. « Nous avons toujours été responsables. Nous n’avons jamais rien fait. Mais c’est vrai, on a tout fait très tôt et on est vite devenus indépendants », reconnaît Fabrice.
« On a tout fait très tôt et on a été très vite indépendants »