Luc Dionne a trouvé sa « Maman » Boucher

Luc Dionne a trouvé sa « Maman » Boucher
Luc Dionne a trouvé sa « Maman » Boucher

Lorsque nous l’avons rencontré au printemps pour lui parler de sa série sur les procès de Maurice « Mom » Boucher, Luc Dionne ne savait toujours pas quelle place il accorderait au défunt chef des Hells Angels.

La productrice Fabienne Larouche n’a pas souhaité glorifier le personnage. On a même pensé à le voir seulement de dos.

« Mais ce serait comme faire La Guerre des étoiles « Sans montrer Dark Vador », a plaidé son mari et partenaire, Michel Trudeau.

Sans même savoir que Luc Dionne préparait une série sur « Maman » Boucher, l’acteur Vincent Graton lui a envoyé sa nouvelle photo de passeport; la dame de la pharmacie qui l’a prise lui a fait remarquer à quel point il ressemblait à l’ancien chef motard.

Et comment ! La ressemblance était frappante, a noté l’auteur.

Il n’en fallut pas plus pour qu’il lui offre le rôle et change d’avis sur l’importance qu’il allait lui donner dans la série.

« Je me suis dit qu’il ne voudrait jamais parce qu’il ne dirait pratiquement rien », avoue aujourd’hui Luc Dionne.

Au contraire, la proposition a immédiatement séduit Vincent Graton, qu’on voit rarement comme acteur à la télévision.

« Je l’ai pris comme si on me proposait de jouer dans un film de cow-boy. Mon obsession n’était pas de le caricaturer. Je me suis concentré sur son côté à deux visages, où il semble très amical avant de craquer. Je lui ai trouvé une sorte de bipolarité intéressante à explorer », nous a confié l’acteur en marge du tournage d’une scène.

« Je fais ce métier depuis 40 ans, j’ai dit tellement de mots. Si vous me proposez un personnage où je n’ai qu’à écouter, c’est un oui ! Je ne veux pas me comparer à lui, mais en ParrainMarlon Brando ne parle pas beaucoup.

— Vincent Graton

L’acteur s’est alors mis à lire tout ce qui concernait le personnage et à regarder des vidéos sur lui.

« Les détectives qui ont travaillé sur l’affaire m’ont donné de bonnes pistes sur Mom Boucher. »

Bien qu’il parlait peu, l’acteur observait beaucoup pendant les scènes du procès.

« C’est un oiseau de proie, il est prêt à bondir sur n’importe qui. […] La meilleure image est celle de Voldemort Harry Potter. On en parle et c’est une présence dérangeante.

Ce qui est frappant en voyant le casting, c’est qu’il n’y a pratiquement que des hommes autour de France Charbonneau (Magalie Lépine-Blondeau), la véritable héroïne de l’histoire. (Groupe TVA)

Alors que le tournage bat son plein à Montréal, la presse est confiée à l’ancien édifice de TVA, boulevard de Maisonneuve, qui sera bientôt abandonné.

C’est ici qu’ont été recréés les bureaux de la brigade Carcajou, en pleine guerre des motards au milieu des années 90.

L’ensemble de la distribution de la série a été dévoilé, dont les trois principaux : Magalie Lépine-Blondeau, méconnaissable en France Charbonneau, Pier-Luc Funk dans le rôle de l’informateur Stéphane « Godasse » Gagné et Patrice Robitaille dans celui de l’enquêteur Sylvain Provencher.

À leurs côtés, David Savard, Jean-François Nadeau et Karl Farah incarnent les enquêteurs, Christian Bégin, le chef de Carcajou, Pierre-François Legendre, Jean-Philippe Perras et Marie-Evelyne Baribeau incarnent les avocats, tandis que Marc Béland et Normand Canac-Marquis incarnent les juges.

James Hyndman incarnera le redoutable avocat de Maurice Boucher, Richard Brunelle.

« Je n’ai pas pensé au budget quand j’ai choisi les acteurs, j’ai pensé au talent », avoue Julie Perreault, qui doit également diriger son propre fils, Thomas Delorme, dans le rôle d’un trafiquant de drogue et qu’elle avait brièvement dirigé dans STAT.

« Il a auditionné, je ne l’ai pas choisi, c’est Luc Dionne qui l’a fait, je voulais éviter un conflit d’intérêts », a déclaré le réalisateur.

Ce qui est frappant en regardant le casting, c’est qu’il n’y a pratiquement que des hommes autour de France Charbonneau, ce qui souligne encore plus qu’elle est la véritable héroïne de l’histoire.

« Le seul angle intéressant dans cette affaire, c’est l’histoire d’une femme, France Charbonneau. Personne n’a voulu faire appel après le premier procès. C’était la seule qui voulait aller en appel », se souvient Luc Dionne, qui n’aurait pas voulu raconter autre chose.

Julie Perreault, qui avait réalisé des épisodes de STAT mais qui en est à sa première série, dit avoir étudié plusieurs looks pour Magalie Lépine-Blondeau.

Encore une fois, nous n’avons pas voulu verser dans la caricature pour personnifier celle qui deviendra bien plus tard Madame la juge France Charbonneau.

« Il fallait transformer Magalie, le reste devait transparaître dans son jeu. On s’y est pris avec sobriété, on a changé sa coiffure, on a choisi des lignes plus arrondies pour son visage. Visuellement, il fallait quand même proposer une autre suggestion de ce qu’on ressent quand on voit Magalie Lépine-Blondeau. »

Luc Dionne connaît peut-être l’affaire par cœur, ayant suivi de longues sections du procès, mais il devait rendre l’histoire intéressante pour le public.

« Je pense que c’est la chose la plus difficile sur laquelle j’ai jamais eu à écrire dans ma vie », admet l’auteur de District 31 et de Dumasqui ajoute que sa fiction est basée sur des faits bien réels et documentés.

« Il n’y a pas un seul mot inventé dans ce que vous entendrez au tribunal. C’est mot pour mot ce qui a été dit. »

— Luc Dionne

L’ancien député Guy Ouellette, qui a été enquêteur sur Carcajou, agit comme consultant pour assurer la crédibilité de la série.

« Je n’aurais jamais pu faire la série sans Guy Ouellette. Pendant la période où elle s’est déroulée, de 1995 à 2002, Guy était chez moi toutes les semaines. »

Si vous pensez tout savoir sur l’affaire, vous pourriez être surpris en regardant la série. Luc Dionne a ses contacts et dévoilera de nouveaux détails dans la série.

« Stéphane Gagné a été arrêté à 22 heures. Le lendemain matin, à 8 heures, il a décidé de devenir informateur. Que s’est-il passé pendant la nuit ? Personne ne le sait. On l’a su parce que je connais l’enquêteur qui a passé la nuit avec lui. »

Par ailleurs, Gagné a été libéré en février dernier après 25 ans de prison pour le meurtre d’un gardien de prison et une tentative de meurtre d’un agent correctionnel. De son côté, Maurice Boucher est décédé le 10 juillet 2022, alors qu’il poursuivait sa peine de prison.

L’appelune minisérie de six épisodes d’une heure, sera disponible en 2025 sur illico+, la plateforme qui marquera la fusion de Club illico et Vrai et qui sera lancée en octobre.

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