La Fashion Week de Paris en mode rétro

La Fashion Week de Paris en mode rétro
La Fashion Week de Paris en mode rétro

Duel sur les podiums ! Pour présenter leurs collections 2025, Chloé et Saint Laurent ressuscitent la rivalité entre deux monstres sacrés de la couture. Un clin d’œil à la première saison de « Devenir Karl Lagerfeld », la série à succès sortie cet été sur Disney+, adaptée de la biographie du Kaiser de Raphaëlle Bacqué (éd. Albin Michel).

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A l’époque, en 1972, sans domicile permanent mais plein d’ambition, Lagerfeld, 38 ans, rêvait de devenir numéro 1 et de surpasser Yves Saint Laurent, qui régnait alors presque sans contestation sur la mode. Une séquence et une esthétique qui ont inspiré la directrice artistique Chemena Kamali pour son deuxième opus chez Chloé.

La maison parisienne a même placé au premier rang sa nouvelle amie Jeanne Damas, qui incarne le personnage de Paloma Picasso dans le célèbre biopic : « L’incroyable force de Chemena, c’est de garder les codes avec une collection résolument pensée pour les femmes et leurs envies de aujourd’hui. Comme Karl en son temps, observe-t-elle. Cela faisait du bien de voir de la douceur et de la fraîcheur, un intermède poétique. J’adore cette ambiance des années 70. Chemena ne suit pas les tendances. Elle reste fidèle à ses inspirations et à ses goûts. C’est ce qui rend la collection unique. »

La nostalgie était également entretenue par Anthony Vaccarello chez Saint Laurent. Portant de grosses lunettes de soleil, des costumes avec vestes épaulée et cravates, les mannequins, à commencer par Bella Hadid, étaient habillés en Saint Laurent lui-même pour un défilé… sur la rive gauche. Pourrait-il en être autrement ?

« Un été à la française »

La mode, la nouvelle machine à voyager dans le temps ? Épaulettes à gogo, robes rouges et noires : Olivier Rousteing chez Balmain célèbre les stars des années 80. Une rétromanie également assumée par Hedi Slimane pour Céline. Dans un court métrage inspiré du roman « La chamade » de Françoise Sagan, sa muse cette saison, intitulé « Un été à la française » et tourné au château de Compiègne, le directeur artistique dresse le portrait de la jeunesse dorée des années 60 sous des lustres en cristal.

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Ses héroïnes arpentent les allées des jardins avec des bandeaux sur la tête et arborent des tailleurs à jupes plissées, des twin-sets brodés et des minijupes trapèze. Chez Rabanne, nous avons rendu hommage à une autre fan des années soixante lors de la grand-messe de la mode. En l’occurrence, une robe en or et diamants, la plus chère du monde à l’époque, créée par le couturier Paco Rabanne pour Françoise Hardy en 1968.

Les amazones techno et streetwear chez Dior

Julien Dossena, directeur artistique de la marque depuis onze ans, a redonné vie à cette silhouette en créant, Arthus Bertrand, un sac en or 18 carats… Le It bag le plus précieux de la semaine ! Loin du charme pop des sixties, Maria Grazia Chiuri et ses amazones techno et streetwear frappent fort avec une incursion dans les années 2000. La veste Bar se marie bien avec des pantalons style jogging et des maillots de sport. Les baskets jouent les cuissardes et le jersey apparaît comme la nouvelle matière noble. Des références qui semblent bien loin du patrimoine Dior.

Et pourtant, dès 1962, Marc Bohan, directeur artistique de l’avenue Montaigne, insuffle aux collections des pièces au look sportif. Avec son ballet hollywoodien créé par David LaChapelle, Christian Louboutin, pour présenter sa Miss Z, une nouvelle chaussure antidérapante à semelle rouge, a choisi une esthétique on ne peut plus années 50.

Un spectacle inspiré d’Esther Williams

Pour ce show hors du commun, « Paris is loubouting », la piscine Molitor a accueilli l’équipe de France olympique de natation artistique : « Esther Williams m’a beaucoup inspiré pour ce show », explique la créatrice de chaussures. Grande actrice, nageuse et performeuse, elle a une histoire incroyable. Elle a été particulièrement célébrée dans « The Mermaid Ball », film de référence du glamour hollywoodien des années 1940, pour ses couleurs, sa chorégraphie façon Busby Berkeley, tout dans l’eau. »

Ce côté « œil dans le rétro » masquerait-il « zéro inspiration » ? Pas du tout, à en juger par la créativité démesurée de Jonathan Anderson chez Loewe, qui fait défiler, au château de Vincennes, des princesses modernes vêtues de robes à crinolines avec des chaussures bateau ou des baskets on ne peut plus cool. On revoit définitivement nos cours d’histoire de la mode aux premiers rangs. Valentino inaugure également l’ère Alessandro Michele, convoquant Martin Heidegger et Théophile Gautier dans un décor fantomatique de miroirs brisés et de fauteuils de palais recouverts d’organza, sur une musique du XVIIe siècle arrangée par le jeune musicien Gustave Rudman.

Dans son « Pavillon des Folies », on perd la notion du temps, comme dans le conte cruel de Yorgos Lanthimos. Entre paillettes, dentelles et turbans, les silhouettes sont chargées de références allant des années 60 aux années 80, trois décennies que Michele adore. Une nouvelle écriture pour Valentino. Son créateur, qui depuis ses années Gucci a redonné son capital à l’esthétique vintage, le résume ainsi : « Mes robes sont volontairement démodées. C’est précisément ce qui est contemporain. » A Paris, ville d’histoire et d’esprit, le passé est devenu le summum de la modernité.

 
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