Le 16 novembre 2019, le corps sans vie d’Elisa Pilarski, une jeune femme de 29 ans, était retrouvé dans une forêt de l’Aisne, à Saint-Pierre d’Aigle. Son corps est couvert de morsures canines. Elle promenait Curtisle pitbull de son compagnon, Christophe Ellul.
Cette dernière remet en cause d’autres chiens, ceux du « Rallye La Passion » présents aujourd’hui lors d’une chasse à courre pour la Saint-Hubert, la fête des chasseurs. Me Guillaume Demarcq, avocat du maître d’équipage, revient en Voix du crime sur un moment improbable : celui où un avocat s’est présenté à la télévision comme l’avocat de son chien Curtis.
Afin de déterminer les responsables du décès de la jeune femme, des échantillons génétiques ont été prélevés sur les 67 chiens présents au moment du drame. En octobre 2020, une expertise demandée par le juge d’instruction en charge du dossier est rendue publique et conclut à l’implication de Curtis. La piste des chiens de chasse est écartée par les deux vétérinaires.
Un chien ne peut pas avoir d’avocat. C’est aussi simple que cela.
Maître Guillaume Demarcq
Quelques jours plus tard, Me Eric Alligné, qui défend les propos de Christophe Ellul, compagnon d’Elisa Pilarski, se présente sur le plateau de BFM-TV comme étant également l’avocat de son chien, Curtis.
Il remet en question les méthodologies utilisées par les experts et décrit, selon lui, comment les événements se sont déroulés. Il annonce également demander un deuxième avis et informations complémentaires sur ces analyses vétérinaires «C’était un grand moment de justice (…). C’est un peu surprenant car nous n’entrerons pas dans les détails, mais un chien ne peut pas avoir d’avocat. C’est aussi simple que ça. explique Me Guillaume Demarcq.
Fin janvier 2020, ce dernier a bénéficié avec son client, Sébastien van den Berghe, président de « Rallye la Passion » du statut de témoin assisté par le juge d’instruction en charge du dossier. C’est à ce moment-là qu’il a choisi d’interroger le magistrat.
Non seulement il n’est pas l’avocat du chien, (…) mais ce monsieur n’est même jamais venu consulter le dossier au greffe.
Le juge d’instruction, selon Maître Guillaume Demarcq
“Sur un ton plaisantant, j’ai dit au juge d’instruction : ‘écoutez, je pense qu’il y a une réforme qui a dû m’échapper, mais on voit maintenant que les chiens peuvent avoir des avocats'”, raconte Me Guillaume Demarcq (…) Et elle a dit à moi : ‘(…) non seulement ce n’est pas l’avocat du chienon ne sait pas comment cela pourrait être, mais ce monsieur n’est même jamais venu consulter le dossier au greffe.’»
Le discours du conseil de Christophe Ellul est très critiqué. Son camp refuse d’admettre l’implication de Curtis dans le drame, mais l’identité du coupable ne laisse aucun doute, il s’agit bien du chien. Un moment inédit qui s’inscrit dans la complexité médiatique de l’affaire qui voit s’opposer deux faces de l’échiquier : les pro et les anti-chasse.
L’intervention de cet avocat n’empêchera pas le parquet de Soissons de demander le 20 août 2024 le non-lieu de son client, Christophe Ellul pour « homicide involontaire » avec circonstances aggravantes. Le pit-bull Curtis stays at the SACPA kennel in Bonrepos-sur-Aussonnelleprès de Toulouse (Haute-Garonne), dans l’attente d’une éventuelle euthanasie.
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