La chorégraphe Carolyn Carlson se voit écrire de la poésie « même à 100 ans ! » »

La chorégraphe Carolyn Carlson se voit écrire de la poésie « même à 100 ans ! » »
La chorégraphe Carolyn Carlson se voit écrire de la poésie « même à 100 ans ! » »

« Je pourrais écrire de la poésie, même à 10 ans ! » raconte la chorégraphe Carolyn Carlson, 81 ans, qui avec ses danseurs, « part de la poésie » pour « rechercher le mouvement ». Au programme : des soirées dansées dans les musées parisiens, et bientôt un recueil de poèmes. A la frontière entre ces deux univers, la Franco-Américaine, qui a joué un rôle majeur dans l’émergence de la danse contemporaine en Europe et définit son art comme une « poésie visuelle », déclamera ses textes lundi devant Les Nymphéas à l’Opéra. Orangerie.

Dans un spectacle auquel participeront également deux artistes de sa compagnie, un comédien et un violoncelliste, poésie et danse s’entremêleront lors d’une performance faisant la part belle à l’improvisation devant les tableaux de Claude Monet.

« Ces tableaux sont extraordinaires ! Ce que j’aime, c’est que Monet travaille avec la nature”, s’exclame l’artiste, certaines des pièces qu’elle a chorégraphiées ces dernières années “s’inspirent de thèmes écologiques”.

«Je suis terrifiée par le changement climatique», confie-t-elle. Pour ces « événements poétiques », elle a choisi vingt de ses poèmes qui parlent « de nature et d’humanité ».

Avec une centaine de pièces et ballets à son actif, dont certains devenus cultes comme Blue Lady ou Signes, Carolyn Carlson, à la tête d’une compagnie qui compte aujourd’hui 12 danseurs et une vingtaine d’artistes collaborateurs, n’a jamais arrêté, depuis cinq décennies , pour repenser la danse, en s’affranchissant du carcan classique.

En juin prochain, dans la nef du musée d’Orsay, est programmée une visite de son répertoire, dans un registre éclectique : improvisations poétiques des danseurs de sa compagnie avec musique live, solo inspiré des arts martiaux, duo créé au son de Des hurleurs finlandais, ou un solo spécialement conçu pour le danseur étoile de l’Opéra de Paris, Hugo Marchand.

Envisage-t-elle d’arrêter ? “C’est ma vie!” » rétorque-t-elle. « J’ai la volonté de travailler parce que je sais que je peux toucher les gens. Ce que nous créons avec mes danseurs donne une sorte d’espoir, de lumière, une âme. Je suis reconnaissant. »

Avec la pièce L’Arbre, réflexion poétique sur la nature et l’humanité – reprise en tournée à Reims puis à Paris en octobre – « les gens me disent : ‘Merci de m’avoir donné des émotions’ », ajoute-t-elle.

“Visionnaire”

Le chorégraphe ne danse plus mais pratique la méditation et les arts martiaux – Qi gong, Tai Chi – « parce qu’ils ont à voir avec la nature, la symbolique de la montagne, du tigre, des pierres, de la terre ». Cette femme blonde, qui ressemble à Pierrot, ne « se considère pas comme bouddhiste » mais « suit cette voie depuis les années 1960 ». Carolyn Carlson, quant à elle, continue de s’exprimer à travers la calligraphie et l’écriture, mettant actuellement la touche finale à son septième recueil de poésie, prévu pour 2025 (Actes Sud).

« Nous avons besoin de poésie aujourd’hui. C’est quelque chose d’ouvert, qui donne le signe qu’il faut écouter », assure-t-elle. « Je pourrais écrire de la poésie, même à 100 ans ! » » ajoute ce grand admirateur du philosophe Gaston Bachelard, notamment parce que ce dernier, « brillant et plein d’esprit », s’intéressait aussi à ce genre littéraire.

« Avec mes danseurs, on part de la poésie et, à travers elle, on recherche le mouvement », dit-elle.

La danse « vient de l’intérieur, de quelque chose de profond », souligne celle qui, née en Californie, a d’abord étudié la danse classique à San Francisco et à l’Université de l’Utah, puis en est sortie libre après avoir rencontré son « maître », Alwin Nikolais, un grand novateur. scénographe aux créations pleines de lumières et de couleurs.

Elle se souvient de ses débuts à l’Opéra de Paris dans les années 1970, où le directeur de l’époque Rolf Liebermann l’engageait comme « chorégraphe star » puis comme directrice du « groupe de recherche théâtrale » de l’institution et où elle bouscule les conventions.

« Quand nous avons commencé, les gens se demandaient : « Qu’est-ce que c’est ? » Ce n’était pas facile. Pour une partie du public, bravos, pour une autre, huées. J’ai introduit l’improvisation aux Français. Je ne le savais pas mais c’était une révolution. Rolf Liebermann croyait en moi, c’était un visionnaire. »

Karine PERRET/AFP

« Je pourrais écrire de la poésie, même à 10 ans ! » raconte la chorégraphe Carolyn Carlson, 81 ans, qui avec ses danseurs, « part de la poésie » pour « rechercher le mouvement ». Au programme : des soirées dansées dans les musées parisiens, et bientôt un recueil de poèmes. A la frontière entre ces deux mondes, le Franco-Américain, qui a joué…

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Happy Danica, une sixième victoire parisienne
NEXT Kyt Kat une affaire de famille